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De l’abstraction à la figuration

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ns mis en œuvre que par le pittoresque de la narration. Dans ce premier degré, les peintres rendent clairement lisible (ou visible) le pittoresque, l’insolite ou même l’atmosphère d’une scène scène, sans en développer particulièrement la dimension picturale ou plastique.

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Au-delà de cette peinture de genre, un autre type de figuration se charge d’une fonction plus ambitieuse : celle de la narration historique, mythologique, allégorique ou religieuse. Souvent, ce type d’œuvre a été qualifié de « grande peinture ». Nous retrouvons dans cette famille des artistes comme Bruegel, Rubens, Le Titien, Poussin, Raphaël, David, etc. Dans cet art, tout détail est signifiant. Chaque élément renvoie à un concept important pour la compréhension du sujet traité et, sans aller jusqu’à affirmer que le sujet est un prétexte à la peinture, la dimension purement picturale est, du moins chez les « plus grands », équivalente à la charge narrative. Nous voyons donc que, même en figuration, il faut faire attention quand nous disons que nous « comprenons » une œuvre. Le réalisme, le naturalisme représentent une tendance constante dans l’histoire. Ce goût pour le réalisme pictural (ou sculptural) relève d’avantage d’une sensibilité ou d’un statut social que d’un style ou d’un genre esthétique. Nous retrouvons là les frères Le Nain, Courbet ou Daumier. Relèvent aussi d’une fonction figurative pure les œuvres de peintres comme Velázquez, Rubens, Rembrandt ou Goya. Ils ont exprimé l’humanité et les profondeurs de la psychologie par des portraits dont la présence équivaut sur la toile, à travers une « écriture » qui exclut tout artifice, à celle d’un être réel. Souvent, le public, sans forcément aimer, est sensible, il croit « comprendre » parce qu’il identifie clairement les éléments figuratifs ; pourrait-on dire que, par facilité, il reste en surface de l’histoire ?

Portrait d’Oswolt Krel (panneau central du triptyque du même nom) Albrech Dürer – 1499 – huile sur bois

Le Vendeur d’eau de Séville Diego Velázquez – vers 1622 – huile sur toile

Albrecht Dürer, par exemple, a donné dans ses portraits une dimension très esthétique à la présence humaine, qualité qui n’est vraiment sensible que lorsque l’on se trouve devant l’original. Dans ce portrait, l’expression à la fois dramatique et intériorisée touche à un paroxysme par l’expression inquiète du visage, par l’intensité expressive de la couleur (le rouge du fond), par le graphisme nerveux des feuillages dans ce paysage qui est la seule échappée laissée au regard. On ne peut s’empêcher de s’interroger sur les raisons de la tension du personnage. Nous sommes donc dans la recherche d’histoire ! Chez Velázquez, l’art de rendre la présence la plus intense possible, présence des objets dans la lumière, présence humaine et matérialité de la peinture, est sûrement une des plus hautes fonctions de la figuration. Entre les lignes d’une restitution en apparence

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« textuelle » de certaines scènes très simples de la réalité, se manifestent, comme dans Le Vendeur d’eau de Séville, une poésie et un mystère ne dépendant pas du seul métier du peintre. Holbein (Les Ambassadeurs, par exemple) et Dürer ont poussé la figuration au paroxysme dans le moindre des éléments de leurs œuvres par une intensité expressive dont la force vient du dépouillement du style, frôlant « avant l’heure » une intention qui confine à l’expressionnisme. En marge de cette peinture faisant parler des éléments du réel, du visible, et qui retrouve l’essence des choses à travers les apparences, d’autres courants et d’autres sensibilités sont à l’origine des mouvements de la figuration pure, telle la figuration poétique (Watteau), la figuration visionnaire (Blake), la symbolique (Redon), la littéraire, la romantique…

Pèlerinage à l'île de Cythère Jean-Antoine Watteau 1917 – huile sur toile

The Temptation and Fall of Eve William Blake 1808 - Illustration to Milton's "Paradise Lost."

