Le Théâtre Nô.

ô étant principalement poétique et ne demandant à la musique qu'un rythme et des timbres pour le soutenir.

Le mot « nô » vient d'un verbe signifiant « pouvoir », « être puissant » ou « être capable de » ; d'où, employé comme nom, le sens de « pouvoir », « faculté » ou encore « talent ».

Le terme « nô » a, très tot, été employé pour désigner le talent des artistes, danseurs ou exécutants, ce dont ils étaient capables puis il a effectué un glissement de sens pour prendre celui de la pièce elle-même.

III) Les différentes catégories de nô

A) Les cinq catégories de nô

Il existe cinq catégories de pièces qui correspondent aux cinq nô qui sont joués en une journée. Les pièces sont choisies en fonction d'un principe de l'esthétique japonaise récurrent, le jo ha kyû (début développement fin). Entre chaque catégories de nô,une pièce comique a lieu ; cette pièce est appellée « kyôgen ». Les différents nô permettent au spectateur de parcourir toute la palette des émotions en une journée. C'est le rythme de chaque pièce qui fixe sa place dans la progression du jo ha kyû. Les nô doivent s'accorder à la tonalité de la raison qui se déroule lorsqu'ils sont joués.

Une représentation de nô en 2006

1) Le jo (le début)

Le waki-nô est la première pièce présentée en l'honneur des dieux. Le personnage principal est un dieu qui prépare le spectateur à entrer dans le monde du théâtre.

2) Le ha (le développement)

Le ha se compose de trois pièces. En effet, deux nô de fantômes sont présentés (un nô de guerriers et un nô de femmes) avant la représentation d'un nô du monde réel qui fait intervenir des persnnages qui ont perdu la raison.

3) Le kyû (la fin)

Le kyû présente un nô de démon au rythme très soutenu.

B) Le nô fantôme

Le nô fantôme présente une passion. Il transporte le spectateur dans le temps ; ce qui est présenté sur scène est ce que le waki est le seul à voir. L'épisode est raconté trois fois de manières différentes. Les nô de fantôme proposent une image incertaine dans un mirroir d'eau troublé par les remous des profondeurs de l'individu. Il s'agit du type de nô le plus original car il isole un personnage et le réduit à sa passion. C'est le lieu de rencontre des vivants et des morts, un lieu poétique où l'homme revit ses passions. Le nô fantôme se déroule en deux parties séparées par un interlude.

1) La première partie

Durant la première partie, le personnage secondaire entre et découvre le lieu mystérieux dans lequel il vient d'arriver. Entre ensuite le personnage principal puis le fantôme. Le personnage principal interroge alors le fantôme qui lui avoue qui il est avant de disparaître.

2) L'interlude

Un personnage comique intervient et raconte l'histoire du fantôme de façon humoristique puis sors de la scène.

3) La deuxième partie

Le personnage principal chante une chanson et le fantôme apparaît pour lui raconter l'histoire de sa mort. Le mouvement s'accélère puis s'interrompt brusquement avec la mort du fantôme. Des allusions verbales, des gestes et une danse retracent, à rebours la chronologie des faits, une version des événements que l'on connait déjà.

C) Le nô des dieux et des démons

En japonnais, on parle de « kami » pour décrire des divinités antérieures aux bouddhisme. Ces divinités apparaissent à des messagers de l'empereur sous les traits d'un vieil homme ou d'une vieille femme. Il révèlent leur identité puis disparaissent. Dans ces nô, de nombreuses paroles de bonne augure sont lancées. Quand le dieu ou le démon revient, il intérprète une dans et prédit la prospérité du royaume. Les récits contés dans les nô de dieux et de démons sont issus des drames liturgiques.

Les « ryujin » sont des dragons considérés comme des dieux des mers au Japon. Il ne sont pas présenté comme les autres dieux qui portent des masque mais ont un visage proche de celui des démons. Ils apparaissent dans des légendes qui se déroulent dans des lieux maléphiques. Les dragons ont commis des faits démoniaques mais leur condition de démon n'est pas irrémédiable. Dans le nô, un waki doit évoquer le dragon et l'exorciser.

