Essai fondamental sur les données immédiates de la conscience, Henri Bergson
Commentaire de texte : Essai fondamental sur les données immédiates de la conscience, Henri Bergson. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Esther99 • 4 Novembre 2017 • Commentaire de texte • 1 825 Mots (8 Pages) • 1 123 Vues
Commentaire du texte page 29 :
Essai sur les données immédiates de la conscience, Henri Bergson
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Henri Bergson (1859-1941) est un des plus grands philosophes français de la période contemporaine. Dans son Essai sur les données immédiates de la conscience, publié en 1889, il est question de la différence entre durée et espace. L'avant-propos de cet essai en situe le propos à la frontière entre la métaphysique et la psychologie. La quête qui anime cet essai est la recherche d'un « moi fondamental » tel qu'il apparaîtrait à une « conscience inaltérée ». Dans l'extrait étudié, il est question de la division du « moi » en ce « moi fondamental » et en un « moi réfracté ».
Dans ce texte, Bergson traite de la dualité du « moi » et développe l'idée que chaque état de notre conscience apparaît comme différent selon qu'il soit analysé par notre « moi fondamental » ou par notre « moi réfracté ». Seul le « moi fondamental », sur lequel le « moi réfracté » l'emporte, permettrait d'accéder à la vraie nature des perceptions, des émotions, des sensations et des idées qui parviennent à notre conscience. Mais alors quelles sont les caractéristiques de ce « moi fondamental » et comment y accéder ?
Il semble que le « moi réfracté » l'emporte sur le « moi fondamental ». Or, si seul le « moi fondamental » permet d'accéder à la réalité des choses, alors notre conscience ne perçoit les choses qu'à travers une perception faussée par le poids des exigences sociales et du langage. Notre esprit ne semble alors jamais pouvoir accéder à la vraie nature des choses que nous percevons.
Il s'agira dans un premier temps de voir que la thèse de Bergson expose l'existence de deux formes du « moi », puis nous étudierons la tendance des exigences de la vie sociale à « solidifier » les informations parvenues à notre conscience et, enfin, nous analyserons le rapport du « moi » avec la durée dans la thèse de Bergson.
Bergson entame son texte en désignant la conscience comme « tourmentée d'un insatiable désir de distinguer ». La conscience aurait donc sans cesse besoin de mettre un nom sur ce qui lui parvient. Elle apparaît alors comme une sorte d'instance de traitement des données, ce qui présuppose l'idée que des perceptions (ou bien des émotions ou des sensations) parviendraient à la conscience en masse et dans une sorte de flux continu dont elle aurait besoin de distinguer les éléments constitutifs de façon bien distincte. Lors de cette distinction entre les éléments, la conscience aurait tendance à « substituer le symbole à la réalité ». Bergson expose ici l'idée d'une exigence sociale ou d'une idée commune qui ferait que chaque réalité parvenant à la conscience serait associée à un symbole afin de lui permettre d'assurer son rôle d'analyse. Mais alors, si la « conscience substitue le symbole à la réalité », elle ne perçoit en fait jamais vraiment la réalité puisqu'elle se contente de faire un travail d'analyse qui inclut une autre instance. Un travail d'analyse inclut en effet nécessairement la raison. La raison serait alors mêlée au processus de distinction de nos émotions, ce qui exclut toute forme de spontanéité. Selon Bergson, l'alternative à « la conscience substitue le symbole à la réalité » est : « on n'aperçoit la réalité qu'à travers le symbole ». Cette deuxième affirmation permet d'aboutir à l'idée d'une instance qui donnerait une image modifiée d'une certaine réalité, à savoir ce que Bergson nomme « le moi réfracté ». Il traite en effet de l'existence de deux formes du « moi » : le « moi fondamental » et le « moi réfracté ». Cependant, ces deux « moi » ne sont pas deux « moi » distincts mais deux aspects différents, constitutifs d'un seul et même « moi ». Bergson nous déclare que le « moi réfracté » l'emporte sur le « moi fondamental », que la conscience « perd de vue ». Pour lui, le « moi » d'un individu ne réside donc pas en sa conscience car « moi » et conscience sont présentés comme des instances bien distinctes. Cette thèse est opposées à celle de Hume par exemple, qui déclarait qu'un individu inconscient n'était alors plus forcément lui-même et que c'était la mémoire qui permettait de décharger la conscience de sa dimension faillible et qui permettait à l'individu de se sentir toujours persuadé d'être le même tout au long de sa vie.
Bergson traite donc de l'existence de deux formes du « moi » dont l'un l'emporte sur l'autre du fait de sa meilleure convenance aux exigences sociales. Mais alors pourquoi la vie sociale a un effet de « solidification », comme le dit l'auteur, qui pousse la conscience à distinguer de façon bien distincte les éléments qui lui parviennent successivement.
Dans la poursuite de son raisonnement, lBergson souhaite embarquer avec lui son lecteur dans une expérience ayant pour but de « retrouver ce moi fondamental ». Celle-ci consiste à se délester du poids du « moi réfracté » afin de pouvoir accéder au « moi fondamental ». L'emploi du verbe « retrouver » présuppose que pendant un moment (dont nous ignorons la durée) ce « moi fondamental » était présent sans être parasité par le « moi réfracté ».
Le « moi fondamental » est en réalité un « moi » qui n'est pas réductible au langage. Le « moi réfracté » est en effet le « moi » qui met des mots sur les réalités qui se présentent à la conscience. Or, Bergson critique le langage puisqu'il considère qu'il ne permet pas de rendre compte de la réalité de nos émotions ou de nos perceptions. Le langage réduit forcément cette réalité à un « symbole ». L'opposition que marque Bergson entre les deux aspects du « moi » semble en fait être une opposition entre le senti et le compris. L'auteur déclare ensuite souhaiter retrouver un moi « tel qu'une conscience inaltérée l'apercevrait ». La conscience est donc indispensable à un individu pour saisir son « moi ». Mais alors, ne puis-je pas me saisir quand je ne suis pas conscient ? Bergson considère au contraire que je ne peux saisir mon « moi fondamental » que dans les moments d'inconscience puisqu'il s'agit des seuls moments où mon « moi » n'est pas parasité par sa dimension réfractée. L'emploi de l'expression « conscience inaltérée » dénonce en effet ce travail de la conscience perturbé par le « moi réfracté ».
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