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Phedre

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"indignation").

8. C'est en fait la dimension romanesque et galante de la tragédie française du XVIIme siècle qui a conduit Racine, à la suite de plusieurs de ses prédécesseurs, à transformer en amoureux le sauvage Hippolyte des modèles antiques. Il dissimule son obéissance aux codes de la tragédie française en la faisant passer pour un respect envers les critères aristotéliciens de la tragédie (le héros doit commettre une faute), suivant en cela Corneille, qui dans son Discours de la tragédie avait estimé que Rodrigue et Chimène "ne sont malheureux qu'autant qu'ils sont passionnés l'un pour l'autre. Ils tombent dans l'infélicité par cette faiblesse humaine dont nous sommes capables comme eux" (Corneille, Oeuvres complètes, G. Couton éd., vol. III, Pléiade, 1987, p. 146).

9. Virgile, Énéide, livre VII, v. 761-769.

10. Voir en particulier les Tableaux de Philostrate, dont la traduction par Blaise de Vigenère parut en 1615.

11. Plutarque, "Vie de Thésée", dans Les Vies des hommes illustres, Pléiade, 1951, vol. I.

12. Contrairement à ce que dit Racine (et à ce qu'il fera dire à Thésée au v. 958), ce n'est pas la femme, mais la fille du roi que, selon Plutarque (éd. cit., p. 31), Pirithoüs voulait enlever. Ce roi des Molosses présentait la particularité d'habiter l'Épire où l'Achéron, le fleuve des enfers, prenait sa source; de s'appeler Aïdonée, qui était l'un des noms d'Hadès (ou Pluton), dieu des enfers; d'avoir surnommé sa femme ainsi que sa fille Proserpine, comme s'appelait la femme d'Hadès; et enfin d'avoir appelé son chien Cerbère. Probablement ce jeu d'équivalences est-il de l'invention des historiens grecs, soucieux de rationaliser le mythe de Thésée: l'épisode de la descente aux enfers s'accordait mal avec la volonté de présenter Thésée comme un personnage historique. Pour l'évocation mythique de la descente aux enfers, voir les v. 383-388 et la n. 1 de la p. 54.

13. Légende rapportée par Diogène Laërce (Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, livre II, chap. V).

14. Cette longue défense des qualités morales de la pièce et l'insistance sur le but moral du genre de la tragédie s'inscrivent dans le cadre de la "querelle de la moralité du théâtre" qui remonte aux Pères de l'Église et a connu une grande virulence au XVIIme siècle (tout particulièrement entre 1664 et 1669, au moment de la bataille de Tartuffe), les courants rigoristes de l'Église et les jansénistes reprochant au théâtre d'"empoisonner les âmes". Racine avait déjà pris parti dans cette querelle en publiant en 1666 une Lettre à l'auteur des Hérésies imaginaires et des deux Visionnaires (à savoir le janséniste Pierre Nicole) où il défendait l'innocence du divertissement théâtral (Racine, Oeuvres complètes, Pléiade, vol. II, 1952, p. 11-31). On voit que dix ans plus tard, conviction ou opportunisme, il exprime l'opinion convenue que le théâtre doit non seulement divertir mais instruire.

Acte I

1. L'isthme de Corinthe, qui unit la presqu'île du Péloponnèse au reste de la Grèce, sépare la mer Ionienne et la mer Égée. Pour suggérer que l'enquête de Théramène l'a conduit, sur toutes les côtes grecques baignées par ces deux mers, Racine nous fait suivre le voyage de son personnage selon un arc de cercle qui part du nord-ouest de la Grèce (l'Épire, où le fleuve Achéron passait pour donner sur les enfers), descend la côte ouest du Péloponnèse (l'Élide) jusqu'à la pointe sud (le promontoire du Ténare, qui était aussi une entrée des enfers), et va jusqu'à la partie la plus orientale de la mer Égée (la mer Icarienne qui borde l'Asie Mineure).

2. Les frasques amoureuses de Thésée étaient aussi célèbres que ses exploits guerriers (voir plus loin les v. 74-94). L'ironie tient ici au fait que, si la disparition de Thésée est bien le résultat d'une équipée amoureuse, le héros s'est contenté d'accompagner son ami Pirithoüs (voir III, 5, v. 957-970).

3. Le projet que Racine prête ici à Hippolyte rappelle le voyage de Télémaque, fils d'Ulysse, qui quitta Ithaque pour rechercher son père et pour fuir son palais livré aux débauches des prétendants de sa mère Pénélope (voir Homère, Odyssée, chants II-iv).

