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Défis de Limagrain

Étude de cas : Défis de Limagrain. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  26 Novembre 2021  •  Étude de cas  •  8 809 Mots (36 Pages)  •  391 Vues

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Le 16 janvier 2013, le Conseil d’Administration de l’entreprise Vilmorin & Cie annonçait l'attribution d’une action gratuite contre dix anciennes détenues. Il s’agissait pour la direction de l’entreprise de remercier les actionnaires et de partager avec ces derniers les bons résultats de l’année écoulée. Les analystes financiers accueillaient avec enthousiasme la démarche de l’entreprise. Cette remontée de dividendes aux marchés financiers pourrait à première vue laisser penser que Vilmorin & Cie est une entreprise cotée en bourse obéissant aux canons de la gouvernance actionnariale. Dans les faits, la société Vilmorin & Cie appartient majoritairement à une coopérative agricole, Limagrain. Cette dernière, qui au fur et à mesure de son développement industriel et de son internationalisation, a su maintenir les valeurs de la coopération et a fait de l’entreprise un outil au service des agriculteurs de la plaine de Limagne (Auvergne, France). Mais la distribution d’actions gratuites aux actionnaires signifierait-elle l’abandon des principes de l’entreprise coopérative au profit d’une logique plus financière ?

I. Histoire de Limagrain

Limagrain est aujourd’hui un groupe coopératif, acteur majeur de son secteur d’activité : 1er semencier européen, il se situe au 4ème rang au niveau mondial si l’on intègre des nombreuses filiales et compte quelques 8000 collaborateurs répartis dans 41 pays. Son chiffre d’affaires s’élève à 1,784 milliards d’€ en 2012 contre 1,555 M€ en 2011, soit une augmentation de plus de 14,7% en un an. L’activité de Limagrain a connu une augmentation constante ces dix dernières années et l’objectif avoué est d’atteindre à moyen terme 2 milliards d’euros (pour info : CA réalisé en 2019 : 1,9 milliards). Limagrain se structure autour de trois grands domaines : les semences de grandes cultures, les semences potagères (1ère place mondiale) et les produits céréaliers. Grâce à ses nombreuses créations et acquisitions réalisées depuis les années 1990, Limagrain compte aujourd’hui 27 marques parmi ses actifs (voir annexe I et II). S’ajoutent à cela plus d’une centaine de stations de recherche (employant 2160 personnes dont 400 chercheurs) implantées dans le monde entier. L’effort en recherche et développement est considérable puisque 24% des effectifs (9000 salariés en tout) se consacrent à cette activité. Comment une modeste coopérative située au cœur du Massif Central a-t-elle pu parvenir à étendre son périmètre d’activité jusqu’à devenir un des leaders mondiaux de son secteur ?

La coopérative Limagrain est née en 1942 au cœur de la Limagne, plaine agricole fertile située dans le département du Puy-de-Dôme et dans une période difficile, pour les agriculteurs et les français en général. La guerre et la sécheresse rendent l’approvisionnement en semence de blé compliqué du fait de l’occupation allemande. Les agriculteurs peinent à s’approvisionner et certains d’entre eux ressentent le besoin de s’organiser collectivement afin de sécuriser les approvisionnements en semence de blé et garantir des récoltes de qualité. C’est le début de l’aventure coopérative. Limagrain prend alors le nom de Coopérative de Production et Vente de Semences Sélectionnées du Massif Central. Elle poursuit son activité de multiplication de semences de blé pendant une dizaine d’années avant de connaitre une évolution stratégique majeure. Ce n’est qu’en 1965 qu’apparaît le nom Limagrain (les grains de Limagne). Cette même année est marquée par la prise de conscience de l’importance et de l’intérêt de la culture du maïs. Suite à un voyage d’étude aux Etats-Unis, les administrateurs de la coopérative découvrent le potentiel économique et agronomique du maïs. De retour de ce voyage, les administrateurs décident de se lancer dans la production de semence de maïs car ils étaient convaincus que cette plante allait se développer massivement en Europe. Il existait toutefois un obstacle de taille à surmonter : le maïs est une plante du Sud qu’il faut tenter d’adapter aux conditions agro-climatiques de la France nettement moins favorables. Les premiers essais sont peu concluants et Limagrain qui se trouvait à l’époque dans une situation financière difficile décide de démarrer une activité de recherche en collaboration avec l’INRA. C’est ainsi que voit le jour la première station de recherche de maïs à Aubiat (Puy-de-Dôme, France).

