Corrigé dissertation d'histoire sur l'industrialisation aux Etats Unis 1860-1918

INDUSTRIALISATION ET SOCIÉTÉ AUX ÉTATS-UNIS,

DE 1860 AU LENDEMAIN DE LA PREMIÈRE GUERRE

MONDIALE :

PROPOSITION DE CORRIGÉ

Introduction

Accroches possibles :

. Citation de Samuel Colt (maintes fois utilisée dans les copies !) : « Il n’existe rien qui ne

puisse être produit par des machines » : formule datant des années 1840, alors que Colt

a ouvert une usine d’armes dans le Connecticut dès 1836 => conviction que le

machinisme, et donc l’industrie, pourront imprimer leur marque dans l’ensemble de

l’activité économique et donc constituer des éléments fondamentaux de la civilisation

américaine

. Émergence du transcendantalisme dans l’Amérique proto-industrielle des années 1830-

1850 : face à l’émergence du matérialisme, volonté de retour à la pureté des origines, à

la communion entre l’homme et la nature, comme chez Ralph Emerson (Nature, 1836)

ou Henry David Thoreau (Walden or Life in the Woods, 1854)

Présenter le sujet en définissant ses principaux termes, notamment celui d’industrialisation, en tant

que processus, c’est-à-dire d’un développement de l’industrie dans un territoire donné et donc d’un

accroissement de la rentabilité des moyens de production et d’échange, liée davantage aux progrès

techniques et scientifiques. L’industrialisation a nécessairement des répercussions sur les sociétés

humaines : nouvelles hiérarchies sociales, disparité croissante des revenus, urbanisation,

spécialisation professionnelle et salarisation… Constater par des données chiffrées l’emprise

croissante de l’industrie dans l’activité économique américaine, mais aussi dans la population active.

Mettre également en évidence les rythmes de l’industrialisation et les systèmes techniques successifs

(1e révolution industrielle = fer, charbon, vapeur => secteurs textile, sidérurgique, chemin de fer… ; 2e

révolution industrielle) = acier, pétrole, électricité => constructions électriques, chimie, automobile…)

Pbmatique : de la veille de la guerre civile à la fin de la Grande Guerre, dans quelle mesure le

processus de développement de l’industrie aux États-Unis a-t-il participé à la transformation de la

société américaine ? Par ailleurs, quelles ont été les attitudes des Américains face à ce phénomène,

entre rejet et fascination, ou, en d’autres termes, quels regards la société industrielle naissante a-t-

elle portés sur elle-même ?

I. L’entrée des États-Unis dans l’âge industriel provoque une forte

recomposition de la société

a. L’industrialisation au service de la société ?

- La railroad mania à partir de la moitié du XIXe siècle est un puissant instrument

des vagues migratoires, mais aussi de l’expansion industrielle à l’Ouest.

L’industrie ferroviaire permet des déplacements humains et des transports de

marchandises beaucoup plus rapides. Plus largement, l’industrialisation peut

rendre plus facile et plus confortable la vie des Américains grâce aux multiples

innovations qu’elle véhicule (télécommunications, électricité, puis, à la fin de la

période, appareils électroménagers, automobile) => elle est à l’origine des

débuts d’une société de consommation, fondée sur l’achat de biens industriels

durables. Ce consumérisme est indissociable d’une forte augmentation du

pouvoir d’achat, sensible durant la période (cf. logique fordiste d’associer

production de masse et consommation de masse : « 5 $ a day »)

- L’industrialisation peut également profiter à une société en guerre, comme celle

de l’Union pendant la Guerre civile (production massive d’armes, mais aussi

d’uniformes, d’aliments pour les soldats ; utilisation du train ; emploi de

nouvelles armes…), ou de l’ensemble de la société américaine pendant la Grande

Guerre.

- Les sociétés rurales tirent également profit de l’industrialisation (rôle du chemin

de fer dans la commercialisation des produits, emploi de machines agricoles

comme la moissonneuse McCormick…), ce qui tendrait à montrer que ce

phénomène envahit l’ensemble du champ social, y compris la culture

(industrialisation de la presse) et les arts, comme en littérature : Rebecca

Harding Davis, Life in the Iron Mills, 1861 ; le cinéma comme art industriel ou

encore l’architecture et l’emploi de matériaux industriels dans la construction

des premiers gratte-ciel (transition avec b.)

b. L’industrialisation génère l’urbanisation de la société américaine

- Les deux phénomènes sont concomitants et se nourrissent l’un de l’autre ; cas

particulier des villes minières (SF), développement des villes sidérurgiques ou

milltowns (Pittsburgh, Cleveland), puis automobile (Detroit), cas de Chicago, ville

industrielle par excellence (sidérurgie, train, abattoirs)

- La formation en ville d’une classe ouvrière, un groupe social en très forte

augmentation numérique (un peu plus d’un million au début de la période, près

de 20 à la fin), diversification des statuts et des métiers en fonction des rythmes

de l’industrialisation : de l’ouvrier artisan au prolétaire, du cordonnier au

mécanicien.

- L’industrialisation à l’origine de la société multiculturelle américaine, puisqu’elle

attire les immigrants par les meilleurs salaires qu’elle offre => vagues migratoires

en provenance d’Europe du NW, puis du Sud et de l’Est => les 2/3 des ouvriers

sont ainsi des immigrants au tournant du siècle

- Développement d’autres catégories sociales urbaines, comme les classes

moyennes salariées : employés, cadres, techniciens, dont l’essor s’explique par la

constitution de grosses entreprises, autrement dit d’un Big Business. Ainsi,

l’industrialisation construit de nouveaux acteurs sociaux, au détriment de figures

sociales plus anciennes (transition avec c.)

c. L’industrialisation sonne le glas d’une certaine société américaine

- L’industrialisation de l’Ouest a fait de nombreuses victimes, à commencer par les

Indiens : la destruction des sociétés amérindiennes est intimement liée à la fièvre

industrialiste (découverte de mines de métaux précieux, construction des

chemins de fer transcontinentaux) : l’Indien doit d’adapter à la civilisation

industrielle américaine, ou bien disparaître (cf. le « vanishing