La Dépolitisation
Dissertations Gratuits : La Dépolitisation. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresment pas affirmer que le citoyen se désintéresse totalement de l’objet politique, dans la mesure où celui-ci appartient au quotidien des individus. On ne peut donc pas évoquer une méfiance à proprement parler, qui signifierait qu’on ne se fie pas du tout au politique, mais plutôt une défiance, qui comprend toutes les précautions avec lesquelles on se fie au politique. C’est bien là où nous semblons être actuellement, en perte d’espoir mais toujours dans l’atteinte d’un sursaut d’efficacité. En tous cas, le climat n’est certainement pas à la confiance.
A. Défiance vis à vis des représentants
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Quant à leur intégrité : § la période 2010-2011 est à cet égard pour la justice un
grand cru de scandales politico-financiers et d’affaires de mœurs rocambolesques. Multiples affaires liées à DSK, affaire Bettencourt, procès Chirac...
Quant à leur compétence : § Un reproche récurrent : Uniformité de leur formation : ils
sortent tous de l’ENA, dans ce cas, leur capacité de perception est la même, comment envisager qu’ils puissent appliquer des programmes différents alors qu’ils ont été formés de la même façon. Doute aussi : lieu commun populaire « programmes différents mais font la même chose une fois au pouvoir. »
• Quant à leur capacité à réellement changer les choses dans le domaine politique :
§ Coluche : « Si les élections pouvaient changer quelque chose, elles seraient interdites. » Bonnet blanc et blanc bonnet, les Français ne font plus vraiment la distinction, du moins sont déçus par un bipartisme qui ne convainc plus.•
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Quant à leur corruption : § Institutions étant pilotées par des individus auxquels on
reproche quasiment tous les maux, comment croire que les institutions sont transparentes ? Scandale récent des fadettes, très hauts fonctionnaires de la police & de la justice mis en cause.
Quant à leur efficacité : § le non-cumul des mandats revient sur le devant de la
scène à l’occasion de la campagne présidentielle pour 2012, et les représentants du PS en font une condition quasi sine qua non de l’efficience du travail des élus.
§ Critique du modèle de la Vè République amorcée pour la présidentielle 2007, va sans doute revenir sur le devant de la scène, car nécessité de s’adapter aux démultiplications des niveaux de décision.
Quant à leur incapacité à amorcer le changement : § R. Dahl, Who Governs (1961) : personne et tout le monde
gouverne, polyarchie qui donne aux gouvernements qui
veulent de la réforme du fil à retordre. § Modèle de gouvernance actuel : institutions
supranationales & décentralisées, perte de pouvoir par le
haut & le bas. § Path dependency des institutions, et incrémentalisme de
Lindblom : action politique ne se fait qu’à la marge.
Transition : Si le regard actuel du citoyen sur l’homme politique semble bien négatif en ce moment, cela ne doit pas signifier pour autant qu’il n’y a d’une part pas d’espoir, et d’autre part que le citoyen soit condamné à l’apathie. Bien que l’on puisse sombrer dans ce piège pessimiste, cela serait une méprise au regard des exemples qui nous prouvent que la passivité des citoyens tend plutôt à être illusoire. Ainsi, que ce soit au sein des cadres institutionnels habituels ou bien en dehors, il existe toujours une expression citoyenne qui se manifeste.
