L’enfance et les années de formations de l’auteur, Aimé Césaire
Mémoires Gratuits : L’enfance et les années de formations de l’auteur, Aimé Césaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresujours insisté sur le fait que, pour lui, sa conception de la négritude n’était pas biologique mais culturelle et historique : il s’agit d’approfondir la conscience d’appartenir à la race noire et d’avoir la volonté de revaloriser la culture africaine. Construit contre l'idéologie coloniale française de l'époque, le projet de la Négritude est plus culturel que politique. Il s’agit, au-delà d’une vision partisane et raciale du monde, d’un humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète. Césaire déclare en effet : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime ». Toujours en 1934, Césaire est admis à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’ULM et deviendra président de l’Association des étudiants martiniquais. C’est en 1936 qu’il commence la rédaction du Cahier d’un retour au pays natal, lors de ses vacances en Dalmatie, qu'il achèvera en 1938. Il prépare sa sortie en 1938 de l'École normale supérieure avec un mémoire : Le Thème du Sud dans la littérature noire-américaine des USA. Épousant en 1937 une étudiante martiniquaise, Suzanne Roussi, Aimé Césaire, agrégé de lettres, rentre en Martinique en 1939, pour enseigner, tout comme son épouse, au lycée Schœlcher, de Fort-de-France.
Son engagement culturel et politique
La guerre vécue en grande partie à la Martinique est une période bouillonnante de création, de rencontres et d’expériences.
La situation martiniquaise à la fin des années 1930 est celle d'un pays en proie à une aliénation culturelle profonde, les élites privilégiant avant tout les références arrivant de la France, métropole coloniale. C'est en réaction à cette situation que le couple Césaire, épaulé par d'autres intellectuels martiniquais comme René Ménil, Georges Gratiant et Aristide Maugée, fonde en 1941 la revue Tropiques dont le projet est la réappropriation et l’approfondissement par les Martiniquais de leur patrimoine culturel. Alors que la Seconde Guerre mondiale provoque le blocus de la Martinique qui coupe l’approvisionnement de l’île par la France, les conditions de vie sur place se dégradent. Le régime instauré par l’Amiral Robert, le représentant du gouvernement de Vichy, est répressif. Dans ce contexte, la censure vise directement la revue Tropiques, qui paraîtra, avec difficulté, jusqu’en 1945.
Le conflit mondial marque également le passage en Martinique du poète surréaliste André Breton (qui relate ses péripéties dans un bref ouvrage, Martinique, charmeuse de serpents, 1948). Breton découvre la poésie de Césaire à travers le Cahier d'un retour au pays natal et le rencontre en 1941. En 1943 il rédige la préface de l'édition bilingue du Cahier d'un retour au pays natal, publiée dans la revue Fontaine (n° 35) dirigée par Max-Pol Fouchet et en 1944 celle du recueil Les Armes miraculeuses, qui marque le ralliement de Césaire au surréalisme. Surnommé « le nègre fondamental », il influencera des auteurs tels que Frantz Fanon, Édouard Glissant (qui ont été élèves de Césaire au lycée Schœlcher), le guadeloupéen Daniel Maximin et bien d'autres. Sa pensée et sa poésie ont également nettement marqué les intellectuels africains et noirs américains en lutte contre la colonisation et l'acculturation. Alors que son engagement littéraire et culturel constitue le centre de sa vie, Césaire est happé par la politique dès son retour en Martinique. C’est en 1945 que Césaire est élu maire de Fort-de-France et député de la Martinique l’année suivante. Il va défendre, le statut de département (DOM) pour la Guadeloupe et la Martinique espérant que la départementalisation apportera un développement aux Antilles. Cette année 1946, il publie chez Gallimard Les Armes miraculeuses, poésie, son recueil le plus surréaliste. En 1947 Césaire crée avec Alioune Diop, Paul Niger et Guy Tirolien la revue Présence africaine. En 1950, il publie le Discours sur le colonialisme, où il met en exergue l'étroite parenté qui existe selon lui entre nazisme et colonialisme. Il y écrit entre autres choses :
Oui, il vaudrait la peine d'étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d'Hitler et de l'hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle qu'il porte en lui un Hitler qui s'ignore, qu'Hitler l'habite, qu'Hitler est son démon, que s'il le vitupère, c'est par manque de logique, et qu'au fond, ce qu'il ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est pas l'humiliation de l'homme en soi, c'est le crime contre l'homme blanc, c'est l'humiliation contre l'homme blanc, et d'avoir appliqué à l'Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les arabes d'Algérie, les colonies de l'Inde et les nègres d'Afrique [...].
