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Cinéma de Godart

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Il lui répond alors :

« Il faut bien qu’elle s’instruise la pauvre petite. On commence à vivre un peu trop dans un monde d’abruti. »

Le cinéma est une activité qui instruit, sous entendu que la plupart des gens feraient mieux de s’y rendre, que se serait le moyen de relever la culture et la réflexion des gens.

On voit très bien dans ce film que la culture est très importante pour Godard. Les citations de divers auteurs se succèdent tout au long du film, ainsi que les références à l’art. On peut voir plusieurs plans sur des œuvres, rappelant pour certaines le pop art, d’autres sont des œuvres de Renoir, de Van Gogh, des œuvres cubistes, de De Staël, de l’art conceptuel avec les plans sur des néons et les inscriptions « CINEMA », « RIVIERA »…

Un des nombreux plans du film, faisant penser à la BD

Il met donc en scène la culture qu’il introduit dans la logique du film. Ce film est aussi truffé de réflexion, répliques, poussant le spectateur à réfléchir sur des sujets divers tels que la vie de tous les jours, la société, la guerre, l’amour, la liberté… à travers des répliques aussi différentes que : « Je me fiche des livres, des disques, même de l’argent. Ce que je veux c’est vivre. » (Marianne) ; - « Fais leur quelque chose qui leur plaît. » (Ferdinand) - « Je sais. La guerre du Vietnam. » (Marianne) ; ou encore « Heureusement que j’aime pas les épinards. Sans ça, j’en mangerai alors que je ne peux pas les supporter. » (Ferdinand)

Ferdinand lors de la réception avec à droite le producteur

Quelques minutes plus tard, alors que Ferdinand se rend à une réception organisé par Mr et Mme Expresso (ses beaux-parents), il rencontre un producteur américain qui va nous donner une deuxième définition du cinéma qui inclut la notion d’émotion:

* Ferdinand : « Qu’est-ce que le cinéma ? »

* Le producteur « Une bataille : amour, haine, action, violence. L’émotion. »

Il définit le cinéma par une émotion mettant en scène conflits, l’absolu, les extrêmes, les sentiments…

Pierrot le Fou pourrait être l’exemple même de ce principe du cinéma. Il met en scène l’amour absolu entre ces deux personnages mais en même temps impossible, amour qui mènera jusqu’à la mort. Il mêle violence et douceur, poésie : meurtre et poésie de Ferdinand. On y retrouve deux personnages complètement différents : Marianne est impulsive, empreinte du réel, manipulatrice, elle tue, trahit, veut vivre… Ferdinand est poète, rêveur, fuit le réel, ne comprend pas Marianne : « Tu me parles avec des mots et je te regarde avec des sentiments. » (Marianne à Ferdinand). Ces notions d’absolu, de poésie, de contradiction prennent leur apogée à la fin lorsque Ferdinand va pour se suicider, mais qu’au dernier moment il réagit : « Après tout je suis idiot… » Il va pour renoncer à se suicider et finalement fait tomber l’allumette qui fera exploser la dynamite qu’il a autour de la tête.

Godard, à travers plusieurs scènes de ce film, caricature le cinéma traditionnel, l’ironise en nous montrant qu’il est bien souvent stéréotypé. Nous allons en voir deux exemples :

La première est une scène d’amour, lorsque Marianne et Ferdinand s’enfuient, Godard nous fait part d’une scène d’amour entre eux deux lorsqu’ils sont dans la voiture :

Ferdinand : « Je met ma main sur ton genou. »

Marianne : « Moi aussi. »

Ferdinand : « Je t’embrasse partout. »

Marianne : « Moi aussi. »

[…]

Ils disent leurs gestes au lieu de les faire. On peut voir là dedans une caricature des scènes d’amour traditionnelles ou cela tourne souvent à l’eau de rose avec des dialogues plats pour montrer leur amour et des gestes plus qu’expressifs pour être sûr que le spectateur comprenne bien qu’ils s’aiment. Ici en utilisant cette pratique, Godard mêle le jeu de l’acteur et le dialogue, le dialogue remplace le geste et cela crée un effet plutôt ironique et caricatural.

Une autre scène, renvoie au même phénomène. Vers la fin du film, Fernand est sur la berge d’un pont, il y a un personnage interprété par Raymond Devos qui lui raconte trois histoires avec trois femmes différentes et toujours une musique de fond. Il en vient au fait qu’il ne peut plus supporter sa femme. Le dialogue se termine par :

* Raymond Devos : « Vous entendez la musique ? »

* Jean-Paul Belmondo : « Non ! »

On peut voir ici une référence aux musiques stéréotypées, douces et émouvantes, que le cinéma traditionnel utilise habituellement comme fond sonore pour toutes sortes de scène d’amour.

Le second exemple d’une scène qui ironise le cinéma traditionnel se situe vers la fin du film, on retrouve Ferdinand dans un bar. Alors qu’il est assis à une table, un inconnu vient s’asseoir en face de lui. Il lui dit qu’il est l’homme qui lui avait prêté cent mille francs et qu’il est aussi le mari de la femme avec qui il a couché. Alors que le spectateur s’attend à ce que l’homme lui en veule ou tout du moins lui mette son poing dans la figure, il lui demande gentiment comment se passe ses vacances, puis s’en va comme si de rien n’était.

Godard crée ici un effet de surprise, et en même temps piège le spectateur. Cela choque et nous montre que notre pensée est stéréotypée par des films traditionnels. Il nous montre que non le cinéma ne représente pas la vraie vie, car cette scène dans la vie réelle est très peu probable.

Dans cette seconde partie nous verrons que Godard nous donne l’impression dans ce film, de se poser des questions tels que : qu’est-ce que le montage ? le plan ?… Il expérimente des pratiques originales qui repoussent les limites habituelles du cinéma.

Même si au début du film, Godard possédait une trame précise du film, il garde tout

de même un scénario évolutif, c’est un point très spécifique des réalisateurs de la nouvelle vague. On imagine donc que la version initiale fut très différente de la version finale. Ainsi sa pensée peut évoluer et le scénario évolue en même temps que le tournage. Cela donne parfois l’impression d’un film expérimental, difficile à suivre où on a plus l’impression de suivre des questionnements, des voix… que la trame d’une histoire narrative classique.

La mis en scène est plutôt originale dans le jeu des acteurs. En effet ceux-ci ont une façon de parler plate, morne, on a souvent l’impression qu’il n’y a pas une phrase plus haute que l’autre. Comme si tout se valait. Cela ne fait que renforcer l’émotion et attirer encore plus l’attention du spectateur sur ce dialogue qui semble être fait de phrases pleine d’idées fortes, militantes, d’émotions… mais dites sur un ton morne comme si cela était banale.

On peut voir dans ce film des plans tout à fait originaux. Les acteurs sont souvent cadrés de manière non commune. Par exemple on voit les têtes des

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