Si l’art nouveau peut avoir pour ambition de refaire nos vies, l’être humain en tant qu’individu peut-il refaire sa vie ?
Dissertation : Si l’art nouveau peut avoir pour ambition de refaire nos vies, l’être humain en tant qu’individu peut-il refaire sa vie ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar clementinegsq • 10 Avril 2021 • Dissertation • 3 527 Mots (15 Pages) • 557 Vues
Dissertation en distanciel : « Refaire sa vie »
L'Art nouveau, ou l'ambition de refaire constamment la vie entière ; est en effet défini comme un Art qui se mêle de toutes choses et refait constamment notre vie entière, pour la rendre plus élégante, plus digne, plus riante et plus sociale. Dès lors, si l’art nouveau peut avoir pour ambition de refaire nos vies, l’être humain en tant qu’individu peut-il refaire sa vie ?
Refaire désigne tout d’abord faire de nouveau ce qu'on a déjà fait ou ce qui a déjà été fait, en ce sens recommencer. Ce verbe peut également signifier remettre en état quelque chose qui a été cassé ou abimé, par le temps ou par les Hommes. Refaire veut également dire faire tout autrement de ce qui a déjà été fait. La vie du latin vita « existence », est l'intervalle de temps écoulé entre l'apparition et la mort d'un individu ou d'un organisme. Par analogie c’est l'ensemble des activités des hommes et des peuples dans leurs différents aspect (vie morale, religieuse, vie des nations…). Par extension c'est le monde humain dans son ensemble, le cours des choses. Le possessif « Sa » tend à donner un sens particulier à la vie : c’est chaque vie humaine particulière à chaque individu et non pas la notion commune à tous les Hommes.
Fait-on sa vie, ou l’organise-t-on ? Ne devrait-on pas plutôt dire continuer sa vie d'une autre manière ? En effet peut-on refaire un parcours écoulé ? La vie existe par elle-même. (Nous arrivons en chair et en os et nous devons nous développer). Nous avons cependant un chemin de vie, qui va de la naissance à la mort. Nous sommes par conséquent appelés à grandir, se mouvoir, penser, apprendre, travailler, avoir des sentiments pluriels, bons ou mauvais. Notre enfance, notre éducation nous permettent pour la plupart d’entre-nous de nous construire et de nous projeter dans une perspective de « vie ». On peut avoir pris un mauvais départ, avoir fait de mauvais choix de formations, avoir eu des fréquentations moyennes, voire décevantes. Il nous est pourtant possible selon notre propre volonté, ou aiguillé par d’autres personnes de changer le cours des choses. Nous ne refaisons ni notre parcours à l’envers, nous n’effaçons rien, nous continuons notre chemin de vie uniquement, en ayant modifié nos perspectives, en ayant changé. On ne refait pas sa vie, on la continue différemment. Aucune minute ne peut être revécue, elle peut être revisitée intellectuellement, expertisée pour comprendre nos erreurs, nos douleurs, etc. La vie est une sorte de tapis roulant qu’on ne peut reprendre à l’envers. Regrets ou remords ne changent rien, seuls nous sommes aptes à redresser, voire changer notre trajectoire. On continue sa vie jusqu'à son terme.
Dans un premier moment nous observerons qu’il est impossible de refaire sa vie au sens de faire tout autrement, puis dans un second moment nous démontrerons que l’on peut cependant continuer sa vie différemment en changeant d’identité personnelle. Et enfin dans un dernier moment nous analyserons qu’il est possible de continuer sa vie en tenant compte du passé sans pour autant avoir à la refaire complétement.
Il est impossibilité de refaire totalement sa vie au sens de faire tout autrement. Tout d’abord car on agit en fonction du passé : pour ne pas revivre des situations mais on garde également des traits de caractères, expériences qui nous ont forgés… En effet le désir de refaire sa vie est souvent effectuer dans le but d’effacer ou d’oublier des éléments du passé pour être un nouveau soi. Toutefois recommencer sa vie est impossible car le temps écoulé est déjà passé, on ne peut pas retourner dans le passé ou revivre une même situation exactement de la même façon que ce que l’on a vécu. Dès lors on garde des cicatrices de ce passé qui est propre à chaque individu. Pourtant on peut trouver beaucoup de conseils pour parvenir à « refaire sa vie » après un fait marquant de l’existence. Par exemple : Décider qu'il est temps de prendre soin de soi et de sa vie, Prendre soin de son mental pour refaire sa vie… L’exemple le plus récurent d’une raison de refaire sa vie est de surmonter une difficulté sentimentale et plus particulièrement amoureuse. L’expression refaire sa vie prend alors le sens « d’aller de l’avant ». Aller de l’avant pour surmonter ses émotions mais également refaire sa vie pour ne plus vivre ce qui a déjà été vécu avec une autre personne. Toutefois, si l’on recommence sa vie avec un réel élan de renouveau, c’est-à-dire en changeant d’emploi, de lieu d’habitation, de fréquentations, etc… il y a toujours des phénomènes du passé que l’on ne peut pas changer, par exemple sa famille, et même si on les oublie, ils seront marqués en nous. L’exemple des traumatismes est un bon exemple. En effet si je vis un traumatisme quelconque et que je décide de changer de vie pour passer à autre chose et aller de l’avant, toutes mes actions, présentes et à venir seront influencés par la peur de revivre cet élément traumatisant. J’agirai alors inconsciemment dans le but de ne pas revivre un fait passé et non pas de refaire ma vie en faisant tout autrement. Peu importe les changements effectués il y a des choses qui marquent chaque individu et qui font ce qu’ils sont sans pouvoir changer cela.
