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L'unité et la diversité des Suds - Le Brésil

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x ont diagnostiqué un retard de développement lié à l'absence de capitaux et au manque d'esprit d'entreprise. Mais les PED ne sont pas dans la situation dominante des pays industriels du XIXème siècle.

- Les économistes marxistes ont vu dans le sous-développement une conséquence de l'exploitation des pays pauvres par les pays riches qui ont bâti leur réussite sur la colonisation et l'échange inégal – achat des matières premières à bas prix aux PED en leur vendant très cher leurs produits finis. Mais les « dragons » du Sud-Est asiatique sont sortis du sous-développement sans matières premières et sans capitaux. Ils disposaient d'une main-d'œuvre habile, frugale, disciplinée et de gouvernements qui ont su créer les conditions d'un essor ultérieur : enseignement professionnel, envoi des futurs managers dans les universités américaines, conditions favorables données aux multinationales pour qu'elles s'installent durablement.

- En fait, les causes du sous-développement sont complexes, à la fois internes – corruption ou incapacité d'élites peu motivées ; absence d'une classe moyenne instruite et disposant de capitaux, pesanteurs sociologiques et religieuses – et externes – concurrence redoutable du monde moderne.

C) Le poids de la démographie dans le sous-développement

- La transition démographique est le passage du régime des sociétés traditionnelles, caractérisé par des taux de natalité et de mortalité supérieurs à 30 ‰ – on a beaucoup d'enfants mais on meurt jeune – à celui des pays développés, où les deux taux sont tombés autour de 10 ‰ – on a peu d'enfants mais on vit mieux. Elle se fait en deux temps : la première phase est caractérisée par la chute de la mortalité due aux progrès médicaux ; la deuxième phase commence quand la natalité baisse sous l'effet de l'élévation du niveau de vie et de la contraception.

- Au Sud, la transition a commencé vers 1920. La première phase a été brève – antibiotiques après 1945 – et la seconde a été retardée jusqu'à la fin des années 1970 par de nombreux gouvernements voyant dans la limitation des naissances une manœuvre des pays industriels pour limiter la force numérique du tiers-monde. Le résultat a été une explosion démographique des pays pauvres. Les plus en retard sont les pays musulmans du Moyen-Orient – l'islam refuse le contrôle des naissances – et les Etats d'Afrique noire – 5 ou 6 enfants par femme. Mais la majorité des Etats d'Asie, du pourtour méditerranéen et de l'Amérique latine sont engagés dans la réduction des naissances et certains – les NPI et la Chine, ... - sont en fin de transition.

- La démographie pèse sur le développement car une forte fécondité freine l'ascension sociale. Dans une famille nombreuse modeste, les enfants ne feront pas d'études et iront s'entasser dans les bidonvilles. Les plus ambitieux tenteront leur chance en émigrant vers les pays riches et ils y resteront, d'où une perte irrémédiable. Un État confronté à l'explosion démographique doit multiplier les infrastructures coûteuses – logements, routes, adductions d'eau, égouts, dispensaires – au détriment de celles qui créent des richesses – aides à l'agriculture, création d'usines, d'écoles professionnelles, d'universités. Les Etats qui ont « décollé » sont ceux qui ont encouragé la décélération de la fécondité par l'allongement de la scolarité des filles, qui retarde l'âge du mariage, donc de la naissance des enfants, et qui donne aux femmes plus d'autonomie pour résister aux pressions familiales.

II] Des voies de développement différentes

A) Qu'est-ce que le développement ?

- C'est l'élévation du niveau de vie, l'accès au bien-être matériel et moral grâce à la croissance économique et à la diversification des activités. Ce processus récent, lié à la révolution industrielle ne doit pas être confondu avec la croissance, mais ne peut exister sans elle : il faut créer des richesses avant de les redistribuer. Depuis les années 1960, les pays du tiers-monde ont essayé des stratégies de développement différentes.

B) Quatre stratégies de développement

- L'économie de rente, pratiquée par des pays aussi variés que la Côte d'Ivoire, le Maroc, ou l'Arabie saoudite, est une stratégie autocentrée de type libérale qui consiste, dans un contexte d'économie capitaliste, à exporter les matières premières locales, puis à développer les industries qui leur sont liées : industries agroalimentaires à partir du café, du cacao, de l'huile de palme, fabrication d'engrais à partir de phosphates, raffineries et pétrochimie à partir du pétrole. Au début, les revenus élevés ont permis une amorce de décollage, mais depuis quinze ans, les cours se sont tassés, conduisant à la stagnation industrielle et à l'endettement.

