Texte Sur L'Identité

certain nombre de traits ou d'états (qui peuvent d'ailleurs changer, du moins certains d'entre eux) :

âge, nationalité, sexe, état civil, lignée, lieu d'habitat, compétence (métier, niveau d'étude), voire ethnie, religion, groupe linguistique, traits physique, etc. La validité de ces instruments varie selon les conditions plus ou moins possibles de contrôle légal ou social : certification par une autorité légitimée, recoupements, vérifications, confrontations à d'autres sources...

Tout hôtelier sait qu'il doit, en principe, confronter la déclaration de son client au passeport de celui-ci (dont il n'oubliera pas de demander de mentionner la référence ni de le consulter). Tout futur employeur sait aussi qu’il est prudent de valider la déclaration des candidats à un poste, en exigeant certains documents plus ou moins officiels (diplômes, références, certificats) ou certaines attestations, voire en procédant à des vérifications auprès d'employeurs antérieurs. Dans certains cas, l'identité induite sera telle que la vérification ne paraîtra pas nécessaire, les éléments communiqués étant jugés suffisants pour établir que le client de l'hôtel « ne fera pas problème » ou que le postulant correspond à sa déclaration. Depuis la photo d'identité (qui accompagne, en général, la carte d'identité ou la fiche d'identité) jusqu'aux caractères du graphisme (signature, écriture manuscrite), les indices d'une identité connotée ne manquent pas, certains d'entre eux laissant parfois au destinataire une impression de confiance, voire de compétence.

Ainsi la déclaration de l'identité apparaît-elle, pour celui qui la recueille, simultanément acte de connaissance et de reconnaissance, signe d'agrément et de sécurisation, outil d'aide à la décision. Dans bon nombre de cas, elle sera aussi élément affectif de retrouvailles, d'affinités partagées, de caractéristiques communes, permettant le « rapprochement ».

Tout autant que de l'ordre de la connaissance, l'identité communiquée relève de l'ordre du jugement, de l'attitude, de l'échange. Grâce à la communication de l'identité, le destinataire peut trouver la personne déclarante digne de confiance, la reconnaître, l'estimer ou au contraire la juger digne de peu de confiance et de peu d'estime. La forme par laquelle le destinataire reçoit une identité jugée convenante à ses yeux, appelons-la « assimilation ».

Dès le moment où la communication de l'identité contribue à « situer chacun à sa bonne place », il n'est plus guère étonnant que les actes de déclarations d'identité soient des actes inscrits dans la quotidienneté des communications.

Utilisant divers outils, permettant de mettre en place des modes de validation à fiabilité variable, intervenant dans les échanges sociaux pour classifier le proche et le lointain, « l'ami et l'ennemi », « le semblable et le différent », la déclaration d'identité est une opération éminemment stratégique. Elle permet à celui qui l'effectue de « bien apparaître », de « valoriser » quasi à son gré certains attributs selon l'ordre et l'importance qu'il leur confère, et aussi d'affabuler, de dissimuler, voire d'usurper.

Tous ceux qui établissent un curriculum vitae en savent quelque chose en matière d'assimilation, lorsqu'ils puisent dans des manuels réalisés à leur intention les conseils stratégiques qui les aideront à se placer dans de bonnes conditions pour « bien apparaître ».

Une voix dissonante, Benetton

Parmi toutes les grandes campagnes actuelles de communication d'entreprise, il en est toutefois une qui semble entrer en dissonance avec les propos que nous avons émis sur l'identité. Si elle fait beaucoup parler d'elle dans les médias, la communication de Benetton paraît en effet en porte à faux par rapport à la majorité des productions des stratèges de la communication. Le moins que l'on puisse dire à son sujet, c'est