Le Bras

eurs idées, leurs bras qui travaillent pour eux. Dansaert représente l’articulation.

* Mais dans le cas des mineurs peut-on déceler un manque de pensée du bras ? Le bras exécute, certes mais sans poser de question. Obéit-il toujours ? Une notion de servitude apparaît. Le bras semble condamné à exécuter sans rébellion.

Ce symbole de l’action humaine ne peut-il pas s’opposer à la pensée, à ce qui le dirige ?

II- Le bras, acteur pensant capable de s’opposer aux commandements

* Le bras à première vue l’esclave du penseur et des commandements humain peut opposer une certaine résistance. En effet devant une tâche difficile à accomplir, la conscience et la volonté d’accomplir de l’homme ne sont pas souveraines et le bras hésite, voire s’oppose au commandement. Cela se voit dès la mythologie avec Œdipe qui, selon la pièce de Sophocle, n’est pas tué par son père Laïos, et même le serviteur chargé de le faire à sa place faillit à sa mission et confie l’enfant à des bergers sur le Mont Cithéron. Le bras fait preuve d’hésitations dans l’accomplissement des actes.

* Le bras est donc un membre du corps qui a la capacité de se rebeller, de résister à une conscience qui se veut souveraine. De plus si une multitude de bras se soulèvent face aux commandements cela peut engendrer une mise à l’épreuve du penseur, du commandant par les serviteurs. Le physique se tient donc en position de force face au moral. Dans Germinal, révolte des bras, des mineurs contre les conditions de travail.

* Le bras peut aussi effectuer des actions contre son gré pour un jour se venger contre une pensée qu’il estime malsaine. Le bras peut laisser son maître au moment ou celui-ci en a le plus besoin par exemple. En cas de fatigue un bras engourdi n’est d’aucune utilité alors qu’il reste peut être peu de travail à faire.

C’est l’image de Lorenzaccio dans la pièce de Musset qui se retourne contre son maître Alexandre de Médicis (le bras du tyran se révolte ici contre le despotisme, plus favorable aux républicains). Les Républicains sont des lâches et n’osent pas défier le duc, la faiblesse de l’homme peut être son propre bras, extension de lui même qui ne répond pas toujours à la volonté

* Le bras ici est une sorte de substance pensante, qui agit selon la volonté du maître mais qui peut agir contre celui ci lorsque sa conscience, sa volonté n’est plus souveraine

III- Le bras : une substance pensante vulnérable et dépendante d’un tout

* Dans une interview accordée à la BBC en 1997, Ray Charles affirme que « la main et le bras forment un corps doté d’une mémoire sensorielle ». En effet lorsqu’il joue du piano, étant aveugle, il ne repère les touches du piano que grâce au touché. S’il joue une fausse note à la place celle qu’il devrait jouer, il l’entend et recommence le morceau pour ne pas refaire l’erreur. Mais même en pensant à ne pas la refaire, la main sous l’action du bras refait la même erreur en jouant la fausse note. Ainsi le bras articulé de la main s’habitue à l’emplacement de la note et il devient de plus en plus difficile de corriger cette erreur.

Ici le bras est articulé autour d’un corps composé de la main mais aussi de la pensée et le bras admet sa vulnérabilité dans ses actions

* En tant que substance pensante, le bras est rapidement vulnérable et son interconnexion avec la main et la pensée peut le rendre passif, et alors qu’il est symbole d’action il devient la faiblesse de l’homme. L’opposition entre action et vulnérabilité du bras et du corps (bras, main, pensée) est manifeste dans le Rouge et le Noir de Stendhal. Pour Julien Sorel, le bras est l’arme de conquête pour séduire Mme de Rênal. Dans le noir, le soir au jardin, le bras de Julien est en action et touche la main de Mme de Rênal. Celle-ci la retire effrayée, mais à la manière du pianiste, la mémoire sensorielle du tout (main, bras, pensée) de Mme de Rênal cherche à retrouver ce bras de Julien, ce qu’elle va retrouver et