Dissertation, le système technicien
Dissertation : Dissertation, le système technicien. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar ROMBCK • 4 Mars 2018 • Dissertation • 1 441 Mots (6 Pages) • 770 Vues
Sujet :Le système technicien , Jacques ELLUL
Dans un premier temps, qui construit l’introduction de ses propos, Jacques Ellul définit la technique et également la vision de cette dernière, commencement de sa réflexion. Selon lui, la technique serait un système à part entière qu’il faut regardé entièrement pour ne pas commettre d’impaire. Effectivement, chaque élément est au service de l’ensemble tout comme l’ensemble est au service de l’élément en particulier si bien que tout changement de l’un impact l’autre. Néanmoins cette technique ne possède pas toutes les caractéristiques d’un système organisé : il lui manque la capacité de rétroaction. L’auteur nous propose ici d’essayer de construire une « nouvelle éthique » qui serait en accord avec notre société actuelle, ce système technique qui ne cesse d’évolué. Travailler sur un élément en particulier peut parfois mettre en avant des dysfonctionnements ou encore des conséquences qui vont bien au-delà de ce simple élément. C’est par exemple le cas pour certains matériaux comme l’amiante et le plomb. Leurs conséquences néfastes sur l’organisme ont amenés les scientifiques à faire plus de recherches et d’expériences sur les matériaux utilisés dans les lieux de vie et manipuler par les métiers de la construction.
Pour expliquer son choix de s’interroger sur le « système technicien », Ellul part de deux éléments : les définitions successives données par différents sociologues à propos de notre société, et l’usage à cet égard du concept de société industrielle .L’industrialisme repose sur un système centralisé de division du travail, au sein duquel la hiérarchisation distribue tâches et statut à chacun des travailleurs. La croissance est linéaire, fonctionne par reproduction constante. La technique moderne, quant à elle, décentralise, elle redonne de la souplesse, conduit à la suppression de la hiérarchie et de la division du travail Le caractère répétitif de l’industrialisme n’est plus opérationnel dans le système technicien, qui est ouvert et tourné vers l’extérieur. Plus précisément, c’est la façon dont les hommes évoluent dans leurs structures sociales, culturelles, intellectuelles ou historiques qui conditionne le développement du système technicien. Tout est intégré au système technicien, y compris l’homme, qui devient lui-même un objet de ce système en tant qu’il s’inscrit dans cette circulation permanente de relations d’interdépendances. Pour Ellul, le Système technicien est à la fois un modèle théorique, mais aussi un compte-rendu de la réalité. En aucun cas il n’envisage de s’en tenir à une énième théorisation de la nature de la société dans laquelle il évolue.
Contrairement à la technique artisanale qui était une simple médiation entre l’homme et la nature, la technique moderne se présente comme un système autonome et dynamique. C’est que la technique n’est plus un simple moyen ou procédé permettant de transformer la nature. Désormais, c’est elle qui dispose et prédispose les êtres et les choses dans un milieu qu’elle organise selon sa propre dynamique. Toute son activité tend à être planifiée ou recomposée selon les schémas d’organisation rationnelle, législations, administrations, enseignements et même jeux ».La technique n’est plus un simple médiateur entre l’homme et la nature, elle est devenue le nouveau milieu de l’homme. Ce milieu fait de fer, d’asphalte, de verre et de matière plastique est appelé selon les auteurs, "milieu technique", "système technique", "système technicien" ou "civilisation technicienne".
Civilisation technicienne signifie que cette civilisation est construite et régie par la technique, désormais principal critère d’évaluation des actes et des discours. C’est au sein de la civilisation technicienne que va se révéler les aspects aliénants du progrès technique.
Pour répondre à cette question, il faut admettre que la technique est aujourd'hui plus que jamais un facteur essentiel dans l'activité de production par laquelle les hommes s'efforcent de subvenir à leurs besoins et qu'elle tend à leur imposer sa loi de productivité. Quand un moyen s'offre à nous, comment ne serions-nous pas tentés d'y recourir, sans être immédiatement attentifs aux conséquences que cela peut avoir sur nous et sur notre environnement ? On comprend dès lors que se pose la question de savoir s'il ne serait pas sage de nous demander si nous ne ferions pas mieux de nous abstenir d'en faire usage..