Certes, dans le cadre institutionnel traditionnel, les grandes formations politiques sont délaissées par les citoyens, et ce sans doute pour les raisons évoquées précédemment. Il y a une indéniable déception des citoyens. Mais cette défiance ne mène pas forcément à l’abstention comme unique forme de protestation comme nous pourrions le croire. Les citoyens s’inscrivent dans d’autres formes alternatives d’engagement politique, pour des partis mineurs. Nous pouvons ainsi observer un militantisme plus local, pour des formations qui semblent, dans leur fonctionnement comme dans leur mode de communication, plus proches des citoyens (le NPA a ainsi pu beaucoup séduire, Mélenchon aussi attire beaucoup une certaine marge d’électeurs de gauche déçus par la « centrisation » du PS, enfin Montebourg en obtenant un score important et inattendu au premier tour des primaires socialistes a pu incarner la preuve que les électeurs de gauche attendent pour 2012 un retour du Parti Socialiste à gauche sur l’échiquier politique.) On peut craindre le danger incarné par ce mouvement de délaissement des grands partis pour des petits partis : est-ce un retour des extrêmes ? On peut d’autant plus craindre cela, étant donné que Marine le Pen semble avoir plus d’audience encore que son père, ce qui peut nous donner quelques frissons lorsqu’on pense au score que le sus-cité personnage avait déjà eu à l’occasion du 21 avril 2002. Cependant, cela ne signifie pas que cela puisse être uniquement un danger, et peut-être les élites politiques issues des deux grands partis sont elles rappelées, par ce mouvement, à se calibrer à nouveaux sur les désirs des citoyens.
En outre, on ne peut décemment affirmer qu’il n’existe pas une réflexion des politiques sur la démocratie et son adaptation aux exigences citoyennes. Ainsi, le concept de démocratie participative, mis très en avant par Ségolène Royal lors de la campagne présidentielle de 2007, fut un grand thème de sa campagne. Il existe donc une authentique volonté des personnalités politiques de réintégrer le citoyen dans le débat et l’action politique. Cependant, ceci est pour l’instant loin d’être un acquis concret, et reste un concept sur lequel la réflexion se fait toujours. Il faut toutefois noter que certaines formes de démocratie participative sont à l’œuvre aujourd’hui en France, par exemple en ce qui concerne la budgétisation des lycées en Poitou-Charentes. C’est bien là une note d’espoir à la fois pour une meilleure intégration du citoyen dans l’action et la décision politique, et par la marque d’un volontarisme plus poussé des dirigeants politiques eux-mêmes pour agir en ce sens.
Toujours est-il qu’il faut constater que l’engagement des citoyens n’est pas mort, loin de là. Ceci est à la fois représentatif d’un certain espoir et d’un volontarisme fort quant à la concrétisation d’un militantisme efficient. Les jeunes et les verts incarnent à cet égard parfaitement ces faits : on observe de plus en plus des flash mobs, cercles de silence et autres actions comme l’on en a vu à Aix-en-Provence en Septembre 2011. Nous avons là à faire aun militantisme plus local, au plus proche de la réalité et des problèmes locaux des citoyens, à une nouvelle citoyenneté éco-consciente en somme. De même, des mouvements internationaux tels que la slut walk, qui cherchent à attirer l’attention sur des phénomènes sociaux ou politiques dont on veux qu’il y ait prise en compte des pouvoirs publics : les réseaux sociaux sont très utilisés pour cela. L’utilisation de nouveaux moyens sociaux est donc au service d’une nouvelle citoyenneté.
En dehors du cadre strictement institutionnel que nous avons pu précédemment observer, l’émergence de nouvelles formes de militantisme est indéniable.
Ainsi, le mouvement des indignés ou indignados en Espagne, et de la « génération 700 euros » en Grèce, est bien démonstratif d’un tel phénomène. L’indignation est aujourd’hui un sentiment citoyen dont la virulence monte. En témoigne dans le monde de l’édition le nombre d’essais courts et lapidaires qui en appellent à l’indignation en ce moment : ils connaissent un succès très important, le fameux Indignez-vous de Stéphane Hessel en est d’ailleurs un exemple clef. Le mouvement des indignés est d’ailleurs intéressant, dans la mesure où s’il est encore pour le moment auto proclamé apolitique et se défend d’avoir un leader désigné, c’est un mouvement qui s’est bien sûr instauré en réaction à la crise et à la gestion de celle-ci par les gouvernements concernés, gestion qui de toute évidence lèse gravement ces populations qui s’indignent. Encore apolitique, les indignés n’en sont pas moins en opposition à la gestion actuelle des pays
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