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Bfmisation de l'information

Commentaire de texte : Bfmisation de l'information. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  10 Novembre 2018  •  Commentaire de texte  •  10 137 Mots (41 Pages)  •  701 Vues

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Table des matières

Introduction        3

I-        Arrivée d’un nouveau phénomène dans les années 2005        4

a)        Présentation        4

b)        Explication de son succès        6

II-        Rupture avec l’histoire de l’information télévisée et crédibilité        9

a)        Explication        9

b)        Exemple        11

III-        « Bfmisation » de la vie politique        14

a)        Banalisation de la politique grâce à l’évolution des formats dédiés        14

b)        Un outil de communication pour les politiciens        16

Conclusion        20

Sources :        21

Introduction

La couverture médiatique par BFMTV des attaques terroristes contre l'Hyper Cacher le 9 janvier 2015 ont suscité de multiples réactions. En effet, BFMTV a divulgué des informations au moment même où la prise d’otage se déroulait. Ce n’est pas la première fois que la chaine faisait polémique, en effet de l'annonce erronée de la mort du terroriste Mohamed Merah en 2012 à la couverture discréditant les manifestations pro et anti mariage pour tous en 2013, la chaine d’information en continu a provoqué la colère du monde politique à de nombreuses reprises.

Créée le 28 novembre 2005, BFMTV est la benjamine des chaînes d'information en continu françaises et sa première place en termes d'audience et de notoriété peut surprendre. Sa principale concurrente, iTélé, appartient au groupe Canal+ et a été crée en 1999, et la plus ancienne chaine, LCI, a été crée en 1994. Malgré ces chaines concurrentes, BFMTV incarne en 2015 l’esprit de l'information en continu et revendique haut et fort ce statut en affichant sur ses écrans un slogan très percutant : « BFMTV, 1re chaîne d'info de France ».

La priorité au direct de la chaine s'inscrit dans la logique des médias numériques (instantanéisme et exclusivité) qui remet alors en question le sens et la valeur de l'information. Les informations ne sont plus approfondies et analysé mais restitué en temps réel.

Que ce soit les journalistes ou professionnels de la politique, certains critiquent ce mode de fonctionnement car il amènerait à la dégradation de la parole politique et à la dévalorisation du travail journalistique.

Pour concentrer l'ensemble des critiques adressées au traitement médiatique de l'actualité, une phrase a fait son apparition : la « bfmisation de l’information »[1].

Avec les possibilités offertes par Internet et par la diversification de l'offre télévisuelle, la politique occupe beaucoup de place dans les médias. Ceci pose de nombreuses questions en vue des rejets croissant dont elle fait l'objet chez les citoyens et des records d'abstention lors des grands votes.

Pour comprendre ce que certains appellent la « bfmisation de l’information », il faut garder à l’esprit que la principale direction de BFMTV repose sur une promesse fort : « Priorité au direct ». Le slogan, marque de fabrique de la chaîne, permet de mieux comprendre les questions et les polémiques dont elle fait régulièrement l'objet. Le projet d'une information rapportée en temps réel, sans délai de réflexion, interroge en effet le rapport du téléspectateur à l'image, celui des responsables politiques à la communication et celui des journalistes à l'information.


  1. Arrivée d’un nouveau phénomène dans les années 2005

  1. Présentation

L’information a connu ses débuts au Moyen-Age avec de nombreux faits divers et évènements. Un peu plus tard au 16e siècle, les journaux cherchaient à surprendre le lecteur et mettaient notamment en scène des femmes. Le journalisme quant à lui a longtemps été contrôlé par le pouvoir (avant la loi du 29 juillet 1881[2]) et les écrivains n’étaient pas vraiment respecté par les lecteurs. A la fin du 19e siècle, l’industrialisation de la presse fait son entrée. La concurrence entre les différentes agences de presse fait naître la course au scoop, tout en laissant de la place pour la presse d’opinion telle que l’affaire Dreyfus en a fait l’objet. C’est dans les années 1880s que les premières télévisions font leur apparition puis dans les années 1990 les premières radios.

