Comment penser la relation qu’entretient l’homme avec la nature, avec la technique ? Le travail est-il un moyen d’émancipation ?
Cours : Comment penser la relation qu’entretient l’homme avec la nature, avec la technique ? Le travail est-il un moyen d’émancipation ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Gogotsu • 23 Avril 2018 • Cours • 1 456 Mots (6 Pages) • 2 971 Vues
Introduction
Dans la Genèse, la nécessité du travail est une conséquence de la désobéissance d’Adam. D’emblée, le travail semble être quelque chose de pénible. Ce qui est pénible dans le travail c’est l’effort. Il sembler, en effet, avoir une tendance naturelle chez l’homme à l’oisiveté. Le travail apparaît souvent comme une contrainte extérieure. Tout cela vient du fait que la nature ne produit pas spontanément tout ce qui est nécessaire pour l’homme, notamment qu’il y a une croissance démographique. Il est donc nécessaire à l’homme de travailler. Pourtant, cette vision du travail qui s’imposerait à l’homme seulement de l’extérieur est partielle. En effet, l’homme est un être de culture. Il doit ainsi se former pour se réaliser. Le travail n’est-il pas en ce sens un moyen pour l’homme de s’émanciper de la nature (ne pas subir les aléas). Nous poussons les enfants à travailler. On peut dégager trois sens au mot travail :
- Une activité réclamant attention et effort
- Une activité rémunérée
- Une activité produisant des objets.
La relation qu’entretient l’homme au travail est une relation complexe. Elle est faite d’aliénation et de liberté, de contraintes et d’épanouissement. Dans la mesure où le travail semble être le lieu d’une émancipation face à la nature mais aussi sa façon de réaliser la nature qui est la sienne. Comment penser la relation qu’entretient l’homme avec la nature, avec la technique ? Le travail est-il un moyen d’émancipation ?
- La technique comme maître de la nature ?
- Le sens de la technè chez les Grecs
Les Grecs voient dans la technique une ruse permettant de combler les insuffisances de sa condition originelle. Dans le Protagoras, Platon nous montre que l’homme oublié par Épiméthée fut sauvé par Prométhée. Il vole le feu et la connaissance des techniques aux dieux, ce qui rend la survie des hommes possible. D’où l’idée que la technique est à l’homme ce que l’instinct est à l’animal. Ce mythe manifeste une ruse de la nature même. Elle requiert la technique pour advenir à elle-même. La technique respectera donc la finalité donnée par la nature. Le médecin en réparant le malade restaure la fin vers laquelle sa nature est orienté, c’est-à-dire la santé.
Cette conception inscrit d’emblée le progrès technique dans certaines limites définies par la nature des choses. La technique est une imitation de la nature. En son principe, la technique n’est donc nullement contre nature. En cultivant la terre, l’homme ne lui fait pas violence. Il exerce un droit naturel à condition que cette activité puisse s’exercer dans une certaine loi.
- L’homme doit-il se rendre maître et possesseur de la nature ?
Avec l’avènement de science galiléo-cartésienne, la nature n’est plus finalisée. Elle n’obéit plus qu’à des lois purement mécaniques. Elle est dépourvue de finalité et en ce sens ne peut plus être un objet de respect. Ainsi, se prête-t-elle à l’action transformatrice de l’homme. Il peut utiliser ses mécanismes, ses énergies, pour leur faire produire de fins pleinement humaines. Pour Descartes, le dressage apparaît comme modèle de la domination technique. Il s’agit de détourner un processus naturel afin de l’amener à des fins humaines.
D’Aristote à Descartes, on passe d’une physique de contemplation à une physique de l’action, d’ingénieur. La physique a pour faculté l’utilité. Le problème qui se pose est que l’homme peut garder la directive du développement de la technique dès lors que celle-ci n’obéissent plus à une finalité clairement lisible dans la nature. L’homme ne s’est-il pas émanciper grâce à la technique de l’emprise qu’exerçait sur lui la nature pour finalement devenir esclave d’une technique dont il ne contrôlerait plus le développement.
- Un apprentissage technologique de la nature
Avec la technique moderne, la nature n’est plus vue comme ce qui est à accueillir mais comme ce qui est à réquisitionner : la nature est sommée. Elle ne recherche plus le télos (la technique). Il s’agit d’asservir la nature. Ce qui transforme le regard humain lequel ne voit plus les choses en tant qu’elles sont utilisables, réservables, cumulables. Il y a une différence entre l’exploitation et l’utilisation d’une chose et dans ce processus, petit à petit, l’homme n’est plus le maître mais devient l’instrument. La technique se présente maintenant comme un système d’exploitation de la planète : l’homme devient fonction. L’homme moderne accumule pour accumuler, il stocke pour stocker, il produit pour produire. La technique en arrive à dénaturer l’homme humaine, à susciter en lui des besoins factices. Cette technique lui permet d’accroître sa puissance mais en lui rendant toujours plus dépendant.
- Le travail nous libère-t-il ?
- Le travail comme facteur d’émancipation
Dans la dialectique du maître et de l’esclave, la question est de savoir comment l’homme peut garder son humanité sans être libre, c’est-à-dire autre chose qu’un animal dominé par la peur de la mort. Pour prouver à l’autre que je suis libre, il faut nécessairement passer par une lutte entre deux consciences. L’une de ces deux consciences va devenir celle du maître, l’autre va devenir l’esclave parce qu’il aura préférer l’asservissement plutôt que de perdre la vie. En bravant la mort, la conscience du maître a prouvé sa liberté. Si l’esclave est esclave, c’est d’abord parce qu’il est esclave de la mort. Il reste prisonnier d’un instinct de préservation comme l’animal. Ceci instaure un rapport d’exploitation : le maître va désormais vivre du travail de l’esclave et rester oisif. Il se contente de jouir de ce que lui apporte l’esclave. Mais du coup, lui qui est censément libre ne parvient plus à être véritablement autonome. La liberté qu’il a acquise est purement négative et ne l’élève plus au-dessus de l’animal. En effet, comme l’animal, le maître ne prépare jamais ce qu’il consomme. L’oisiveté du maître devient une impasse parce qu’il ne parvient plus à donner corps à sa liberté. L’esclave, quant à lui, par son travail, va se libérer de son esclavage. Finalement, il va devenir le maître du maître.
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