Identité européenne
Cours : Identité européenne. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Qesa • 24 Juillet 2021 • Cours • 9 292 Mots (38 Pages) • 558 Vues
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Identité européenne et citoyenneté européenne
Ce cours porte sur la question de l’identité européenne, c’est-à-dire de l’Europe en quête d’une citoyenneté européenne.
Depuis la chute du communisme et suite aux élargissements vers les pays d’Europe centrale et orientale, la construction européenne a été marquée par des progrès considérables sans pour autant relever le défi de son essence : l’identité européenne. Ainsi, déjà trois décennies après l’écroulement du communisme, l’identité européenne continue d’être une question préoccupante pour l’Europe.
À l’évidence, les dirigeants politiques de l’Union européenne deviennent de plus en plus conscients que l’Europe ne peut pas fonctionner comme une simple coalition d’États-nation. Si pendant les années de la guerre froide, quand le continent européen fut divisé en deux par le rideau de fer, l’Europe démocratique était reconnue comme un espace de liberté où les droits de l’homme étaient respectés, aujourd’hui elle doit chercher à se redéfinir davantage comme un espace de civilisation en quête de son authentique identité, selon sa devise « unie dans la diversité », comme une communauté de valeurs.
Bien entendu, le traité de Maastricht ouvre une nouvelle étape importante dans le processus de la construction européenne. La notion de citoyenneté européenne, comme un pilier de l’union politique, a été introduite par ce traité, en conférant aux ressortissants de la Communauté européenne des droits liés à la citoyenneté. À l’heure actuelle, cette citoyenneté semble être encore loin. Bien évidemment, l’essentiel de cette problématique renvoie à la question : Peut-on imaginer la citoyenneté au-delà du cadre national ?
Vu la particularité de l’Union européenne, qui ne représente pas un peuple unique et souverain, mais plutôt une association d’États, on a du mal à envisager une citoyenneté européenne indépendante de la citoyenneté nationale. Par conséquent, on observe que les diverses questions importantes qui se déploient en Europe, portant essentiellement sur la vie démocratique
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et sur différentes problématiques sociales sont plutôt traitées au niveau national et rarement au niveau européen. Bref, l’esprit de démocratie européenne semble être conditionné par ce cadre national.
Définir l’identité européenne s’avère une démarche difficile, surtout s’il s’agit de situer ce concept dans le contexte de l’après-guerre froide qui nous renvoie à l’extraordinaire événement de la chute du communisme qui allait changer profondément la donne européenne. Le mur de Berlin et le rideau de fer, en tant que symboles qui marquent la fin d’une époque séparant les deux parties de l’Europe, resteront encore pour longtemps dans la mémoire des Européens, de l’Est et de l’Ouest. Désormais, il n’est plus possible de définir l’Union européenne comme une entité politique occidentale face à l’Est européen et au bloc soviétique.
En réalité, après la chute du Mur en 1989 et l’implosion de l’Union soviétique en 1991, la plupart des pays de l’ancien bloc communiste, longtemps soumis à l’autorité du Pacte de Varsovie, sont parvenus à s’intégrer dans la grande famille européenne. L’après-1989 ouvre donc une nouvelle ère et marque un réel tournant historique pour l’Europe. L’Union soviétique n’est plus une menace pour l’Europe et le monde occidental. Donc, si avant 1989 l’identité de l’Europe était occidentale, fondée sur la lutte idéologique contre le communisme, après 1989 l’idée de l’Europe prévaut sur celle de l’Occident qui, durant la guerre froide, dominait la scène internationale. Une nouvelle phase s’ouvre alors et le débat autour de l’identité européenne change complètement de nature.
Bien entendu, la réalité des Balkans offre encore aujourd’hui une image qui n’est pas assez connue pour l’Europe. À l’évidence, la chute du Mur a constitué l’événement le plus exceptionnel et décisif pour tous les pays de cette région d’Europe qui pour la première fois ont vu s’ouvrir la perspective pour se joindre à l’Europe. Dominée, au fil des siècles, par les empires ottoman, austro-hongrois et soviétique, cette région représente un véritable coloris de peuples, d’ethnies, de territoires et de religions. Les symptômes de troubles et d’instabilité hérités de la guerre et de la fragmentation ainsi que la réalité de l’après-guerre froide, avec un taux élevé de chômage, une faible performance économique et un déficit démocratique, viennent alimenter une image
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négative que les Européens se font de cette région. En raison de ces problèmes, les Européens ont préféré rester un peu loin manifestant une certaine méconnaissance de la véritable réalité balkanique.