La question de savoir s'il est souhaitable de réaliser tout ce qui est techniquement possible conduit à se demander dans quelle mesure et jusqu'à quel point il est bénéfique pour l'homme de laisser la technique réaliser ce qu'il est en son pouvoir de faire. Dans la mesure où la réalisation de tout ce qui est techniquement possible ne s'avèrerait pas bénéfique, il conviendrait de se demander comment et pourquoi elle peut nuire à l'homme et quelle attitude conséquence elle appelle de sa part. Originairement la technique s'attache à combler les déficiences naturelles de l'homme. L'homme est en effet dépourvu de moyens efficaces de se défendre : à la différence de nombreux animaux, l'homme est peu protégé et très mal équipé en armes défensives, et il ne possède aucun savoir-faire inné. Bref, du point de vue physique, l'homme est inférieur à l'animal. Cependant il possède un esprit doué d'imagination. Platon exprime cela dans le Protagoras en reprenant à son compte le mythe de Prométhée. Prométhée dérobe aux dieux l'habileté et le feu et offre ainsi aux hommes les arts utiles à la vie. C'est en réalisant, grâce à ces atouts qui l'élèvent au-dessus de la condition animale, tout ce qui lui est techniquement possible que l'homme a pu survivre : il a dû exploiter cette ressource technologique primaire pour trouver les moyens de survivre, en fabriquant des outils et des armes en éloignant les animaux qui mettaient sa vie en péril.
L'activité technique se définit par l'obtention d'un résultat. En effet, sans ce résultat, la technique perd toute valeur. Pour parvenir au but qu'elle poursuit, la technique ne se soucie pas des moyens qu'elle utilise du moment que ceux-ci sont efficaces. Que l'on songe aux essais nucléaires et à leur effets à long terme sur l'environnement. La bombe atomique a été fabriquée au service de la paix par le moyen de la dissuasion. Elle n'a malheureusement pas servi qu'à cela !
Se pose donc le problème des conséquences des réalisations techniques. Les hommes sont capables de réalisations multiples dans le domaine scientifique, mais est-ce que cela va toujours dans le sens de l'homme ? Les biologistes, par exemple, sont capables de modifier le patrimoine génétique déficient d'un individu. Cela peut être tout à fait bénéfique. Mais est-il admissible qu'ils utilisent leur savoir et leur pouvoir pour cloner des individus, en allant à contre sens de la nature qui assure l'avenir de la vie par la diversification optimale des individualités singulières ? Les ingénieurs sont capables de mettre au point de systèmes informatiques qui libèrent les ouvriers des tâches répétitives. Mais que deviennent ceux d'entre eux dont les postes de travail se trouvent ainsi supprimés ? En réalisant tout ce qui est techniquement possible l'homme n'a pour but que de repousser les limites du possible. Et on comprend qu'il soit tenté de le faire, étant donné qu'il est dans sa nature d'être toujours insatisfait. Mais L'homme en perd peu à peu toute aspiration spirituelle : il ne pense qu'à l'amélioration de ses conditions de vie et donc du monde qui l'entoure sans penser à l'amélioration de son être. Pour preuve il suffit d'évoquer le progrès de l'indifférence religieuse, concomitance de la montée en puissance des techniques .Il est dans la nature de l'homme de vouloir être heureux. Néanmoins, en ayant réalisé une grande partie de ce qui était en son pouvoir de réaliser, l'homme n'est pas devenu plus heureux. Certes il vit mieux sur le plan matériel, mais spirituellement bien souvent il ne cherche plus de réponse aux questions existentielles. L'homme réalise tout ce qui est techniquement possible et cela lui fait oublier de réaliser son désir de savoir le pourquoi de son existence. En poussant la réalisation de la technique au-delà de ce dont il aurait réellement besoin, l'homme perd le spirituel au profit d'une recherche obsessionnelle des biens matériels.
...