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Le Sophiste

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araître avoir raison en toute circonstance (buts par ailleurs immoraux). Aristote a ensuite fondé la science de la logique, visant à classer les différentes formes de raisonnement (ou syllogismes) en faisant le tri entre ceux qui sont cohérents et ceux qui font simplement semblant de l'être, en particulier dans le traité intitulé Réfutations sophistiques[2].

Acception actuelle du terme

Aujourd'hui, le mot « sophiste » qualifie de manière péjorative celui qui profite des ambiguïtés du langage pour produire des raisonnements ou des arguments apparemment solides, c'est-à-dire prenant l'apparence de la rigueur démonstrative, mais contenant en réalité un vice ou une perversion volontaire visant à manipuler ou à tromper l'auditeur.

La première sophistique

Point de vue sociologique

Les Grecs faisaient la différence entre la sophrôsuné (sagesse-mesure/modération) et la sophia (sagesse-savoir). Parmi ceux qui s'intéressaient à cette dernière, il y eut d'abord les sophoi (sages, en particulier les Sept sages), puis les philosophoi (chercheurs de sophia, philosophes - voir Pythagore). Entre les deux se situent les sophistai (spécialistes de sophia, les premiers emplois du mot portent surtout sur un savoir technique, par ex. la musique). Sans pour autant former une école en soi, les membres de ce groupe avaient en commun plusieurs idées nouvelles. Au cours du Ve siècle av. J.-C., un certain nombre de sophistes, issus pour la plupart de cités périphériques ou de petite taille, parcourent la Grèce pour donner des leçons de sophia. Ces leçons sont payantes et même très chères, mais les sophistes promettent à leurs élèves (le plus souvent, de jeunes aristocrates) une rapide réussite. Au contraire du sophos ou du philosophos, qui tendent à transformer leurs disciples en sophoi et philosophoi à leur tour, les sophistes ne veulent pas former des sophistai, mais, concrètement, des gens aptes à réfléchir, à prendre des décisions, à argumenter et à gouverner. Ils détournèrent leur attention des sciences et de la philosophie pour la porter sur des études plus pratiques, principalement la rhétorique, la politique et la loi, compétences dont avaient besoin les jeunes Grecs afin d’assurer leur succès. Une partie de leur idéal éducatif survit encore dans la notion moderne de « sophistication ».[réf. nécessaire] Ils encourageaient aussi une certaine connaissance des arts et métiers. Ils suscitent un grand engouement, mais aussi des réactions de la part de ceux qui estiment qu'ils sont des révolutionnaires. On ne possède presque rien de leurs œuvres, sans doute parce que leur enseignement était payant : ils n'avaient pas intérêt à l'offrir librement au public.

Les grands sophistes les plus célèbres furent Protagoras, expert en droit, Gorgias, maître de la rhétorique, Prodicos, l'un des premiers à étudier le langage et la grammaire, Antiphon (un des rares sophistes Athéniens) et Hippias d'Élis, une véritable encyclopédie vivante qui prétendait tout savoir. Il y en eut bien d'autres, dont certains charlatans, qui pouvaient porter l'éristique à un état dérisoire. Pour eux, la finalité se limitait à la victoire des arguments face à l'adversaire. Par exemple, Thrasymaque prétendait que par nature, le faible n'a aucun droit sur le fort. À cause de joutes oratoires, Aristote a qualifié d’agonistique cette pratique de la parole. Mais en dépit de cet aspect douteux, c’est entre autres à travers la critique socratique des arguments des sophistes que s’est constituée la méthodologie philosophique, sans oublier leur contribution aux progrès des sciences grammaticales et linguistiques.

Prodicos fit évoluer l’analyse du langage par son approche des différentes significations des mots. Sa contribution la plus significative se trouve dans sa méfiance de l'utilisation polysémique du verbe qui le pousse à établir un usage de mots ayant un sens précis dans lequel chaque expression doit faire référence à une seule et même chose.