4. Var. d'Athènes, de la cour 1677

d'Athènes et de la cour 1687

L'ultime correction de 1697 élimine l'"s" à la finale d'Athènes pour conformer l'orthographe à la prononciation. La leçon de 1687 présentait le défaut d'inviter les récitants à faire la liaison avec le mot suivant ("et"), empêchant ainsi l'élision du "e" muet dans Athènes, et conduisant ainsi à un vers de 13 syllabes.

5. Chagrin: humeur chagrine (cf. chagriner, v. 38).

6. Minos: fils de Zeus et d'Europe, il fut roi de Crète et devint après sa mort l'un des trois juges des enfers. Sa femme, Pasiphaé, fille du Soleil, lui donna un fils, Androgée, et plusieurs filles, dont Ariane et Phèdre (voir l'arbre généalogique, p. 154). Pour punir Minos d'avoir oublié de lui sacrifier un taureau blanc qu'il lui avait envoyé, le dieu Poséidon inspira à Pasiphaé une furieuse passion pour ce taureau: de leur union contre nature naquit le Minotaure (que tua Thésée; cf. le v. 82). Ce vers fameux, loin d'avoir "le mérite suprême de ne signifier absolument rien", comme le dit un personnage ridicule de Proust, est au contraire la plus parfaite illustration poétique du déchirement qui caractérise le personnage de Phèdre dans la pièce.

7. Var. quel péril 1677

8. Les Pallantides étaient les fils de Pallas (ou Pallante), frère d'Égée. S'étant longtemps considérés comme les héritiers de celui-ci, Pallas et ses fils attaquèrent Athènes lorsqu'ils apprirent qu'Égée venait de reconnaître Thésée pour son fils; un certain nombre d'entre eux tendirent une embuscade à Thésée et ils furent tous exterminés. Plutarque précise qu'Égée était seulement le fils adoptif de Pandion, père de Pallas. Racine suivra cette version en faisant reconnaître par Hippolyte que, Thésée mort, Aricie est l'héritière légitime du trône (II, 2, v. 494-497).

9. Superbe: fier, hautain (cf. v. 67 "fier": farouche).

10. Hippolyte est le fils d'Antiope (quelquefois elle-même nommée Hippolyte), reine des Amazones (cf. p. 58, n. 11). Sur ses relations avec Thésée, les légendes divergent (voir Plutarque, "Vie de Thésée", éd. cit., I, p. 25-28).

11. Alcide est le premier nom d'Hercule. Retenu par amour auprès d'Omphale (cf. le v. 122), il avait cessé de purger la terre de monstres et de brigands (voir v. 80): Thésée prend alors sa suite. Pour plus de détails sur cette série d'exploits, voir les Métamorphoses d'Ovide (livre VII, v. 433-444), ainsi que la "Vie de Thésée" de Plutarque (éd. cit., I, p. 7-10; p. 12-17 pour l'épisode du Minotaure).

12. Pour les exploits amoureux de Thésée, voir encore Plutarque (ibid., p. 28-31). L'enlèvement d'Hélène par Thésée joue un rôle très important dans la tragédie précédente de Racine, Iphigénie, le personnage d'Ériphile y étant présenté comme le fruit secret de cette union. Quant à Péribée, elle épousa ensuite Télamon, roi de Salamine, et donna naissance à Ajax, héros de L'Iliade et de la tragédie de Sophocle qui porte son nom.

13. Ce vers fait référence aux plaintes d'Ariane écrites par les deux plus grands poètes élégiaques latins, Catulle (pièce LXIV) et Ovide (Héroïdes, X, lettre d'Ariane à Thésée).

14. Ravir à la mémoire: soustraire à la mémoire des hommes.

15. Le texte de l'éd. de 1697 porte: "les yeux", ce qui est manifestement une erreur d'impression; nous rétablissons donc l'adjectif possessif qui figurait dans les éditions précédentes. De même au vers 118, le même texte porte inexplicablement "ennemi" au masculin: nous rétablissons le féminin, suivant la leçon des éditions précédentes.

16. Hercule, s'étant fait l'esclave de la reine de Lydie, Omphale, acceptait de porter des robes de femme et de filer la laine à ses pieds.

17. On lit dans l'Hippolyte de Gabriel Gilbert (v. 552-555):

Dites-moi, seriez-vous du nombre des vivants,

Auriez-vous de lauriers la tête couronnée,

Si la belle Antiope eût fui l'hyménée?

Pouvez-vous l'honorer et ne l'imiter pas?

18. Neptune (nom latin de Poséidon), dieu de la mer et des cours d'eaux, était aussi surnommé "le maître des chevaux".

19. Toutes les éditions publiées du vivant de Racine donnent ici la forme archaïque s'assit.

20. C'est dans cette

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