Le Mariage De Figaro V, 3 Du Début à « Qui Redoutent Les Petits Écrits. (Il Se Rassied)»
Compte Rendu : Le Mariage De Figaro V, 3 Du Début à « Qui Redoutent Les Petits Écrits. (Il Se Rassied)». Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoireslatif) qui montre le trouble dans lequel il se trouve.
> Le défi. Puis, au comte, son rival, il lance un défi : non, M. le comte, vous ne l’aurez pas ! La portée de ce défi dépasse le cas particulier de Figaro et rappelle le thème fondamental de cette moralité : la naissance ne vaut pas le talent
> Le passé. Alors, Figaro s’assied sur un banc et rentre en lui-même. Dans cette posture méditative, il fait un retour sur sa vie, son passé, dans un mouvement rétrospectif : Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ?
> L’exaltation. Au souvenir de ses déboires et notamment d’un emprisonnement arbitraire, Figaro se lève, lance un trait de satire contre l’autorité politique puis se rassied.
B. Figaro, un héros picaresque
Figaro, dans le récit de son existence, présente tous les traits du « picaro », héros espagnol du roman picaresque (comme Gil Blas, de Lesage): personnage aux origines douteuses, cherchant toujours un expédient pour subsister, servant plusieurs maîtres, faisant plusieurs métiers, en quête d’identité et de reconnaissance sociale. Du reste, tous deux sont espagnols.
Les personnages de théâtre ont rarement un passé. Figaro, lui, plonge dans un passé, dans une mémoire qui en font un personnage de roman égaré dans la comédie. Il évoque ses origines obscures fils de je ne sais pas qui, son éducation dissolue volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs, ses études et leur résultat décevant peut à peine me mettre à la main une lancette vétérinaire. Il s’étend sur ses tentatives d’ascension sociale, sur ses ambitions et ses déboires d’auteur : au théâtre, sa comédie
est censurée voilà ma comédie flambée ; un mémoire, un essai économique lui vaut la prison à l’entrée duquel je laissai l’espérance et la liberté.
C. Figaro, un personnage émouvant
Jusque là Figaro s’imposait comme beau parleur et homme d’intrigues plein d’imagination. Ici, il nous touche par son désarroi, sa combativité ; il devient attachant. Figaro souffre. Sa souffrance est fondée sur un double sentiment de trahison et d’humiliation. Figaro se croit trahi par Suzanne et voit une fois de plus s’écrouler l’espoir de trouver une place dans le monde et partout je suis repoussé ! Il souffre aussi de se retrouver dans la position ridicule du cocu me voilà faisant le sot métier de mari. Le fait que le comte lui prenne sa femme a un retentissement social qui va bien au-delà de l’humiliation personnelle ; cela signifie à nouveau la défaite de l’homme humble face au grand seigneur. L’humiliation présente réveille et avive les humiliations passées. Figaro est un homme blessé, faillible et sensible qui éveille une forte sympathie chez le spectateur.
D. Les allusions autobiographiques de Beaumarchais
Beaumarchais avait été emprisonné arbitrairement en 1773. Auteur dramatique, il a dû franchir le barrage de six censeurs successifs pour parvenir à faire jouer le Mariage de Figaro. Beaumarchais n’a été ni vétérinaire, ni banquier de pharaon, mais il a commencé sa carrière en étant horloger, il a servi d’agent secret… le personnage comme son auteur ont des vies passionnantes.
II. Une écriture dynamique
Un monologue marque un temps d’arrêt dans le développement de l’action. Le risque, surtout dans le cas de ce monologue exceptionnellement long, est que l’attention du spectateur se relâche. Beaumarchais résout cette difficulté en conjuguant ampleur et dynamisme.
A. Les gestes animent le discours
Beaumarchais se sert des déplacements, des changements d’attitudes corporelles de Figaro pour ponctuer le monologue, en souligner les principales articulations. Figaro se lève, s’assied à plusieurs reprises et toujours à des moments décisifs (cf didascalies).
B. La vivacité du récit
L’emploi des temps. L’essentiel du passage rétrospectif est raconté au présent ce qui a pour effet d’actualiser des événements lointains, de les donner à voir comme s’ils se déroulaient sous nos yeux : j’apprends, je me jette, je broche, j’écris…
Les raccourcis narratifs. Ils donnent beaucoup de vitesse au récit, enchaînant les actions de façon accélérée. Les phrases inachevées, lourdes de sous-entendus, impriment au début du monologue un rythme brisé, presque incohérent qui traduit l’égarement de Figaro, submergé par la jalousie, la colère. L’énumération noblesse, fortune, un rang, des places accélère le débit tandis que l’ellipse du verbe permet des raccourcis frappants : et moi comme un benêt ; du reste, homme assez ordinaire qui procèdent de cet art de la concentration des effets caractéristique du style de Beaumarchais.
La modalité exclamative. L’abondance des exclamations permet de glisser de l’indignation au défi en passant par le trouble, l’hésitation, la colère et illustrent les différents états par lesquels passe Figaro.
C. Plusieurs interlocuteurs
Le monologue est aussi rendu vivant parce que Figaro s’adresse à plusieurs interlocuteurs qui ne sont présents que dans son esprit. Figaro apostrophe Suzanne : femme… le tien est-il donc de tromper ?…Il interpelle pareillement le comte, et longuement non, monsieur le comte, vous ne l’aurez pas…
D. Les sentences
Figaro a le sens de la formule qui frappe. Différentes sentences émaillent son discours : elles sont centrées autour d’un mot. Grand : grand seigneur/grand génie. Petit : petits hommes/petits écrits. Elles frappent par leur assise rythmique : 2 phrases, presque 2 octosyllabes sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ; parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie.
Ce morceau de bravoure qu’est le monologue de Figaro devient par les procédés qui l’animent un véritable spectacle, qui a aussi une fonction satirique.
III. Une satire du pouvoir et de la censure
A. La satire sociale
La pittoresque évocation de la vie de Figaro est un prétexte à une critique virulente de la société inégalitaire de l’Ancien régime et de l’arbitraire qui le caractérise. Figaro critique l’injustice de l’organisation sociale dont la hiérarchie ne repose pas sur le mérite individuel. Le roturier doit compenser le hasard de sa naissance humble par des efforts et des mérites considérables : il m’a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister. Et il n’est même pas assuré de les voir récompensés par une place conforme à son talent : j’apprends la chimie, la pharmacie, la chirurgie…(…) peut à peine me mettre à la main une lancette vétérinaire. Figaro met en parallèle le comte vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus à lui-même par le biais d’une conjonction adversative tandis que moi morbleu. Il décrit le comte comme un homme assez ordinaire et raconte ensuite sa vie qui est extraordinaire. Audacieuses revendications qui rejoignent celles des philosophes des Lumières.
B. Critique de la censure
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