La Teralité
Mémoire : La Teralité. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresion à l’école maternelle se répercute-t-il dans l’enseignement primaire ? Fort de ce questionnement, nos propos viseront à démontrer que l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, qui sont des acquisitions motrices complexes, dépend d’une bonne structuration du schéma corporel de l’enfant et donc, d’une latéralisation stable qui est facilitée par la pratique d’activités motrices à l’école maternelle et en EPS.
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Mucchielli La prévention de la dyslexie à l’école 2004 Paillard Comment le corps battit l’espace ? 1987
Productions Méthodologiques et Thématiques en Education – N° 1 – Juin 2008
Dans un premier temps, nous mettrons en évidence la manière dont la latéralisation se construit chez l’enfant en s’intéressant aux différents facteurs qui influent celle-ci. Effectivement, la latéralité manuelle peut être expliquée en partie par des facteurs génétiques qui interagissent avec des facteurs environnementaux ainsi que par l’activité quotidienne du sujet qui va influencer la stabilisation du système cérébral chez l’enfant. Dans un second temps, nous mettrons en lumière la relation directe entre cette latéralisation et l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. En effet, l’écriture et la lecture dépendent de la stabilisation de la latéralité chez l’enfant facilitée par la pratique d’activités sportives. La latéralisation est un phénomène essentiellement humain qui consiste à préférer se servir d’une main plutôt que de l’autre. Ainsi, chaque individu possède sa propre latéralité qu’il soit droitier ou qu’il soit gaucher. Cette latéralité peut s’exprimer à travers deux composantes : la préférence et la performance58. En effet, la préférence manuelle correspond à la main que l’enfant va utiliser dans la plupart des activités quotidiennes, et la performance manuelle renvoie à la main la plus rapide et la plus précise. Préférence et performance manuelles constituent donc deux facettes complémentaires de la latéralité manuelle d’un individu. Chaque sujet sollicite alors ces deux particularités de manière spécifique. Or, dans la société, les êtres humains sont, en grande majorité, droitiers avec 85 à 90% des individus qui écrivent de la main droite59. Cette prévalence de la main droite peut donc s’expliquer au travers de facteurs environnementaux, culturels, de facteurs génétiques et enfin au niveau cérébral. Tout d’abord, pour ce qui est des facteurs environnementaux, leurs rôles semblent indiscutables dans le processus de latéralisation sans que toutefois les autres facteurs soient isolés. En effet, dans un premier lieu, il est important de mettre en évidence le rôle de l’environnement biologique sensoriel pré et post-natal60. Au cours des dernières semaines de gestation, le fœtus est la plupart du temps retourné, tête vers le bas, et se trouve en général orienté latéralement par rapport à la mère, un bras contre la paroi abdominale et l’autre vers l’intérieur du bassin. Cette position s’appelle l’orientation occipito-iliaque. D’après une étude déjà ancienne de Grapin et Perpère61 en 1968, les fœtus ayant un engagement occipito-iliaque gauche se retrouvent plus droitiers alors que les fœtus ayant un engagement occipito-iliaque droit se retrouvent plus ambidextres ou gauchers. De plus, parmi les influences prénatales invoquées pour expliquer pourquoi certains enfants deviennent gauchers, notons également le taux hormonal. Effectivement, d’après Geschwind et Galaburda62 en 1985, la gaucherie manuelle aurait parfois pour origine l’effet de la testostérone sur le développement du cerveau. Enfin, d’autres facteurs comme les grossesses ou les accouchements difficiles et la prématurité influenceraient positivement la gaucherie. Pour ce qui est des influences postnatales, la position du nourrisson « couché sur le dos »63 favoriserait davantage une latéralité droite que la position sur le ventre qui, elle, induirait moins d’asymétrie dans l’utilisation des deux mains. De plus, les soins apportés aux bébés tels que la manière de le porter (bras gauche ou bras droit) pourraient être responsables de la mise en place d’asymétries. Ainsi, l’environnement pré et post-natal provoque donc une influence sur la latéralité de l’enfant. Dans un second lieu, il convient de mettre en évidence les différentes attitudes culturelles explicites vis-à-vis de la latéralité manuelle qui souligne le rôle de l’environnement. En effet,