D’autre part, après 1989, les mouvements de population ont affecté profondément les pays balkaniques. L’immigration peut être à juste titre considérée comme une caractéristique commune de tous les pays de cette région issus de la guerre. Rappelons qu’après la Seconde Guerre mondiale, même les Européens occidentaux ont immigré massivement vers l’Amérique pour une vie meilleure. Donc, même dans les Balkans, après la fin de la guerre froide, se produit le même phénomène. Le nombre de personnes qui ont quitté leur patrie pour déménager dans un pays étranger a été énorme. Leur destination n’était plus l’Amérique ou l’Australie, comme ce fut le cas dans le passé, mais c’était bien l’Europe.
Bien évidemment, on peut dire que les citoyens européens sont en train de vivre une phase de transition où parallèlement à leur identité nationale se dessine une autre identité nouvelle qui tend dans l’avenir à se substituer à elle : l’identité européenne, comme incarnation des valeurs communes. Les nouvelles conditions historiques dans lesquelles se pose cette question nous amènent à réexaminer de plus près les éléments qui constituent l’identité européenne. Il paraît donc nécessaire de repenser cette identité fondée sur des valeurs communes et de rendre plus visibles les objectifs qui visent à assurer la cohérence du projet européen.
Dans cette perspective, chacun d’entre nous s’interroge : quelle signification a-t-il aujourd’hui le fait d’être Européen ? S’agit-il d’une identité européenne ou d’une identité de l’Europe?
Une problématique cruciale se pose désormais au niveau de l’Union européenne : celle de l’identité européenne, ou plus précisément celle du lien entre ce concept qui paraît être abstrait et la vie réelle des citoyens qui habitent le territoire de l’UE. Bref, il ne s’agit pas d’un processus achevé mais plutôt d’un processus en construction, puisque souvent les identités nationales constituent un obstacle à l’affirmation de l’identité européenne.
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Bibliographie
Identités culturelles et citoyenneté européenne. Diversité et unité dans la construction démocratique de l’Europe (sous la dir. de Mark Dubrulle et Gabriel Frangnière), Collection « Europe des culturelles », Éditions P.I.E. Peter Lang, Bruxelles, 2009.
Quelle identité pour l’Europe ? Le multiculturalisme à l’épreuve, sous la direction de Riva Kastoryano, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 2005.
Gérard Bossuat, « La quête d’une identité européenne », in La culture et l’Europe, du rêve européen aux réalités, sous la direction de Antoine Marès, Institut d’études slaves, Paris, 2005.
Marc Abélès, En attente d’Europe. Débat avec Jean-Louis Bourlanges, Éditions Hachette Livre, 1996.
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L’identité européenne des Albanais
Après 1990, avec les transformations démocratiques de la société albanaise, les différentes crises que traverse le pays, n’excluent pas, bien sûr, celle de l’identité. Suite aux mutations profondes qui se dessinent avec l’ouverture de l’Albanie vers l’Ouest, les débats sur l’identité nationale s’intensifient et sont davantage mis à l’ordre du jour.
Dans ce sens, les Albanais se sont retournés, certes, à leur histoire, à leurs racines. Ce retour s’appuie d’ailleurs sur un terreau riche de constructions identitaires qui parlent d’un processus évolutif et émancipateur du peuple albanais. Partant des données de l’historiographie albanaise, on observe que les fondements de l’historicisme albanais renvoient particulièrement à la Renaissance nationale. De par sa mission et ses ambitions, la Renaissance (Rilindja), comme une nouvelle étape historique, s’avère supérieure aux mouvements de libération précédents.
Dès le début de la Renaissance, les penseurs se sont retournés à l’histoire ancienne de la nation albanaise, s’appuyant sur la thèse pélasgique selon laquelle le peuple albanais est l’un des peuples les plus anciens des Balkans, voire de l’Europe. À cette époque-là, l’ancienneté fut considérée comme un atout, comme un avantage par rapport aux peuples voisins. Évidemment, si les penseurs de la Renaissance se sont retournés au passé historique, c’est parce qu’ils ont eu pour objectif de montrer que les efforts des Albanais pour la création d’un État indépendant ont été tout à fait légitimes. En voulant affirmer l’unité nationale,
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