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La Psychologie Carcérale

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différences en ce qui concerne le cadre (en prison et en libéral).

Le métier de psychologue en milieu carcéral est une spécialisation du métier de psychologue défini par la loi n°85.772 du 25 juillet 1985 publié dans le Journal Officiel du 26 juillet 1985. Pour pouvoir exercer dans le milieu pénitentiaire, il faut être titulaire d’un DESS de psychologie clinique et avoir fait une formation dans un des différents domaines qui touchent à la prison. Dans un établissement pénitentiaire, il existe différents types de psychologues. Le travail de certains est plus axé sur le personnel alors que d’autres ne sont que des visiteurs de prison. Nous avons défini quatre statuts du psychologue. Ils résultent non seulement d’un travail mais aussi d’un statut différent.

. Le premier est employé par l’administration pénitentiaire. Il a le statut d’ingénieur ou d’agent de première catégorie et a pour rôle un soutien technique et psychologique du personnel ainsi qu’une aide pour le recrutement. Ce premier psychologue réalise des entretiens d’accueil des détenus et peut mettre en place des bilans psychologiques. Il doit être titulaire d’un DESS de psychologie. . L’expert est un psychologue nommé par un juge. Celui-ci ne se soumet pas au secret professionnel. En effet, son objectif consiste à recueillir des informations sur l’aspect et la personnalité du détenu, c’est un psychologue qui exerce en libéral. . Recrutés sur concours, les psychologues de la Fonction Publique Hospitalière travaillent dans le cadre des Services Médico Psychologiques Régionaux. Ils ont pour rôles de prévenir les affections mentales en milieu pénitentiaire, de mettre en œuvre les traitements psychiatriques, de lutter contre l’alcoolisme et la toxicomanie et enfin d’assurer la continuité des soins en coordination avec les équipes de secteurs. Ils offrent aussi des possibilités d’entretiens thérapeutiques auprès des détenus qui en font la demande. Le recrutement se fait sur concours de la Fonction Publique Hospitalière. Les psychologues qui travaillent en SMPR peuvent cumuler plusieurs postes.

Le psychologue en milieu carcéral obéit au même code de déontologie que les autres psychologues. Son rôle est d’aider les personnes incarcérées à supporter le traumatisme qui découle de leurs conditions de vie qui peuvent avoir un effet dévastateur sur un psychisme déjà fragile. Il s’agit aussi d’aider les détenus à s’approprier leur peine, à en comprendre le sens et ainsi à prendre conscience de la portée de leurs actes et de la nécessité de la sanction afin d’accéder à une plus grande responsabilité. Il s’agit aussi de préparer l’avenir des détenus en leur évitant de retomber dans un système de récidive permanent.

C’est donc cet aspect du psychologue carcéral dont il va être question lors de notre comparaison des cadres thérapeutiques entre le milieu pénitentiaire et le milieu extérieur. Le psychologue doit fixer des règles afin que l’entretien clinique soit le plus bénéfique possible pour le patient. Un double travail d’adaptation s’opère de la part du psychologue.

L’entretien clinique a pour but de « rééduquer les émotions » ; c’est une saisie sensorielle globale du psychologue par le patient qui a besoin de l’entendre, de le voir, de se repérer à ses mimiques, sa gestuel (« toucher » son corps par le biais du regard). Il faut donc pouvoir bénéficier d’un cadre pour arriver à ce rapport de confiance mutuelle. Anzieu, D (1987) compare le cadre thérapeutique à un « contenant maternel », à une enveloppe protectrice, élaborée et garantie par le psychologue, « une seconde peau psychique » ; les pensées du sujet, bien dans cette peau, peuvent s’exprimer. Le cadre doit donc être un endroit agréable, où l’on se sent rassuré…

Un psychologue qui travaille en libéral, exerce dans un cabinet. Des fauteuils y sont installés, l’atmosphère est calme et propice au transfert. Son cabinet dispose d’une salle d’attente. Il peut être assisté d’une personne qui gère son agenda. Dans le cadre de la prison, il est déjà important de rappeler que le psychologue justement travaille en prison, et non dans son cabinet ou dans un hôpital même s’il appartient à une équipe hospitalière (SMPR). Cela se traduit par le fait que le psychologue n’est pas « chez lui », mais dans des locaux de soins, hébergé par l’administration pénitentiaire. Il doit donc oublier le cadre du psychologue en libéral. Pascal Golovine, psychologue en Centre de Soins Spécialisés pour Toxicomanes (CSST) du Service médico-psychologique régional (SMPR) de la prison de Fresnes, témoigne dans un article des conditions du psychologue dans l’enceinte de la prison : « Exercer à Fresnes oblige à faire le deuil d’un cadre thérapeutique matériellement organisé. Espace idéalement constitué d’un bureau identifié, de fauteuils confortables et incluant la stabilité du lieu et la régularité des rencontres : autant d’éléments dénués de sens pour nos interlocuteurs pénitentiaires et médicaux. Le seul cadre stable sur lequel baser nos interventions demeure l’ensemble de nos outils conceptuels intériorisés et affinés au fil de l’expérience clinique. » (Golvine, P. 2004).

Ce cadre défaillant oblige les acteurs à une construction imaginaire à la fois préexistante et recréée à chaque rendez-vous. Si cette illusion volontaire commune privilégie la réalité psychique au détriment d’une réalité environnementale, au thérapeute de faire en sorte que le patient réinvestisse cette réalité et comble les manques.

Sürig, B (2008) décrit dans son livre « Une psy à la prison de Fresnes » son lieu de travail : une petite cellule de 9m2 faisant office de bureau lui était destinée. 11 portes la séparaient de l’extérieur et les barreaux aux fenêtres donnant sur une petite cour, elle aussi grillagée, lui rappelaient qu’ici c’est l’enfermement…

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