Point de vue de l'histoire des idées

Bien qu'on connaisse mal le détail des idées professées par les sophistes, il y avait certainement de grandes différences de l'un à l'autre. Cependant, ils semblent tous s'être intéressés aux domaines suivants :

l'analyse rationnelle des situations, des caractères, des lieux, des événements ;

l'étude non spéculative (comme celle des anciens physiciens d'Ionie), mais pragmatique de tous les domaines qui puissent être connus. En d'autres termes, face à un phénomène donné, la pensée traditionnelle faisait appel à la mythologie, les physiciens à une théorie sur la constitution du monde, tandis que les sophistes en faisaient une étude phénoménologique et posaient les questions : À quoi cela peut-il me servir ? Comment pourrais-je le maîtriser ? D'une certaine manière, les sophistes sont les ancêtres de la pensée techno-scientifique[réf. souhaitée].

l'analyse du langage, non pour lui-même, mais en tant que moyen de persuasion, c'est-à-dire la rhétorique ;

usage synonymique des mots, dans un sens strict, en vertu duquel chaque nom doit se référer à un seul et unique objet.

La curiosité sans limites des sophistes et leur pragmatisme font qu'ils ont souvent été jusqu'à remettre en cause l'existence des dieux. Des œuvres de Protagoras auraient été détruites par autodafé[réf. nécessaire][3],[4].

D'après Michel Onfray, l'historiographie de la philosophie a discrédité et méprisé ce courant philosophique[5]. Par ailleurs, la recherche récente a tendance à remettre en cause l'existence de ce courant en tant que tel. Le seul véritable point commun de ceux que nous appelons « les sophistes » serait leur prétention à détenir la « science » (sophia) et à pouvoir la transmettre à quiconque paye pour écouter leurs leçons, tandis que, sur tout le reste, leurs positions sont très diverses et souvent opposées. Ce seraient leurs adversaires (et rivaux dans la recherche d'élèves), ceux qui se disent « philosophes » (litt. « ceux qui cherchent la science », sans prétendre la posséder déjà), c'est-à-dire les disciples de Socrate, Démocrite, Isocrate, etc., qui auraient procédé à cet amalgame. Les caractéristiques communes énumérées ci-dessus seraient en réalité communes à la majeure partie des intellectuels grecs de l'époque.

La seconde sophistique

C'est le polygraphe Philostrate d'Athènes qui, au début du IIIe siècle ap. J.-C., dans ses Vies des sophistes, a inventé l'expression de « seconde sophistique ». Plutôt qu'une définition chronologique, il s'agissait en fait d'une définition logique (seconde parce qu'il en existe déjà un autre type). Mais, comme les sophistes évoqués par Philostrate sont tous du IIe siècle, les historiens modernes de la rhétorique ont tendance à la cantonner à cette période.

Le sophiste de la seconde sophistique est d'abord un professeur de [hétorique qui a pour élèves des adolescents. Outre ses leçons, il compose des manuels techniques, des recueils de sujets à traiter, avec ou sans correction, des modèles de discours.

Le sophiste a aussi un rôle de porte-parole de sa cité : il compose et prononce des discours lors des grandes occasions (visite d'un grand personnage, en particulier de l'empereur, fête solennelle, ambassade auprès de l'empereur ou auprès d'une autre cité, remerciement à un bienfaiteur, éloges...). Il peut aussi jouer le rôle de conseiller auprès de sa cité en composant des discours qui prônent telle ou telle politique, telle réforme, qui dénoncent tel défaut.

Enfin, en partie à titre publicitaire (pour conquérir des élèves), le sophiste se déplace souvent pour donner des échantillons de son art en des séances publiques dans d'autres villes que celles qu'il habite. Le sommet de carrière auquel peut prétendre un sophiste est d'être remarqué par l'empereur, auprès duquel il pourra jouer les mêmes rôles qu'auprès d'une cité : éloges et conseils, mais il vaut mieux éviter les reproches. Cependant, les sophistes ont étudié et développé les divers moyens de faire entendre des remarques peu flatteuses sans fâcher l'auditeur.

Troisième sophistique

Certains historiens de la rhétorique parlent encore d'une « troisième

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