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Fagard Droitiers/Gauchers Des asymétries dans tous les sens. 2004 Galifret, Granjon Latéralisation et latéralité chez l’enfant. 1984 60 De Agostini, Dellatolas Environmental influences in hand preference. 1997 61 Grapin, Perpere Symétrie et latéralisation du nourrisson, Main droite et main gauche. 1968 62 Geschwind, Galaburda Cerebral lateralization: biological mechanisms, associations and pathology. 1985 63 Van Der Meer, Van Der Weel, Lee The functional significance of arm movements in neonates. 1995
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pendant longtemps, la répression anti gauchers64 était fortement présente dans toutes les populations où la main gauche était considérée comme la main réservée aux activités plus nobles et publiques. Ainsi au cours des dernières décennies, aussi bien la famille que l’école, de part cette influence culturelle, poussaient l’enfant qui avait une tendance naturelle à utiliser spontanément la main gauche à modifier sa manualité en faveur de la main droite. Cela permit alors l’apparition de la classe des gauchers contrariés65 contraints à utiliser la main droite par ces pressions sociales. De nos jours, l’interdiction explicite d’utiliser la main gauche, souvent basée sur des textes religieux, a disparu dans les pays anglo-saxons et dans les pays occidentaux. Ainsi, dans plusieurs pays occidentaux et notamment en France, le pourcentage de gauchers est passé de 4% à 12% et de 2,5% à 11%66 en Amérique du Nord, ce qui témoigne d’une grande tolérance culturelle et de l’influence directe du milieu. Or dans d’autres cultures, cette répression est encore présente comme notamment au Japon où le pourcentage de gauchers varie de 0,7 à 1,7% et au Soudan, où le pourcentage est de 5% de gauchers. D’où, les influences socio culturelles demeurent encore très fortes dans certains pays, ce qui confirme que les pressions sociales agissent sur l’acquisition de la manualité et de la latéralité pour l’enfant. Parallèlement à ces pressions explicites de l’environnement contre l’utilisation de la main gauche, nous pouvons également évoquer le rôle implicite de l’environnement. En effet, l’influence du milieu familial se manifeste plus ou moins en fonction de la latéralité des parents dans la mesure où les parents droitiers exercent inconsciemment plus de pressions sur leurs enfants quant à l’utilisation de l’une ou de l’autre main, que les parents gauchers. De plus, Harkins et Uzgiris67 en 1991, mettent en évidence le rôle de l’imitation précoce dans l’utilisation préférentielle d’une main car ils constatent un fort niveau de concordance entre la main utilisée par la mère et celle utilisée par le bébé. Ces influences parentales et le rôle de l’imitation mettent donc en relief l’influence implicite du milieu. Egalement, ce milieu exerce une pression implicite contre l’utilisation de la main gauche dans la mesure où nous vivons dans un monde de droitiers où la vie pratique est organisée autour des droitiers (ouvre-boite, ciseaux, poignet de porte,…) et les gauchers appartiennent à une classe minoritaire. Enfin, la pression morale représente aussi un facteur qui influence la latéralité de l’enfant, d’après Janssen68 avec des expressions comme « se lever du pied gauche » qui véhiculent une image négative de l’utilisation de la main gauche de nos sociétés. Ainsi, par son rôle implicite et explicite, l’environnement influence donc la latéralité manuelle de l’enfant. Après avoir étudié successivement les facteurs environnementaux à l’origine de la préférence latérale, nous envisagerons une possible explication génétique de la stabilité de la prévalence de la latéralité. Tout d’abord, nous mettrons en évidence la probabilité d’une hérédité de la latéralité. En effet, d’après les données de McManus et Bryden69, deux parents droitiers ont environ 8% de chances d’avoir un enfant gaucher ; cette proportion s’élève à 20% lorsque l’un des parent est droitier et l’autre gaucher ; et enfin lorsque les deux parents sont gauchers, ils ont 26,1% de chances d’avoir un enfant gaucher. Ceci confirme donc la cause familiale, héréditaire mais que les facteurs génétiques ne sont pas les seuls à entrer dans la détermination latérale. La latéralité des parents influe sur la latéralité des enfants, cependant il faut lier à cela les facteurs environnementaux ainsi que l’apprentissage.
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Fagard, Dahmen Cultural influences on the development of lateral preferences: a comparison between French and Tunisian children. 2004 65 De Agostini, Doyen Le développement de la latéralité manuelle chez l’enfant. 2005 66 Rigal Motricité humaine: fondements et applications pédagogiques. 2002 67 Harkins Uzgiris Hand-use matching between mothers and infants during the first year. 1991 68 Janssen Foundations of a functionnal theory of human
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