L’expressionnisme, l’hyperréalisme, la nouvelle figuration et le surréalisme sont les quatre courants picturaux du XX° siècle les plus nettement démarqués de l’ »esprit abstrait ». 1-2) L’art des « primitifs »

Pour comprendre l’évolution de l’art, au sens large du terme, il faut étudier les époques les plus reculées, comme la préhistoire. Paradoxalement ou non, notre époque manifeste beaucoup d’intérêt pour cette « origine » qui représente les fondements de notre culture humaine. En ces temps anciens, la figuration pouvait avoir une fonction symbolique et rituelle (par exemple, la figuration réaliste du défunt sur les momies du Fayoum) mais on note aussi la présence dans de nombreux témoignages artistiques de motifs abstraits, gestuels (grands tracés digitaux dans l’argile des grottes préhistoriques) ou géométriques (figures appelées « blasons »). Si certains pensent que les traces gestuelles relèvent peut-être de l’aléatoire, la signification des motifs géométriques reste mystérieuse. On pense néanmoins qu’ils relèvent

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d’un processus symbolique et donc d’une fonction mentale supérieure. Les prémices de l’abstraction ? Déjà ?

« Blason plychrome sous la Grande Vache noire dans la nef, grotte de Lascaux, vers 15000 avant J.-C.

La connaissance toujours plus vaste que nous avons des civilisations anciennes, certains disent primitives, nous amène la preuve de l’existence de créations artistiques d’une complexité et d’un raffinement surprenant. Par exemple, dans l’art grec, différents degrés de transposition à partir de la figuration humaine se côtoient ( de l’idéalisation de la grande sculpture attique du VI° siècle avant J.-C. au naturalisme des portraits du Fayoum ou des statuettes de Tanagra).

Tête d’idole en marbre provenant d’Amorgos, art des Cyclades III° millénaire avant J.-C.

Taureau furieux drachme de la cité de Phlionte (Péloponèse)

Giacometti a dit : « Une tête des Cyclades est plus vivante et plus convaincante qu’un buste romain qui se veut un portrait. Faire une tête qui ait vraiment l’apparence de la vie est impossible, et plus vous luttez pour la rendre vivante comme elle est dans la vie, moins elle l’air vivante. » Tout le monde n’est pas d’accord avec cette affirmation. Il faut quand même reconnaître la réussite de cette transposition. De même, en ce qui concerne le bas-relief miniature du drachme (art de la monnaie ou de la médaille), chaque élément de la forme est stylisé jusqu’au signe. On peut avancer deux raisons pratiques à cette stylisation du dessin : - la petite dimension (chaque élément est exagéré dans son dessin ete isolé pour que la forme reste lisible), - l’usure (celle du relief, le sculpteur prévoyant ayant accentué les formes pour qu’elles restent lisibles malgré le temps). L’art musulman, depuis une période postérieure à l’enseignement de Mahomet, s’interdit toute figuration humaine, voire toute représentation du vivant. De ce fait, il est

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devenu un foyer original, riche et imaginatif de l’expression abstraite. Comment ? Des abstraits hors du XX° siècle ? Par exemple, les Gabbeh ne sont pas des tapis au sens conventionnel du terme mais des images tissées où la créativité compte en premier lieu.

Gabbeh Peinture tissée provenant du sud-ouest de l’Iran

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Le Quattrocento

On considère que la période des primitifs, en peinture, s’étend de la fin du Moyen-Age au début de la Renaissance. Paradoxalement, alors que les artistes du Moyen-Age n’ignoraient rien des proportions, de l’anatomie et des moyens d’imitation de la nature, ils jugeaient ces valeurs sans importance. De la période romane à la gothique, l’évolution s’est surtout faite au niveau de l’expression individuelle. En sculpture et très vite en peinture, les artistes ont commencé à prêter des sentiments aux personnages représentés. La sculpture, à cette époque, était le plus souvent polychrome et elle n’était pas, comme la peinture, confrontée à des problèmes d’illusion de la profondeur. A l’époque gothique, en Allemagne, le degré de réalisme de la sculpture est pour aujourd’hui particulièrement saisissant. L’influence byzantine (icône, fresque, mosaïque) se fait sentir dans la peinture italienne. Au Quattrocento, les deux disciplines « mères » de l’art, la peinture et la sculpture, se sont rejointes. Giotto, dans ses peintures, donne l’illusion de la profondeur et du relief, qualités propres à la sculpture en ronde-bosse. L’observation de la lumière et la science du modelé dans les corps, dans les draperies et dans les éléments naturels marquent cet affranchissement des conventions médiévales et de l’individualisation de l’acte de création, ici dans la peinture. Les sujets de cette peinture raffinée, claire, aux couleurs fraîches, à l’expression assez naïve, sont très souvent des supplices, des

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