Stalker - Philosphie Esthétique
Documents Gratuits : Stalker - Philosphie Esthétique. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresr le cynisme contemporain croissant, qu’il corresponde à l’embrigadement intellectuel de l’époque en URSS ou bien au mode de vie occidental, c’est pour mieux rendre compte des obstacles qui font reculer la spiritualité de l’homme.
Tarkovski fait le choix d’une Zone au graphisme imperturbable et pourtant si puissant. La Zone telle qui la montre est un endroit que l’on connaît si bien et qui pourtant est devenu si étrangère que l’on en vient à le craindre. L’omniprésence de l’eau et l’existence d’une civilisation technologique submergée par une force mystérieuse rend l’individu non initié vulnérable face à cette topographie énigmatique. Cette Zone devenue maudite et déshéritée dans des conditions inconnues vient à révéler les personnalités et les buts de chacun. Allégorie de la peur primale et de la désarmante incapacité des hommes à concevoir l’indicible, la Zone est présenté comme un retour de l’homme à son état de nature et le chemin qui conduit à la chambre à un retour au monde d’avant, où l’homme n’était pas encore corrompu par son expérience et sa dépendance à la matérialité. La question n’est plus de connaître la véritable nature de la Zone mais bien de chercher à accepter une spiritualité neuve afin d’accéder à une croyance pure. Le personnage de l’écrivain personnifie cette répulsion à affronter ses propres démons, à bouleverser les convictions qui régissent sa vie et à admettre son propre état de soumission naturel. Raisonnant invariablement et uniquement sur son propre sort, la réalité de la chambre lui semble inconcevable et il renie le dernier espoir qui lui est accordé car son manque de foi l’empêche de formuler son souhait. De même que le professeur qui ne voit dans la chambre dans que le danger éventuel de la réalisation de désirs intolérables.
Au travers de cet ardent mysticisme, car selon le réalisateur même la chambre n’est qu’une fable même si ses conséquences sont réelles, Tarkovski veut représenter la Zone comme le scandale absolu de la liberté dans un monde rompu avec lui-même. La Zone se révèle comme une provocation face au monde matériel, crée par le stalker dans le but d’imposer à ceux qui désirent arpenter son chemin l’idée d’un espoir. La représentation du monde sensible ne la rend dangereuse aux yeux du spectateur qu’au travers des comportements que choisissent d’adopter les personnages de l’écrivain et du professeur. Les dispositions de leur âme modifient continuellement la Zone, toujours en mouvement. Ainsi la vision de Tarkovski peut être associée à la pensée de Hegel qui soulignait que dans le monde du suprasensible, au delà du voile des apparences il n’existe rien si ce n’est ce que ce que l’individu y met quand il y jette un œil.
Ce scepticisme vis à vis du devenir du monde moderne et notamment de la société occidentale qu’il évoquera par un symbolisme fortement appuyé (voir plus bas) le conduit à comprendre l’inaptitude des intellectuels à croire et les limites de leur science. L’écrivain voit dans le stalker un véritable sophiste qui manifesterait les véritables émotions et les buts cachés, il ne serait finalement qu’un truqueur. Tandis que le professeur y voit un mystagogue, un révélateur des véritables dispositions de l’âme. Indécis sur la véritable nature de la chambre ils révèlent la faiblesse de leur spiritualité, accablés par ce qu’il ne peuvent assimiler. Au contraire le stalker voit dans la chambre une chance de guérir sa fille touchée par un mal mystérieux. Les derniers images sont incertaines et montrent la petite fille prouvant un don de télékinésie alors qu’un train suggéré passe entraînant dans son fracas l’échos de l’hymne à la joie de Beethoven. Cette alliance de l’image et du son témoigne de l’avenir incertain de ce monde rendu maladif par un sépia presque saturé et qui contraste avec la Zone verte et minérale.
Ces accents symboliques disséminés durant tous le film maintiennent le stalker et sa famille dans une sorte d’idéal diffus, une recherche du bonheur humain qui leur est interdit. Le stalker se révèle dans la position faible de l’utopiste déçu, inaudible dans un monde d’une désespérante rationalité qu’il déplore.
Au travers de son œuvre, Tarkovski
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