De plus la société nous empêche de prendre un nouveau départ en gardant des éléments du passé. En effet dans nos sociétés actuelles, chaque fait et geste de chaque individu peut être conservé et contrôlé. La société garde des preuves ce qui rend quasi-impossible un changement total pour refaire sa vie. Par exemple un individu ayant enfreint la loi et ayant fait de la prison peut refaire sa vie en arrêtant ses infractions, en changeant de fréquentations et en reprennent le droit chemin mais d’un point de vie sociétal, son casier judiciaire sera conservé et il sera connu comme un délinquant toute sa vie par les personnes ayant accès à ses documents malgré les changements qu’il aura pu effectuer. Cette société de surveillance s’est amplifiée avec l’avènement de la technologie mais surtout d’internet. Par exemple si un individu décide de partir faire sa vie dans un pays étranger sans prévenir personne, si son entourage lance un avis de recherche, il suffira d’une photo de l’individu et on pourra le retrouver grâce aux caméras de l’aéroport, dans les rues ou encore grâce à son identité ou à son téléphone portable. De plus les réseaux sociaux empêchent également de refaire sa vie car tout ce qui a été posté sur le net peut nécessairement être retrouvé même si cela a été supprimé, dès lors il devient facile de nuire à une personne à l’aide d’un fait du passé de celle-ci.
Néanmoins nous avons tous des secrets qui peuvent nous permettre de vivre une « seconde vie » sans forcément avoir besoin refaire la « première » car les bouleversements seraient trop importants. Souvent les personnes menant une double vie la cache à leur première. Cette « seconde vie » se joue souvent sur le plan sentimental qui agit alors sur la vie entière de l’individu. En effet, La double vie s'apparente à un engagement réel. Les personnes qui vivent une double vie s'investissent pleinement dans chacun de leurs foyers. Cela peut impliquer des vacances, une participation financière et même parfois un mariage et des enfants. En général, l'infidélité est un extra, un petit plus excitant et agréable pour lequel au moins l'un des partenaires n'a pas du tout l'intention de quitter sa ou son conjoint(e) officiel(le). Ce sont souvent des hommes d'affaires, avec une carrière bien établie, qui passent la moitié de leur temps à l'extérieur. Ils ont deux partenaires bien complémentaires et ils réussissent à tout cacher à l'une comme à l'autre, et ce, dans un naturel déconcertant. Mener une double vie peut avoir bien des raisons différentes : volonté de changer de vie avec une peur bloquante « obligeant » en quelque sorte à ne pas faire de choix, volonté de combler un manque en créant un scénario de vie alternatif, se réfugier dans un autre « monde » pour échapper à ce qui peut déranger. Nous pouvons alors considérer que mener une double vie part d’un refus de refaire sa vie autrement, une peur de laisser derrière soi des faits passés ou encore présent qui ne nous conviennent plus car ils ont quelque chose de rassurant dans l’habitude ou encore dans la stabilité.
Les personnes menant une double vie on souvent également deux identités distinctes, nous pouvons donc nous demander si refaire sa vie nécessite toujours un changement d’identité personnelle.
Toutefois nous pouvons continuer nos vies différemment en changeant d’identité personnelle. Les expressions : « renaître » ou encore « se refaire », laisse sous-entendre qu’il est possible de refaire sa vie dans la peau d’un autre. Ainsi la question de notre propre identité est posée. « Sortir de soi » pour devenir quelqu’un d’autre néanmoins ce changement radical serait un danger pour l’être humain. L’expression « être hors de soi » pour désigner une personne qui s’énerve profondément met en garde du fait d’être étranger à soi-même, ce qui est la définition de l’aliénation, être quelqu’un autre peut dès lors être le commencement d’une pathologie. L’exemple de l’amnésie est alors pertinent. L’amnésie est une perte partielle ou totale de la capacité à se souvenir des expériences ou des événements survenus au cours des dernières secondes, des derniers jours ou plus loin dans le temps. L’être humain amnésique devient alors étranger à lui-même et refait sa vie en étant un autre car il oublie son passé. Cependant il est possible de guérir de cette pathologie et de se remémorer son passé notamment grâce à des souvenirs. Toutefois le changement personnel ne doit pas altérer l’identité sous peine de sombrer dans la folie. L’identité étant ce qui nous fait reconnaitre comme étant le même, que c’est bien de moi dont il s’agit. Le psychanalyste anglais Winnicott met en avant cette notion avec ce qu’il appelle « le faux self » : c’est-à-dire être quelqu’un d’autre, au sens où j’affecte ce que je ne suis pas. Je ne suis pas « moi-même », comme si j’étais prisonnier d’une image de moi qui n’est pas moi, qui est un masque sans consistance, emprunté, qui m’empêche d’être moi-même et qui me condamne à la facticité. Il ne s’agit alors pas d’être quelqu’un d’autre mais comme la formule de Paul Ricoeur être « soi-même comme un autre ».
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