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Satisfaire tous ses désirs est-ce une bonne règle de vie ?

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Par   •  31 Mars 2018  •  Dissertation  •  2 674 Mots (11 Pages)  •  1 080 Vues

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Satisfaire tous ses désirs est-ce une bonne règle de vie?[pic 1]

Remarques :

        Le désir est considéré, dans la littérature bouddhique, comme un poison, une «maladie», une souffrance qui empêche d’accéder à «l’éveil», au bonheur. Le sujet nous demande si satisfaire tous nos désirs est une bonne règle de vie, mais pouvons-nous satisfaire nos désirs dans notre imagination ou serait-ce accomplir ces désirs parfois contradictoires, sans nous interdire, sans distinctions aucune, sans faire de choix, nous efforcer de les satisfaire jusqu’à la fin du désir et donc jusqu’à la mort car le propre du désir est d’être sans fin, ou au contraire les choisir, peut-être même les comprendre, les distinguer, les maîtriser, les réprimer.

Quoi qu’il en soit, il ne faut pas confondre le désir avec la pulsion qui est une tension, une force psychosomatique qui pousse le sujet à résoudre cette tension dans l’instant, ni avec le besoin qui doit être satisfait immédiatement sous peine de conséquences plus ou moins graves, si j’ai besoin d’une voiture pour aller travailler, mon besoin sera satisfait peu importe la marque, le modèle, la couleur, la taille de la voiture mais si j’ai soif, c’est que j’ai besoin d’eau, si je ne satisfait pas ce besoin, je me déshydrate et je meurs.

Le désir se présente sous deux formes, le désir «sain», qui peut attendre mais qui est source de créativité, qui répond au sens moral et à la raison, et le désir «pathologique» dont la satisfaction peut être immorale ou dangereuse pour le sujet ou la société. Nous pouvons également nous demander si nos désirs sont toujours les nôtres et quel est le rôle que joue autrui dans la construction de nos désirs. Nous cherchons à savoir si la satisfaction de tous nos désirs est une bonne règle de vie, mais qu’est-ce qu’une règle de vie et qu’implique le fait qu’elle soit bonne?

Une règle c’est une ligne conductrice qui nous guide dans l’atteignement d’un but, une ligne qui limite, qu’il faut suivre, et qui ne laisse pas la place au hasard, par conséquent suivre une règle implique d’être discipliné. Par extension, une règle de vie est donc un précepte que nous suivons pour atteindre le but que nous avons donné à notre vie, une ligne qui dirige notre vie toute entière.

Quant à savoir si cette règle est bonne, il faut d’abord s’interroger sur le sens de ce mot. «Bonne» peut signifier que cette règle est efficace, qu’elle nous est utile dans la construction de notre moi-intérieur, qu’elle nous conduit au bonheur, mais «bonne» peut également signifier que cette règle est conforme au «Bien», aux normes étiques, au sens moral, qu’elle est raisonnable - par définition être raisonnable c’est répondre à la raison et donc refuser tout recours à la violence. Cette règle ne nous conduit à la vertu que si elle est raisonnable, et elle n’est raisonnable que si elle est modérée.

On peut alors se demander si le problème ne réside pas dans le choix des désirs et de leurs satisfaction ou non.

Nous verrons dans une première partie si nos désirs sont vraiment les nôtres ou si la majorité est fabriquée par la société de consommation dans laquelle nous vivons. Dans une seconde partie nous verrons ce qu’implique la satisfaction de tous nos désirs et si cela ne devient pas grisant ou au contraire lassant au fil du temps, et dans une troisième partie nous verrons s’il n’est pas préférable d’adopter la philosophie bouddhiste et ne rien désirer du tout pour vivre heureux.

        Dans le contexte de la société de consommation, si nous satisfaisions tous nos désirs, ne tomberions nous pas sous l’esclavage de ces désirs?

Est-ce une bonne règle de vie que de satisfaire des désirs qui ne dépendent pas entièrement de nous, de notre volonté?

Depuis toujours l’homme a occupé son esprit et ses désirs au travers de la religion, de la croyance en un ou plusieurs êtres supérieurs et créateurs. Les sociétés gréco-latines basaient leur existence sur les diverses divinités et fêtes en leur honneur, pendant lesquelles les gens se soumettaient à un régime d’offrandes et de prières, la majorité de leurs divertissements ne comportaient que cela. Par la suite, avec l’arrivée du monothéisme, les croyants ont délaissé les offrandes pour les prières, mais ils avaient toujours recours à la transcendance divine pour occuper leurs esprits et sur laquelle ils basaient leurs désirs. Durant ces deux périodes, il était inconcevable de ne pas croire en cet être supérieur et le sujet fondait et limitait ses désirs sur la base de la religion, si un paysan désirait une récolte florissante, il priait son dieu jusqu’au jour de la moisson pour qu’il lui accorde un sol et des plantations fertiles.