Depuis ces dernières années, les différents médias se livrent à une concurrence féroce et la course au scoop est engagée. L’important n’étant plus d’offrir une information exigeante et de qualité mais de relater les faits des différents évènements le plus rapidement possible afin d ‘attirer un large audimat. Cependant, certains journaux d’opinions perdurent et offrent à leurs lecteurs une vision réfléchi, de qualité.

Depuis 10 ans BFMTV est devenue très important dans le paysage médiatique français. La chaine a été créé par Alain Weill et atteint à cette rentrée 2017 les 3,1% de parts d'audience. Néanmoins, elle est tout de même parvenue à se positionner en leader français de l'information en continu. La notoriété de la chaine interpelle et des questions se posent. Si BFMTV a réussi à monter en puissance afin de se placer à la première place des chaines d'information en France dans un environnement pourtant très concurrentiel, c'est qu'elle a su valoriser la promesse du direct, ce qui nous montre son authentique stratégie de marque médiatique.

Pour comprendre les origines du succès rencontré par BFMTV, il faut revenir au contexte de transformations techniques et médiatiques dans lequel la chaine a vu le jour.

En 2005, année de naissance de BFMTV, ce n’est pas encore le temps des smartphones ou encore du triomphe des réseaux sociaux. Il y a encore des progrès à faire en termes d'accès à Internet par l'amélioration des infrastructures, des équipements et des services permettant aux utilisateurs, dans toute la France, de naviguer en ligne. Les promoteurs de l'économie numérique ventent une « société numérique » qui n'est cependant pas synonyme d'une réelle égalité des citoyens dans l'accès à Internet. On peut observer à l’époque de la création de la chaine un ensemble de disparités géographiques, sociales et générationnelles que l’on appelle fracture numérique, malgré le fait que le secteur reste très dynamique. Le développement du haut débit, la généralisation d'offres commerciales (Internet, télévision, téléphonie) et l’amélioration grandissante des technologies et des écrans contribuent à une nouvelle vie culturelle Française. On peut alors appeler le Web « l’autoroute de l'information ».

Le lancement de BFMTV en 2005 se fait dans un contexte de grande conversion de la société française au numérique. Alors que tout le système médiatique doit s'adapter, la TNT[3] voit le jour. Elle offre au public français plus de soixante chaines, et permet la transition de la télévision analogique à la télévision numérique en seulement 6 années. La mise en place de la TNT accentue la diversification de l'offre télévisuelle. BFMTV envoie un projet au CSA[4] après l'appel d'offres du 14 décembre 2004 et prévoit d'être la télévision de « l'information économique pour tous »[5]. L’aspect économique du projet d’Alain Weill semble constituer sa marque de fabrique, mais quelques semaines de diffusion sur la TNT suffiront à la chaine pour afficher sa propre identité. BFMTV dédie ses programmes à l'actualité économique, soit le respect de ses engagements, mais réussi tout de même à se définir très rapidement comme une chaine d'information en continu généraliste.

En 2006 le CSA dresse un bilan sur BFMTV et fait part de sa perplexité par rapport à la direction qu’a prise la chaine. Le rapport montre bien que « la spécificité économique de l'éditeur, fût-elle réelle, pédagogique et non exclusive, demeure difficilement appréciable »[6]. Observant plus en détail la programmation de la chaine, le CSA pense que cette impression de flou vient de la répétition des flashs dédiés à l'économie, mais également de la transparence marquant la frontière entre informations généralistes et économiques. Les années suivant le bilan confirment les propos du CSA. BFMTV assume entièrement son identité éditoriale en proposant aux téléspectateurs une information en continu généraliste et grand public. En 2013, l'essentiel de sa programmation, soit environ 86% du volume d'antenne total, est consacré aux journaux et magazines d'information. Fidèle à son slogan, la chaine propose 20 heures de direct par jour. Elle réserve une place très importante à l'actualité et à la couverture médiatique de grands événements nationaux et internationaux, qui font l'objet d'éditions spéciales. Les dimensions économiques et financières du projet initial de la chaîne ne constituent plus qu’une petite partie de sa programmation.

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