Rabindranath Tagore

… Rabindranath Tagore ne s'est retrouvé qu'au prix d'une méditation journalière. Ses familiers attestent en effet que chaque jour, à trois heures du matin, il se levait et restait plusieurs heures en prière. Parfois même,il passait plusieurs mois dans une absolue solitude. » .

Le temps avait apparemment une toute autre dimension chez cet homme, dont la méditation se poursuivit sans relâche. Il a eu la chance de grandir dans une famille où les arts étaient fortement encouragés. Mais c'est un enfant qui aura du mal de se soumettre aux contraintes qu'on essaye de lui imposer. Tagore, dont on admirera plus tard la sagesse et la résignation, l'humilité et la douceur, fut d'abord un révolté, un insoumis, un paresseux relégué au fond de la classe restant muet face aux questions du professeur. Mais à la fin de l'année, il se classait premier en dehors de toute tricherie.

C'est bien d'une école nouvelle qu'il se mettra petit à petit à rêver. En témoigne ce dur reproche :

« Les maîtres ne se souciaient pas de faire du travail une source de joie..., je me sentais malheureux comme un lapin en cage dans un institut biologique. »

A huit ans, on lui explique alors la composition du vers paya ( quatorze syllabes ) , il en écrit aussitôt. Il est rapidement fasciner par l'utilisation de la rime dans la poésie :

« Par la rime , la phrase poétique se termine sans se terminer ; les mots s'arrêtent, mais non leur musique, l'oreille et l'esprit en prolongent la résonance »

Sa mère meurt quand il a quatorze ans. Une de ses belles-sœurs lui apporte la révélation de l'amour humain, qui doit communiquer avec l'amour de la nature et de Dieu. A dix-sept ans, il avait déjà écrit quelques sept mille vers. C'est à ce moment là qu'il est envoyé en Angleterre pour suivre des études de droit, mais il rentre au Bengale en 1880 avant d'avoir obtenu son diplôme. Cependant ce passage en Angleterre laissera une trace indélébile dans l’œuvre de Tagore :

Une première comparaison entre l'Orient et l'Occident, une prise de conscience.

Toujours en Inde, il perfectionne son art, il est de plus en plus attentif au détails de la vie quotidienne et en fait de nombreux tableaux. La technique du poète devient de plus en plus affirmée.

A l'âge de vingt-deux ans, Rabindranath Tagore se marie avec Mrinalini Devi, et les dix-sept années passées auprès de sa femme lui apportent une « plénitude qui va donner à son œuvre une ampleur et un lyrisme jamais atteints ». Il habitera avec sa femme d’abord à Gazipur puis à Shileïda.

Eduqué dans les trois langues : sanscrit, bengali et anglais. Il traduisit lui-même en anglais certains de ses recueils. La publication de Gitanjali (L'Offrande Lyrique) en Europe et en Amérique du nord rendit Tagore célèbre, et il reçut le Prix Nobel de littérature en 1913. Sa soudaine renommée lui permit de faire de nombreux voyages sur les divers continents pour des conférences ou des visites d'amitiés au cours desquelles il prônait inlassablement la paix, la non-violence et l'unité entre les hommes. Ami de Gandhi, Tagore participa à sa façon à l'émergence de l'Inde comme nation. Il est l'auteur de nombreux poèmes et chansons patriotiques dont deux sont devenus les hymnes nationaux de l'Inde et du Bangladesh.

En 1901, il fonde l'école de Santiniketan à Bolpur pour pallier au système éducatif qu'il estime mauvais. Dans cette école, Tagore avait pris l'habitude, au cours de réunions matinales, de partager avec les professeurs et les élèves son expérience spirituelle et philosophique. Dans son œuvre Tagore nous montre comment chez l'homme, l'angoisse, les doutes et les incertitudes sont un mal nécessaire, porteur d'apprentissage, mais peuvent se révéler

« un bien lourd fardeau si l'on y répond par l'inaction »

La nature est omniprésente dans les poèmes de Tagore. Comme le dit Odette Aslan : « De chemins solitaires en vols de cygnes sauvages, de moussons tumultueuses en déluges