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Le beau est-il la fin de l'art ?

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Par   •  23 Octobre 2016  •  Dissertation  •  3 925 Mots (16 Pages)  •  1 406 Vues

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                                                 Le beau est-il la fin de l'art ?

 Généralement, on désigne par la notion d'art, les "beaux-arts", c'est-à-dire l'ensemble des activités tournées vers la production d'œuvres qui ont pour fonction de susciter une émotion liée à la beauté et à la contemplation. Mais le concept d’œuvre d'art est lui même très large. En effet, il désigne dans un premier temps une production humaine, ce que l'on appelle un « artefact », et se distingue alors des autres objets de par son utilité. Une œuvre d'art n'a pas d'utilité pratique.

Son ambivalence tient qu'elle recouvre divers autres domaines, notamment celui de la technique, par le biais du design, ainsi qu'une dimension symbolique. C'est justement le cas avec les masques primitifs ayant une fonction magique, celle de chasser les mauvais esprits.

L’œuvre ou la production artistique se caractérise par son unicité et se doit d'être originale (la copie de la Joconde n'est pas une œuvre d'art). Aussi les œuvres d'art furent durant de nombreux siècles soumises aux critiques de salons, qui acceptaient ou non de présenter les productions artistiques en fonction de leur adéquation aux règles et critères esthétiques de beauté selon le siècle. Mais il semble qu'il ne s'agisse en fait pas d'un critère définitif, en vue de l'apparition de techniques modernes : l’œuvre d'art devient reproductible (cinéma) et tend vers un rapport de consommation. La dimension esthétique de l’œuvre disparaît, remplacée par une ambition nouvelle: ce qui fait désormais l’œuvre d'art c'est avant tout le regard que lui porte le spectateur. Car l'esthétisme dans l'art n'est-il finalement pas qu'une mode ? L'histoire de l'art ne tend-t-elle pas à une remise en question continue du mouvement précédent, renouvelant ses codes et conventions pour en apporter de nouveaux, en vue de désacraliser l'art en lui-même ? Ainsi le dadaïsme optait pour une indifférence visuelle quand le surréalisme poussa cette conception au point de mettre à mort toutes les formes d'expression antérieure, un arrêt total de toute production à caractère esthétique. Nous évaluerons la véracité de ces suppositions en nous basant dans un premier temps sur les critères esthétiques de beauté qui durant de nombreux siècles ont dominé l'histoire des arts, ainsi que sur l'existence d'une beauté naturelle. Nous nous pencherons par la suite sur la période de remise en question du critère purement esthétique d'une œuvre d'art, marquant l'apparition de l'art « anti-rétinien ». Nous verrons également qu'il existe une pluralité de fins visées par l'art. Enfin, nous démontrerons que l'art sert des causes bien plus profondes qu'une simple visée esthétique, et que bien des fois, il dépasse tout à fait la nature humaine, qui se positionne alors au servie de l'art en lui-même.  

          Il fut un temps où rompre avec l'idéal traditionnel de beauté était impardonnable. Aussi pour être reconnu, les artistes ,et notamment ici les peintres, se devaient de répondre à certains critères, par ailleurs très exigeants. Nous parlons alors d'académisme, marqué par une hiérarchie des genres, avec en premier lieu les peintures d'histoires ou bibliques, généralement allégoriques et considérées comme les plus « belles » car traitant des sujets les plus édifiants, les plus nobles. Les œuvres de l'Antiquité sont alors perçues comme modèle et il s'agit d'imiter le réel sans le copier servilement. En effet, il faut procéder par idéalisation pour atteindre un « beau idéal » et prétendre pouvoir imiter les Anciens. Le nu est alors la forme la plus accomplie de ce « beau idéal ». Aussi pourrions-nous évoquer la « Vénus sortant des eaux » de Cabanel, tableau qui fut peint de maintes fois et plus connu sous la version de Boticelli. Ce tableau de Cabanel est l'exemple type du « beau idéal » : une Vénus dont la peau est de nacre, flottant au-dessus des eaux et entourée d'angelots dans un ciel cristallin. Cet art bourgeois ( le tableau fut acheté par Napoléon III ), met donc en scène une femme nue à l'allure charnelle ( le pied courbé et tendu évoque l'érotisme ) et aux cheveux blonds vénitiens, qui constituent le critère idéal de beauté féminine de l'époque. Il s'agit donc d'une représentation flatteuse et idéalisée d'une Vénus se trouvant dans un décor parfaitement idéalisé, mais par ailleurs théâtralisé… Ainsi c'est pour rendre hommage aux Anciens que les critères esthétiques de l'art furent placés à de telles exigences, mais c'est cependant au profit d'une certaine réalité. Certes le beau idéal était l'ultime fin de l'art en ce temps, mais tend par ailleurs vers l'art soporifique et édulcoré par trop d'exagération.