Aujourd’hui, dans nos sociétés modernes, une grande partie des individus ne croit plus en un dieu et à ce principe de transcendance divine de limitation des désirs. On pourrait expliquer cette perte de croyance par l’avènement des sciences et de la technologie, pour reprendre notre exemple du paysan, un agriculteur moderne ne prierait plus un dieu pour qu’il le bénisse d’une récolte abondante mais il consulterait les relevés météorologique satellites et des cartes topographiques pour savoir où placer ses plantations et quand les semer, en revanche ce qu’il désirera ce sera d’avoir accès à ces relevés, de posséder des machines dernier-cri et un des revenus élevés. Il faut donc reconnaître qu’aujourd’hui l’homme contemporain n’a plus de dieu et qu’il doit se conduire sans l’aplomb protecteur et inhibant de ce Dieu. Pour reprendre Charles Melman dans L’homme sans gravité, l’homme contemporain reconnaît que «le ciel est vide», c’est à dire qu’il reconnaît qu’il n’existe pas d’être suprême, de dieu.

Jusqu’alors cette religion avait servie de pôle d’aspiration aux désirs des hommes. Pour Blaise Pascal, «il est impossible de trouver le bonheur sans dieu, l’homme sans dieu est voué à la misère mais il voué en même temps au divertissement par lequel il évite à la première».

Les divertissements comme le shopping ou les jeux de toutes sortes issus du capitalisme sont indispensables à un monde sans dieu et donc sans pôle d’attraction des désirs. Le capitalisme est également ce que l’on appelle la société de consommation, une société dans laquelle l’individu est assujetti par le fait de consommer non plus seulement de la nourriture mais tous ce qui peut être acheté. Nos esprits sont martelés par la publicité, par conséquent nous désirons, pensant que ces désirs sont le nôtres, ce que nous voyons ou lisons dans les publicités. Je vais voir à la télévision une publicité pour le tout dernier téléphone et je vais alors désirer cet objet sans en avoir le besoin parce-que je vais le voir dans les mains de mes amis, d’inconnus dans la rue, sur des panneaux d’affichage. Le principe de la société de consommation c’est désirer, acheter, utiliser, jeter.

Au vu des arguments précédents nous pouvons répondre aux questions posées au début de cette partie. Le principe de la société de consommation étant d’utiliser puis de jeter, donc de consommer, nous rentrons alors dans un cercle vicieux qui nous pousse à consommer de plus en plus pour au final ne plus vivre que par ce système d’acheter-utiliser-jeter et être soumis à ces désirs fabriqués par la société. Par conséquent satisfaire des désirs qui ne dépendent pas entièrement de nous n’est pas une bonne règle de vie car cela revient à négliger notre capacité de choisir, de concevoir nos propres désirs.

        Partons du principe que l’on cède à ces faux désirs préfabriqués par la société de consommation et que l’on décide de tous les satisfaire. Que se passe-t-il si nous satisfaisons tous ces désirs?

Est-ce une bonne règle de vie que de poursuivre des désirs dont la satisfaction est incertaine ou dangereuse?

Si comme la majorité de la population, espérons-le, je suis une personne bien intentionnée, altruiste, sans pensées perverses ou tendant au mal, le fait de donner comme but à sa vie la satisfaction de tous mes désirs, pour peu que même une infime partie d’entre eux ne me cible pas, on est en droit de penser que l’accomplissement de tous ces désirs est une bonne règle de vie. Le désir, et donc par extension, le désir de plaisir est commun à tous les hommes, c’est donc naturel, et inoffensif, pas quelque-chose d’artificiel créé par l’homme pour détruire son milieu de vie. Tout le monde a le droit de vouloir vivre heureux, pour seule limite, le fait d’en faire une règle de vie. Ce fait implique que le sujet accepte de se soumettre à la discipline imposée par la règle et donc en ce sens exclut d’avoir une vie déréglée, cela implique également que le sujet fait preuve d’intelligence et de raisonnement et par conséquent refuse de soulager ses pulsions qui pourraient découler de désirs refoulés. Se donner comme règle de vie de satisfaire tous ses désirs implique de la persévérance, qui est une vertu et donc pas contraire au sens moral défini en introduction. Il n’est pas contraire à l’idée de raison de satisfaire tous ses désirs, pour peu que le sujet désirant suive chacun des points énoncés ci-dessus.

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