D) Le nô du monde réel

Il existe un nombre important de nô du monde réel. Les acteurs incarnent des vivants qui agissent dans notre espace temps. Ces pièces sont différentes par leur structure et par leur variété ; elle ne présente pas qu'un seul personnage. Le shite apparaît toujours à visage découvert et les délirants sont des personnages qui sous l'emprise d'une passion ont perdu la raison. Ces nô sont parfois inspirés d'épopées et de guerres entre différents clans.

IV) La représentation

Autrefois, les représentations de nô avaient lieu en plein air, dans des temples ou dans des monastères. De nos jours, de petites salles appartenant à de grandes écoles de théâtre sont destinés à des représentations.

A) La scène

La scène constitue un ensemble architectural caractéristique du nô. Elle est surélevée à environ un mètre su sol et est composée de deux parties :

-le plateau (+ un espace pour les musiciens et le chœur).

-la passerelle appelée « hashigakari » de longueur variable.

Plan de la scène traditionnelle de nô

1 : Pièce au miroir 2 : Hashigakari, la passerelle 3 : Plateau 4-7 : Quatre piliers 8 : Emplacement du chœur 9 : Musiciens 10 : Souffleur 11 : Kyogen-za 12 : Escalier 13 : Cailloux 14-16 : Pins 17 : Coulisses 18 : Entrée principale 19 : Entrée du chœur et du souffleur 20 : Pin peint |

Au bout de la passerelle, un rideau a rayure verticale cache l'accès aux coulisses. Une balustrade longe la passerelle et des piliers servent de repères aux acteurs et danseurs qui voient très peu à cause de leurs masques.

Le chœur est visible sur scène ainsi que les musiciens et des serviteurs de scène.

La scène est entourée de cailloux et des pins sont plantés tout au long de la passerelle. En fond de scène, un pin est peint et d'énormes jarres sont disposés sous le plateau, elles servent de caisses de résonance lors des mouvements des acteurs.

Les spectateurs sont placés en face de la scène et devant la passerelle où l'action se déroule également.

B) L'entrée en scène

<= Représentation schématique de la place des acteurs et musiciens sur une scène de nô

La première personne a entrer sur scène est le joueur de flute puis viennent ensuite les joueurs de tambours par la passerelle. La musique est très rythmée, elle est propice à l'ambiance de la pièce en question. L'orchestre prépare l'entre des acteurs, soutient le chant du chœur et de l'acteur. Le chœur entre par une petite porte située au fond du plateau. Il ne participe pas à l'action et est composé de 4, 8 ou 12 chanteurs assis de façon immobile. Il relai parfois l'acteur lorsque celui-ci a un long récit à conter. Les musiciens et le chœur sont visibles sur scène.

Les acteurs entrent ensuite en passant par la passerelle.

C) Les acteurs

L'action est centrée autour d'un seul personnage : le shite. Il danse, chante et a le rôle le plus complexe. Il évolue sur toute la scène.

<= Shite, personnage principal du nô, ici en costume de divinité féminine en 2010

Le waki (« celui du côté ») est un personnage secondaire. C'est un moine vêtu de couleurs sans éclat. Il entre le premier en scène et décrit l'endroit avant de s'asseoir au pied du pilier qui lui est destiné.

Des suivants accompagnent les acteurs. Ils n'ont pas d'existence dramatique propre.

Un acteur joue un personnage comique, le kyogen qui est très souvent méprisé.

D) Les costumes et les masques

Le nô nécessite des costumes de soies dont les écoles possèdent de grandes collections parfois très anciennes. Il n'y a aucun soucis de réalisme dans les tenues vestimentaires. Pour toutes les pièces, les costumes sont toujours les même : ils sont propres à un type de personnage, à un âge et à une origine sociale. Les costumes donnent une allure pyramidale au personnage.

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