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La philosophie est-elle l'affaire de tous ?

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Par   •  10 Décembre 2016  •  Dissertation  •  1 450 Mots (6 Pages)  •  6 600 Vues

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Le sujet pose un grand nombre de questions, mais avant de tenter une réflexion dessus, il nous faut éclaircir les termes du sujet. Philosophie vient du grec, « philo », désir ou amour, et de « sophia », sagesse. On peut donc considérer, que la philosophie est le désir de la sagesse. Le terme « affaire » est polysémique. En effet, il peut à la fois désigner un dossier nécessitant une expertise, comme dans les affaires criminelles, une appartenance, en tant qu’affaires qui sont des objets, ou encore, l’acte de faire.

Cette définition des termes du sujet nous pousse à nous poser la problématique suivante : la philosophie s’apprend-t-elle ?

Pour répondre à cette problématique, nous devons nous poser trois questions qui seront le fil de notre réflexion : doit-elle concernée uniquement un certain groupe de personnes ? Ou est-elle innée ? Enfin, peut-elle devenir l’affaire de tous suite à un certain cheminement ?

Tout d’abord, nous pouvons penser que la philosophie est l’affaire de certains experts et ne doit concerner qu’un groupe réduit de personnes. En effet, philosopher demande des connaissances précises sur l’histoire de la philosophie et des fondements selon lesquels penser. Ainsi, les concepts philosophiques ne sont pas universellement compris, et nécessitent une culture philosophique pour les assimiler. C’est par exemple le cas du concept de jugement a priori et de jugement a posteriori. La philosophie est donc une discipline universitaire, sanctionnée par des diplômes et des concours.

De plus, la plupart des philosophes ont consacré leurs vies entières à leurs réflexions et à l’écriture de leurs travaux. C’est le cas notamment de Platon ou de Kant. Hegel dira que « la chouette de Minerve ne prend son envol qu’à la tombée de la nuit ». La chouette de Minerve peut ici représenter la philosophie, et la tombée de la nuit, la fin de la vie. Ainsi, une des interprétations possibles est que la philosophie n’est accessible qu’aux plus anciens. En effet, la majorité des philosophes réputées n’ont écrit leurs œuvres principales qu’une fois ayant atteints un âge relativement avancé. Ainsi, on peut considérer que philosopher nécessite une expérience de vie et d’expertise.

Enfin, si on se base sur le principe de la maïeutique socratique, l’accouchement des idées se fait dans la douleur, qu’il faut savoir supporter, ce qui n’est pas le cas de tous. Ainsi, on voit dans l’allégorie de la Caverne que le parcours du philosophe qui parvient à sortir de la caverne est empli de douleur. De plus, les autres prisonniers restent attachés, et le monde intelligible n’est donc pas accessible à la majorité. De plus, Platon parle de « philosophe roi ». Le terme « roi » montre bien que tous ne peut être philosophe, que cet état n’est destiné qu’à une partie infime de la population.

Ainsi, nous avons vu que la philosophie est une discipline qui n’est pas accessible à tous. Cependant, si un petit nombre de personnes seulement se démarquent quant à leurs écrits sur la philosophie ou leurs pratiques de la discipline, tous pensent. Ainsi, ne pouvons-nous pas considérer que chacun est philosophe, et ce, de manière innée ?

Selon Gramsci, tous les hommes philosophent de manière « spontanée ». Ainsi, le langage est porteur de concepts et n’est pas vide de sens ; en parlant, l’homme, d’une certaine manière, philosophe. De plus, même le plus jeune enfant s’interroge, et ce de manière incessante. On peut considérer que, d’une certaine manière, il philosophe lorsqu’il se demande pourquoi le chien aboie. Enfin, les civilisations et cultures humaines sont porteuses d’un grand nombre de croyances et superstitions, car les Hommes sont à la recherche constante de vérité et de sens à ce qu’ils perçoivent. Ainsi, dans la tradition juive, un ange vient frapper le nouveau-né sur la bouche afin qu’il oublie la Torah, dont il a été instruit dès la grossesse, superstition qui fait que l’on nomme communément le philtrum « l’empreinte de l’ange ». Ainsi, avec cette croyance, les hommes ont cherché à expliquer quelque chose qu’ils voyaient sans connaître l’origine. Ce type de folklore répond donc à un désir de sagesse.

De plus, on peut considérer que les philosophes donnent simplement un raisonnement à leurs propres instincts primaires. C’est notamment ce qu’écrit Nietzsche dans Par delà le bien et le mal. Ainsi, s’ils sont certes plus lettrés et cultivés que la majorité des gens, comme tout le monde, ils ne font que justifier ce qu’ils ressentent de manière instinctive. A la manière d’un enfant qui en frappe un autre et va ensuite tenter de donner une raison aux adultes près à le disputer, le philosophe frappe les idées des autres et tente de se justifier à travers un raisonnement.

Enfin, on peut considérer d’après ce que l’on a vu juste avant, que tout le monde fait de la philosophie. En effet, à partir du moment où l’on pense, on fait de la philosophie. Gramsci le souligne dans son « Cahier 11 » des Cahiers de prison et met en exergue deux manières différentes de pensée. Ainsi, soit on peut participer à une conception du monde imposée par des experts, soit on peut élaborer sa propre conception du monde et ce, de manière consciente et critique. En suivant ce raisonnement, l’individu qui pense ce que son professeur

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