Kundelich & Whiteman
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gardant en fait l’œuvre jalousement, à l’abri des regards de tout amateur d’art lambda.
De fait, l’espace d’exposition de prédilection d’une œuvre s’avère être un musée ou une galerie.
En effet, c’est le genre de lieu par excellence où on peut s’attendre à rencontrer un readymade tel
le Kundelich ou un monochrome de Whiteman :
D’abord parce-qu’en se réservant à l’exposition d’œuvres d’art, un musée ou une galerie s’assure
des visites de gens avertis et bien disposés à en apprécier les présentations, et qui, en plus d’être
bien disposés, auront sûrement la présence d’esprit d’évaluer, au devant d’œuvres conceptuelles,
le processus de création ; c’est-à-dire accorder au geste créatif plus d’importance qu’à l’objet-
œuvre final, qui n’en reste plus qu’un témoin ou un symbole.
L’espace d’exposition qu’est le musée ou la galerie prend alors part aux prémisses de la transfi-
guration du banal.
Effectivement, cet espace incarne une nécessité dont le readymade se doit d’être comblé pour
exister : si le readymade est un objet qu’on transforme en œuvre, grâce à un processus créatif
consistant à ôter à cet objet son statut et sa fonction originale, et lui attribuer un nouveau statut
et une nouvelle fonction d’œuvre, simplement en plaçant l’objet en question dans un musée ;
alors force est de constater que sans l’espace d’exposition la transfiguration ne peut exister.
Or dans le film, l’espace d’exposition de cet à-priori readymade est un couloir d’entrée. Dès lors,
il n’est pas étonnant que l’amalgame soit fait, puisqu’aucune transfiguration du banal n’a été
opérée.
En privant l’œuvre d’un réel espace d’exposition, on la prive alors également de sa fonction
d’œuvre : par définition elle cessera d’être appréciable et deviendra utile, ce qui explique le porte-
manteau et la toile vierge.
On peut dès lors tirer un parallèle avec la dimension hiérophanique de l’art : L’œuvre sacrée est
réservée à un certain espace d’exposition qui devient son temple. Il est en passant intéressant de
remarquer les structures architecturales comme celle du Grand Palais, constituée d’une nef, qui
démontre alors la hiérophanie de l’art à travers cette référence à la religion.
L’espace d’exposition se veut donc entièrement dévoué à cette activité; un salon ou un corridor
ne sont alors par nature définitivement pas faits pour présenter une œuvre d’art.
De plus, l’œuvre est protégée, et on est censé respecter son intégrité. De l’interdiction d’y inter-
venir naît encore une fois une sacralité. Dans l’extrait, le fait que les œuvres ne soient pas prises
au sérieux et soient maltraitées semble porter préjudice à leurs auteurs, remettre en cause leur
réputation. Ce jugement est en fait évidemment influencé par les lieux dans lesquels les œuvres
sont entreposées. Dans un musée ou une galerie, l’aménagement et l’ambiance sont tels qu’on
adopte une attitude respectueuse des œuvres instinctivement. On chuchote alors nos critiques,
on hoche la tête, on prend des notes, on s’intéresse et surtout on ne touche pas !
L’espace d’exposition fait partie intégrante de la mise en condition à l’appréciation d’une œuvre
d’art, aussi peut-on penser que la maison ne remplit pas cette nécessité et qu’on ne devrait alors
pas l’assimiler à un espace d’exposition : l’image des deux œuvres, telles qu’elles sont présentées,
ne peut qu’en être décrépie.
Cependant, il est vrai que certaines œuvres se passent de lieux d’exposition : je pense en particu-
lier aux œuvres de land art, puisque pour elles un lieu d’expo est impossible. Alors une exposition
rapportant ces travaux sous forme documentaire en photos, films ou recompositions, créerait
ainsi une mise-en-abîme de l’exposition.
Donc
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