L'Esprit Nouveau, Apollinaire

is dans un second temps nous chercherons les limites de cette vision et les autres façons d’appréhender la poésie.

Nous allons donc analyser et commenter les dires d’Apollinaire.

Tout d’abord, dans son discours, Apollinaire prône le fait que l’on puisse prendre un moment ou un objet du quotidien pour faire de la poésie. Il pense comme Victor Hugo, qui dans Réponse à un acte d’accusation revendique le droit des auteurs d’utiliser des mots de tous les jours, même les plus vulgaires, s’ils le souhaitent. Il aimerait que ce ne soit pas un motif de rejet de certaines œuvres et veut révolutionner la poésie.

A l’époque de Baudelaire, poète du dix-neuvième siècle, rendre poétique un fait banal choquait. Aussi le poème en prose Le joujou du pauvre peut-il marquer le lecteur car il met en scène deux enfants venant de deux mondes très marqués (la richesse et la pauvreté) qui jouent avec un rat, symbole de saleté et de maladie …

Le poème Ode de Valéry Larbaud nous décrit de façon très poétique l’Orient-Express, qui est pourtant un moyen de transport, donc un objet normal. Cela prouve bien que les choses « vulgaires » peuvent très bien être la base de la poésie.

Ensuite, Apollinaire affirme que, certes les poètes sont les hommes du beau, mais pas seulement : ils sont aussi les hommes du vrai. Selon lui, c’est cette dernière caractéristique qui est la plus importante. En effet les hommes du « beau » sont plutôt les poètes qui font de « l’art pour l’art », ceux qui appartiendraient au mouvement Parnasse. Pour les parnassiens, l’art n’a pas à être utile, son seul but est la beauté. Ces poètes là ne font donc de la poésie que pour la beauté des images et des sonorités créées. L’exemple le plus caractéristique de la poésie insensée est le Sonnet en yx de Mallarmé. Ce sonnet joue uniquement sur les sonorités des mots avec des rimes en « Yx » et en « or », il ne possède pas de vraie signification…

Apollinaire pense que les poètes sont encore et surtout les hommes du vrai, je pense d’ailleurs qu’il se considère en tant que tel. Ces poètes donnent leur conception de la vérité, de comment ils voient le monde, et non de comment il est en réalité. Ce qui, selon eux, est vrai n’est pas forcément beau mais cela dépend de l’opinion du lecteur… Dans Une Charogne, Baudelaire compare son amour à une charogne ruisselante de vermine. A priori, n’importe qui penserait que ce sujet ne peut pas être celui d’un poème, et pourtant…

Enfin, les poètes ont leur propre vision du monde, ils nous font voir des objets d’une façon différente, ils ont leur vérité et nous la dévoilent dans des poèmes plus ou moins compréhensibles de tous. Apollinaire, dans L’avion, fait redécouvrir la machine et il transforme Le Pont Mirabeau en endroit où le temps passe et les souvenirs s’en vont… Les auteurs nous donnent leur interprétation parfois inattendue du monde qui les entoure, à nous lecteur d’en saisir toute la portée, de nous laisser surprendre par les pensées de ces poètes.

Il est vrai que la conception de la poésie d’Apollinaire semble complète, mais elle possède cependant des limites et n’englobe pas tous les styles de poésie existant déjà.

Nous allons maintenant voir les limites de cette vision et les autres objectifs de la poésie.

Il existe au moins une limite à cet esprit de redécouverte constante d’objets du quotidien : si le lecteur va de surprise en surprise, cela peut devenir lassant… De plus, si le poète exprime des idées trop abstraites, s’il est trop « dans son monde », des images inattendues pourront être incompréhensibles au lecteur. Il est donc risqué pour l’auteur de se laisser aller trop loin dans son imagination, des lecteurs risquant d’être hermétiques à son style. Par exemple, dans L’amour sans trêve de Artaud, je ne saisis pas le sens du poème qui est trop abstrait, bien sûr ce n’est que mon avis mais il n’est pas compréhensible par tout le monde ; il faudrait être dans le même état d’esprit que l’auteur, ce qui est difficile.

Apollinaire ne parle pas de la poésie engagée ni de la poésie lyrique dans sa vision de la poésie. Pourtant ces formes occupent une place importante dans la littérature. Pour ce qui est de la poésie engagée, il y a beaucoup d’auteurs comme Victor Hugo qui utilisent ce moyen pour dénoncer certaines injustices. D’ailleurs le poème Souvenir de la nuit de quatre de Hugo représente bien cette poésie, rien que par la façon dont l’auteur présente son sujet, en faisant parler la grand mère d’un enfant tué par des soldats napoléoniens… Ce poète, qui était opposé à Napoléon III, s’est beaucoup servi de la poésie afin de le dénigrer. La poésie lyrique est également très présente dans les poèmes. On ne compte plus le nombre de poètes qui expriment leur amour, haine, tristesse, joie, tout simplement leurs sentiments à travers les poésies. Pour en citer quelques-uns, on peut dire que Paul