L’année 1970 est marquée par la naissance de la célèbre variété de maïs LG 11 qui a modifié le cours de l’histoire de Limagrain. Son succès commercial est à l'origine de l'essor du semencier et du groupe en général. La coopérative décide alors de stopper son activité liée à la production de semences de blé pour se spécialiser dans les semences de maïs. La variété LG11 possède deux caractéristiques : elle a d’excellentes qualités agronomiques et nutritives mais elle est très compliquée à cultiver et multiplier. L’INRA propose alors à Limagrain de tenter sa chance sur cette variété pour accroitre le nombre de semences. Pari réussi qui permettra à Limagrain de conquérir des parts de marché dans toutes l’Europe grâce à cette variété aux caractéristiques et rendements hors-normes pour l’époque.

Fort d’une rentabilité retrouvée, Limagrain décide en 1975 de se diversifier pour réduire sa dépendance vis à vis du maïs. Limagrain entre alors sur le marché des semences potagères avec une première acquisition de taille : l’entreprise Vilmorin (France). Cette première diversification est le point de départ des nombreux achats qui se multiplieront les années suivantes. Parallèlement à ces acquisitions qui participent au développement du portefeuille d’activités de l’entreprise, Limagrain décide d’investir de manière substantielle dans la recherche et le développement afin de conserver le leadership sur les variétés de semence de maïs. Les premières stations de recherche détenues par Limagrain apparaissent à la toute fin des années 1970.

En 1983, Limagrain crée une maïserie à Ennezat (Puy-de-Dôme, France), c’est la première pierre à l’édifice de la politique de filières qui permet aux agriculteurs de mieux valoriser commercialement leurs productions . Limagrain prend également pleinement conscience de l’importance des biotechnologies végétales et créer en 1986 un des premiers laboratoires en biotechnologie : la société Biosem à Clermont-Ferrand.

Au début des années 90, Limagrain rencontre des difficultés car son produit phare, le maïs LG 11 a alors 20 ans et ses concurrents possèdent des qualités agronomiques similaires voire supérieures. L’entreprise renforce son investissement dans la recherche afin de mettre sur le marché des variétés à haut rendements et poursuit sa stratégie de diversification et d’internationalisation. Limagrain décide également de réinvestir dans les céréales à pailles (blé, orge, seigle, triticale), en rachetant la société britannique Nickerson, un des poids lourds du secteur.

En 1993, Limagrain bouscule les lignes et décidant d’introduire à la bourse de Paris sa filiale Vilmorin & Cie. L’objectif est d’attirer les investisseurs et capitaux nécessaires pour financer le développement à l’international et la recherche. Limagrain contourne alors les difficultés de financement que rencontrent de nombreuses coopératives dans leur développement en possédant majoritairement un véhicule coté qui offre des perspectives et possibilités nouvelles pour l’entreprise.

En 1995, la politique de filière prend une dimension nouvelle avec le rachat de l’entreprise Jacquet, Limagrain entre de plain-pied sur le marché de la panification et la transformation des céréales. Quelques années plus tard, en juin 2011, Jacquet rachète l’entreprise agroalimentaire Brossard. Les deux sociétés sont désormais consolidées et existent sous le nom Jacquet-Brossard. Limagrain compte beaucoup sur cette alliance pour le développement de Jacquet-Brossard à l’international. L'activité Produits Céréaliers de Limagrain, comprenant la Boulangerie-Pâtisserie et les ingrédients nécessaires à cette activité, constitue un atout fondamental pour la valorisation des productions agricoles des adhérents. Avec cette branche stratégique, Limagrain va jusqu'au bout de la filière blé en reliant le producteur de céréales aux consommateurs finaux. De la fourche à la fourchette, la chaîne de valeur est bouclée. Cette filière complète permet aux producteurs de blé de Limagne d’écouler à des prix attractifs leurs productions céréalières via l’activité de Jacquet-Brossard. Un choix politique avant d’être économique qui renforce les débouchés des agriculteurs et légitiment un peu plus l’activité et la vocation de la coopérative auprès de ses adhérents.

En 2000, Limagrain investit aux Etats-Unis. L’entreprise signe un partenariat stratégique de grande ampleur avec le semencier allemand KWS. Les deux acteurs européens créent la joint-venture AgReliant Genetics. L’intérêt est double : pénétrer le marché américain des semences et développer des recherches sur les OGM dont la commercialisation reste interdite en Europe. Avec cette alliance, Limagrain reste en pointe au niveau de la recherche en maitrisant la technologie OGM.

En 2006, l’entreprise rationalise ses domaines d’activités et réunit sous la même branche les activités de semences, grandes cultures et semences potagères au sein de la Holding Vilmorin & Cie. Elle réunit également sous la même

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