     Si la nécessité de répondre à certains idéaux de beauté parcourra les siècles, c'est que l'homme est tout de même à la recherche d'une satisfaction esthétique de ses sens. En effet, le critère de beauté est difficilement séparable du but visé par une production artistique. Aussi fait-il parti d'un des trois idéaux platoniciens : le Beau. Celui-ci peut se retrouver de diverses manières au sein d'une œuvre. En effet, nous pourrions évoquer d'une part la satisfaction esthétique des sens liés à l'harmonie de la composition ; aussi les formes, la matière, la lumière, le positionnement du spectateur face à l’œuvre, l'espace, le temps ainsi que le format jouent un rôle des plus importants. Mais cette satisfaction peut également émaner d'un plaisir esthétique lié à la grandeur d'une chose, ce que Platon nomme le sublime. Nous pouvons évoquer notamment le sublime mathématique qui se réfère à une grandeur spatiale, les pyramides d’Égypte par exemple, ou encore le sublime dynamique, qui se réfère à une grandeur intensive, l'intensité des forces dans le spectacle par exemple, comme l'orage, la tempête… Ainsi, s'il est indéniable que le Beau est la fin ultime de toute entreprise artistique, il faut tout de même considérer que celui-ci prenne différentes formes. C'est pourquoi Baudelaire considère que « le beau est toujours bizarre ». A chacun de trouver la propre forme de beauté qui lui convient. Aussi tel aspect d'une œuvre suscitera une certaine émotion chez un individu tandis qu'il s'agira de l'aspect complètement opposé qui attirera l'attention d'un autre. La beauté de l’œuvre d'art peut en définitive apparaître sous diverses formes.

     Nous évoquions jusqu'ici la multitude de formes que pouvaient prendre le « beau », et nous en sommes venu à cette constatation car il a été affirmé que l'homme recherchait bel et bien une satisfaction esthétique de ses sens. Aussi pouvons-nous penser que s'il est ainsi naturel que l'homme recherche une certaine beauté dans l'art, c'est que cette beauté est pareillement naturelle. La beauté résiderait donc en premier lieu dans la nature ? Il est vrai que les phénomènes naturels possèdent leur propre charme. Aussi, semble-t-il légitime que Oscar Wilde soulève quelques polémiques lorsqu'il affirme que « les couchers de soleil sont passés de mode ». L'affirmation de préférences esthétiques est normale et humaine, mais l'évidence de la beauté naturelle ne peut être remise en question. Cette idée se manifeste dans la doctrine qui fait de l'art une imitation de la nature, ce que l'on voit principalement chez les romantiques, qui peignaient sans relâche des nombreux paysages ; Nous pouvons en effet citer le peintre allemand Friedrich. Les impressionnistes vouèrent un important rôle à la nature également, et plus récemment nous pouvons faire allusion au peintre abstrait Paul Klee. Enfin, les natures mortes nous montrent aisément l'importance accordée à la nature et cette évidence que la beauté se trouve en elle-même. Ainsi, l'artiste rechercherait dans la nature ce qui le mettrait sur la voie de la création, qu'il assumera par la suite en son nom propre. S'efforcer à atteindre la beauté, c'est finalement apprendre les secrets de la nature.

     Nous avons jusqu'ici évoqué l'omniprésence du « beau » dans le domaine de l'art, que ce soit par pure convention, ou émanant d'une force plus puissante, et parfaitement indépendante, qui est la nature. Pour autant, nous ne pouvons renier les libertés que possèdent les artistes, ainsi que les spectateurs, dans leurs interprétations. La beauté, reste donc subjective, et les travaux des artistes, au fil des siècles, vont vite s'écarter des ambitions, jusqu'ici, uniquement esthétiques.

        Pour considérer que l'art vise une certaine beauté, il faut considérer qu'il y ait un jugement qui soit porté à cet art en question. En effet, pour que l'homme perçoive du beau, il doit obligeamment juger, car toute perception est le jugement produit sur une sensation. Or une sensation est une impression brute impliquant la passivité du sujet, tandis qu'une perception est est d'ores et déjà l'interprétation des données reçues, impliquant évidemment l'activité du sujet. Dès lors qu'il a perception il y a par conséquent subjectivité car les hommes n'interprètent de toute évidence pas les données de manière identique. Ainsi, si le but visé par l'art est bel et bien le beau, il est évident que tout le monde ne peut pas pas trouver cela beau. En outre, on peut adopter différentes définitions du beau, ce que nous avons d'ores et déjà évoqué. Nous avions en effet opté pour citer les diverses formes de beauté, en plus de celles considérées comme universelles. Par ailleurs, s'il existe différentes beautés, c'est que de toute évidence la question du goût est intervenue au fil des siècles. La perception est subjective et donc une œuvre d'art visant le beau ne sera par conséquent pas considérée comme belle par la totalité des individus qui y seront confrontés. Ainsi pouvons-nous comprendre plus aisément cette citation de Lautréamont issue de son recueil « Les Chants de Maldoror » : « Le scarabée, beau comme le tremblement des mains dans l'alcoolisme, disparaissait à l'horizon ». Il est évident que pour bon nombre de personnes, rien dans ces vers ne se relie à une quelconque beauté, car l'alcoolisme étant une notion péjorative, nous considérons cette comparaison plus comme une antithèse particulièrement étrange que comme analogie visant une beauté communément admise. Le tremblement des mains renvoie de plus à une certaine déficience, loin de se référer à un geste honorable suscitant de l'admiration.

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