- Le développement autocentré de type socialiste, pratiqué dans les années 1960 et 1970 par la Chine, l'Inde, l'Algérie accordait la priorité absolue aux industries lourdes – sidérurgie, chimie, métallurgie des métaux non ferreux -, supposées industrialisantes – ayant un effet d'entrainement sur les autres industries. Les bons résultats du début ont été gommés par la mondialisation, car ces industries, rentables dans un contexte national, avaient une trop faible compétitivité dans une économie ouverte.

- La politique de substitution aux importations, expérimentée à la même époque par de grands pays d'Amérique latine comme l'Argentine, le Brésil, se proposait de fabriquer, à l'abri du protectionnisme, les produits industriels jusqu'alors importés et jugés trop coûteux : textiles, acier, biens de consommation, etc. Ce type de développement autocentré de type libéral n'a pas résisté à la mondialisation, faute de compétitivité de ses produits.

- C'est le développement extraverti, fondé sur la promotion des exportations industrielles et initié par le Japon puis par les NPI qui a permis à ces pays de sortir du sous-développement. Utilisant une main-d'œuvre habile, soumise et bon marché, ils ont commencé par exporter des textiles, de l'acier puis ont « remonté la filière » en acquérant des compétences en mécanique, en électronique, en informatique, etc. Cette stratégie, suivie maintenant par des pays aussi divers que les NNPI, le Chili, l'île Maurice, la Tunisie, la Chine littorale, a prouvé que le sous-développement n'était pas une fatalité. Mais la croissance de ces pays est tributaire du marché et très sensible aux crises.

C) Y a-t-il une clé au développement ?

- Il existe des ingrédients indispensables au « décollage » : des capitaux nationaux ou étrangers pour favoriser l'éclosion de moyens de production – industries, maisons de commerce, banques -, une main-d'œuvre courageuse et habile, un État et des classes dirigeantes décidés à promouvoir l'instruction et la recherche scientifique.

III] L'éclatement du Sud

- Depuis une vingtaine d'années, le Sud s'est peu à peu diversifié. Parmi les Etats qui ont choisi un développement extraverti, les plus dynamiques – les NPI – sont devenus des pays industriels et ils sont imités par les « bébés tigres ». Les grands pays du Sud – la Chine, l'Inde, le Mexique, le Brésil, l'Argentine – connaissent de grosses disparités internes, mais l'enrichissement d'une classe moyenne, vaste marché de consommation, leur confère des possibilités de croissance et de développement. La plupart des pays du Sud progressent lentement, car ils sont freinés par l'endettement –remboursement des prêts du FMI -, leurs structures sociales traditionnelles – passivité des paysans – ou l'intégrisme religieux au Moyen-Orient (islamique...). Une quarantaine de PMA sont marginalisés.

IV] Les contrastes spatiaux de développement au Brésil

A) Un espace inégalement peuplé et maîtrisé

- Le Brésil est un pays de 8,5 millions de km², difficilement pénétrable et mal quadrillé par de longues pistes. Cette immensité handicape le développement. La population se concentre sur la frange côtière : 85% des Brésiliens vivent sur 30% du territoire et l'intérieur est presque vide. Mais la mobilité de la population est grande : exode rural du Nord-est – le polygone de la sécheresse – vers São Paulo ; fronts pionniers vers le Centre-ouest – le plateau brésilien – et le Nord – la forêt amazonienne. Le plus fort contraste oppose le cœur du pays – Sao Paulo, Rio, Belo Horizonte, riche, industrialisé, urbanisé à 90%, bien pourvu en voies de communication et les régions périphériques, pauvres, sous-industrialisée et urbanisées à 30%.

B) Des inégalités sociales criantes

- Les plus riches Brésiliens – 10% de la population – ont un revenu 70 fois supérieur aux plus pauvres. S'il existe bien une classe moyenne de plus en plus importante, un Brésilien sur trois vit avec moins de deux dollars par jour. Dans les campagnes, 30000 grands propriétaires de

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