Deviens ce que tu es
Étude de cas : Deviens ce que tu es. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar GADLU • 16 Août 2022 • Étude de cas • 2 117 Mots (9 Pages) • 599 Vues
Vénérable Maître et vous tous mes Frères en vos grades et qualités.
DEVIENS CE QUE TU ES, SOIT LE MAÎTRE ET LE SCULPTEUR DE TOI
Je rajouterai Vénérable Maître « et ainsi parlait Zarathoustra » selon Friedrich Nietzsche. Autrement dit comment révéler sa véritable personnalité ?
Pindare poète lyrique du 5ème siècle avant Jésus Christ est l’auteur de cette fameuse citation « deviens ce que tu es ». Elle est complétée par une autre partie qui est elle, très explicite : « quand tu l’auras appris ». Les philosophes se sont beaucoup intéressés à la transformation de l’homme. D’Epicure en passant par le fameux « connais toi toi même » de Socrate gravé sur le fronton de Delphes jusqu’à, entre autre, Nietzsche et bien d’autres encore. Il faut laisser sa propre médiocrité pour se transformer jusqu’a devenir un Surhomme selon Zarathoustra. Donc il est sous entendu que l’homme tel qu’il est, est un brouillon de lui même. Il doit donc se dépasser voir se surpasser pour devenir l’homme idéal.
Cependant on peut noter une contradiction. Deviens est un impératif. Cela raisonne comme une injonction, alors que c’est de volonté dont il est question. Nous devons comprendre que l’homme doit se libérer de lui même en faisant appel à sa volonté mais ne peut mener cette tâche, seul, il a besoin d’un impératif. En effet ce que je suis aujourd’hui n’est que la somme de mises en situation d’être et de faire qui m’a formé. Au risque de déformer mon image qui risque de se figer. Ne serai-je que le brouillon de moi même ?
Je me suis rendu compte que changer le monde extérieur n’est pas toujours possible. En revanche j’ai certainement le pouvoir de changer mon monde intérieur. Aldous HUXLEY a écrit « Il n’y a qu’une seule partie de l’univers que nous pouvons changer d’une façon certaine : soi-même ». Devenir le maître et le sculpteur de soi. Pour cela je dois me révolter aux principes établis et distillés à grand frais de moralité et de vulnérabilité dont je suis emprunt. Bien sur les principaux ennemis de mon changement je les trouverai à l’intérieur de moi. Je dois essayer de mettre mon énergie au service de mon devenir et non pas de mes négations et de mes rancœurs. Si je me comporte en homme vivant et libre j’appréhenderai mon devenir différemment du brouillon que je suis. Devenir ce que je suis c’est devenir tout ce que je peux être. C’est découvrir mes talents, mon potentiel bref avoir l’envie de me dépasser pour me construire. Bien sur devenir ce que je peux être ne pourra se faire que progressivement sur le parcours de mon existence. Je suis un être en devenir qui souhaite prendre en main cette partie enfouie en moi. Mais comment faire ? Comment explorer cet univers inconnu ?
Je dois entreprendre une recherche dans les profondeurs de mon intériorité pour trouver l’essence de mon être. Par l’introspection, je pourrais accéder à une certaine connaissance de mon caractère et de mes sentiments. Mais il me paraît difficile, juste en se regardant soi même, d’aller très loin dans cette démarche. L’aide des autres m’est indispensable.