S'opposant au Parti Communiste Français sur la question de la déstalinisation, Aimé Césaire quitte le PCF en 1956. Il fonde en 1958 le Parti Progressiste Martiniquais (PPM), au sein duquel il va revendiquer l'autonomie de la Martinique, « J’étais le rapporteur de la commission. J’avais en tête la chose suivante : « Mon peuple est là, il crie, il a besoin de paix, de nourriture, de vêtements, etc. » ».1. Il siège à l'Assemblée nationale comme non inscrit de 1958 à 1978, puis comme socialiste de 1978 à 1993. Aimé Césaire restera maire de Fort-de-France jusqu'en 2001 il se retire alors la vie politique mais reste un personnage incontournable de l'histoire martiniquaise jusqu'à sa mort. Après le décès de son camarade Senghor, il est resté l'un des derniers fondateurs de la pensée négritudiste.
Extrait des Entretiens avec Françoise Vergès Nègre je suis, nègre je resterai édités chez Albin Michel, coll. « Itinéraires du savoir », en 2005, citation p. 47 et p. 25.
BIBLIOGRAPHIE
Ses principaux écrits
En 1947, l’édition de Cahier d’un retour au pays natal se fait à Paris, chez Bordas, avec une préface d’André Breton et un frontispice de Wifredo Lam, le peintre cubain. Simultanément paraît à New-York, une version bilingue par Brentano’s. En 1948, il publie un nouveau recueil, Soleil cou coupé chez Gallimard et, en 1949, Corps perdu avec des gravures de Picasso, aux éd. Fragrance. C’est en 1950 que paraît un texte qui n’a pas fini d’éclairer le phénomène historique du colonialisme, Discours sur le colonialisme, aux éd. Réclame (il ne sera réédité par Présence Africaine qu’en 1955). Comme l’écrit en 1989, Sony Labou Tansi : « J’ai relu plus d’une cinquantaine de fois le Discours sur le colonialisme, je n’y ai trouvé aucun germe de haine, aucun transport de rancune ou d’amertume. Je n’y ai rencontré qu’un humanisme sans complaisance, qui ne fait de cadeau à personne […] Malgré l’ampleur du problème et la nature passionnée de la question coloniale Césaire y met tellement d’humanité qu’il arrive à présenter devant nos consciences la double misère du bourreau et de la victime, la déshumanisation du maître et de l’esclave, le double piège qui mène au triple triomphe de la médiocrité sur la raison, sur l’intelligence et sur l’esprit ». En 1955, lors du débat sur la poésie nationale dans le cadre de Présence Africaine, Césaire y fait paraître un long poème, « Réponse à Depestre poète haïtien (éléments d’un art poétique), celui-ci venant de se rallier aux thèses d’Aragon.
« Laisse-là Depestre laisse-là
La gueuserie solennelle d’un air mendié
Laisse-leur
Le ronron de leur sang à menuets l’eau fade dégoulinant
Le long des marches roses
Et pour les grognements des maîtres d’école
Assez
Marronnons-les Depestre marronnons-les
Comme jadis nous marronnions nos maîtres à fouet. »1
En 1962, c’est une étude historique sur Haïti qu’il fait paraître à Présence Africaine, Toussaint Louverture – Etude historique sur la révolution et le problème colonial. Il écrit, en 1963, La Tragédie du roi Christophe ; en 1965, Une Saison au Congo : ces deux pièces réfléchissent au pouvoir et au chemin difficile des libérations et des indépendances.
1 - Cf. Aimé Césaire, La poésie, édition établie par Daniel Maximin et Gilles Carpentier, Le Seuil, 1994, p.545.
Sa dernière pièce sera un « dialogue » intertextuel avec Shakespeare dont il adapte la pièce, sous le titre Une Tempête – La Tempête de Shakespeare pour un théâtre nègre. Ces différentes pièces sont éditées au Seuil. Après la mort de son ami, Jean-Marie Serreau, A. Césaire a abandonné l’écriture théâtrale. En 1976, les éditions Desormeaux à Fort-de-France éditent Aimé Césaire, œuvres complètes, en 3 volumes. Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, Césaire espère en la politique de décentralisation avec F. Mitterrand. L’espoir est encore une fois déçu… Dans ses Entretiens avec Françoise Vergès, Nègre je suis, nègre je resterai, on peut retrouver franc-parler, révolte et revendication
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