Mon entrée en Franc Maçonnerie n’a pas été immédiatement la révélation que j’en attendais. Comme si demander et recevoir la Lumière allait être un déclencheur instanrané. Bien sur que non et je me suis même demandé parfois ce que je faisais là, ne comprenant rien aux planches et aux échanges des Frères qui semble t’il jonglaient avec tout cela. Oui mais voilà l’homme impatient que j’étais ne me convenais plus. Il fallait que je travaille que j’utilise les outils et les symboles afin me disais-je de dissiper ce brouillard qui m’entoure et m’anime. Apprenti je devais porter un autre regard sur moi-même et accepter de me transformer avec l’aide bienveillante de mes Frères. Le testament philosophique écrit dans le cabinet de réflexion dans les profondeurs de la terre n’a pas eu à l’époque l’impact qui doit en découler. La mort du vieil homme et la renaissance qui s’en suivra ont aujourd’hui pris une place importante dans la compréhension de mon changement. « Je vous le dis : il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. Je vous le dis : vous porter en vous un chaos ». Ainsi parlait encore Zarathoustra. La pratique de la Franc Maçonnerie est un formidable levier pour accéder à cette connaissance. Les rituels, le rite initiatique, tout concours à me faire entrer en moi-même pour y chercher les éléments qui me manquent. Lorsque je me retrouve sur la colonne du nord dans le silence, on s’imprègne petit à petit des symboles, des travaux, de la parole de ses frères. Ce silence est propice à une introspection intense et intérieure. Le fait de ne pouvoir m’exprimer m’oblige à travailler sur moi pour acquérir une discipline, une méthodologie qui va m’accompagner durant toute ma vie maçonnique. Je prends alors conscience de mon ignorance et de la pente à gravir. L’introspection sera une aide précieuse pour dessiner les contours de mon chaos. J’ai pu mettre en avant mes imperfections, ce que j’étais vraiment. Dégrossir sa pierre brute pleine d’aspérités, mal éclairé par une lumière encore vacillante et faire apparaître le cube caché à l’intérieur m’a demandé force et vigueur, constance et détermination. Tout cela prend du temps et une application certaine car maillet et ciseau ne doivent pas abimer cette pierre unique. « Soit le Maitre et le sculpteur de toi ». Grace à la Loge et au second surveillant, je commençais par dessiner l’esquisse progressive de cette future sculpture. La Maitrise en est encore loin et serais-je un jour le complet Maître de moi-même ? J’y reviendrai plus tard dans cette planche.
Mais assez vite apparaîtront les premières satisfactions considérées comme une juste récompense des efforts opiniâtres réalisés. Bien sur c’est mon égo qui était satisfait, mais l’espace libéré par l’élimination des copeaux s’éclairera peu à peu. Le doute s’installait par delà les certitudes. Bien évidemment c’est un changement qui s’opéra dans le temps. Il n’y a pas dans ce genre d’exercice volontaire de limites temporelles à sa progression. L’apprentissage se réalise graduellement sans que parfois j’en ai conscience. L’apprentissage est avant tout une question de résolution et de persévérance. La vie aussi.
Pas d’impatience, je crois que pour aboutir à une autre perception de soi il faut réussir, autant que faire se peut, la conjugaison entre la vie professionnelle, les obligations familiales et les loisirs. La règle à 24 divisions nous enseigne bien l’utilisation de chaque heure du jour. Il ne s’agit pas d’un partage au sens strict, mais de bien utiliser harmonieusement notre corps, notre cœur et notre esprit. Nos responsabilités ne peuvent être fractionnées, hiérarchisées ni exercées les unes au détriment des autres. Elles forment un tout indivisible car « il ne saurait rien exister en dehors du tout » précise le rituel. A partir de ce moment je peux commencer à me construire, à me sculpter avec une maîtrise naissante. S’améliorer soi même c’est vaincre ses passions, dégrossir individuellement sa pierre brute, travailler à son épanouissement au sein d’une fraternité aussi exaltante qu’exigeante. Autant d’objectifs qui peuvent paraître vagues et conceptuels. Ils renferment cependant des richesses multiples qui n’ont de valeur que dans l’expérience toute personnelle de l’initiation. En cela résident peut-être les acquis maçonniques ou peut être se que l’on pourrait appeler un patrimoine maçonnique. Le principal élément constitutif en est certainement les valeurs qui sous-tendent le travail dans le temps sacré. La liste est longue mais je pense à l’écoute, le travail, la connaissance, la vertu, l’esprit critique, la foi dans le progrès de l’homme, la remise en question permanente, le respect des opinions… Ces valeurs heureusement ne sont pas maçonniquement pures, mais partagées au delà de nos colonnes. Cependant elles sont pour moi intrinsèquement liées à la méthode initiatique, à une pédagogie maçonnique.
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