Lili
Dissertation : Lili. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresEnfin, le mot est tout puissant; il n'a pas seulement pour rôle de reproduire le réel, mais il est créateur
d'un autre espace : " Le mot est un être vivant, plus puissant que celui qui l'emploie." (Hugo)
Baudelaire, malgré tout est conscient des excès, et par là-même, des faiblesses du Romantisme.
Il trouve, dans la poésie du Parnasse et dans ses prises de position, des arguments et des valeurs
dans lesquelles il peut se reconnaître : le travail, la maîtrise et la rigueur. Pour autant,
l'intransigeance esthétique des parnassiens possèdent des limites dont Baudelaire se dégagent
très vite aussi.
Théophile Gautier publie en1857 "L'Art", poème manifeste dans lequel il affirme sa rupture avec le
Romantisme et une option nouvelle qui serait la "religion" du Parnasse : l'art pout l'art. leur recherche
est celle de la virtuosité plastique, de la pure gratuité et de l'impersonnalité. Dans la poésie
parnassienne, le primat est accordée à la forme sur toute idée, confidence ou message. Le travail de la
forme jusqu'à la perfection a été qualifié de formalisme. Il est assez simple de voir que les principales
convictions du Parnasse sont autant d'attaques en creux adressées au Romantisme : aux excès du moi,
répond l'impersonnalité parnassienne; à la contingence et à la liberté du sujet qui veut que tout soit
poésie, s'oppose le culte de la Beauté; contre la "facilité" et la liberté d'expression, les parnassiens
revendiquent le travail, la ciselure du texte; enfin, l'engagement politique et social des Romantiques
est jugé dans toute sa vanité et le Parnasse lui oppose la distance. L'émotion doit donc se soumettre
aux lois de la forme et aux exigences du Beau.
Baudelaire, entre émotion romantique immédiate et formalisme parnassien distancié, invente la modernité, autrement dit une "solution", une "troisième voie"qui le met à l'abri des excès des
deux mouvements. Cette modernité, il la reconnaît dans les oeuvres d'artistes tels que Delacroix, Daumier, Manet, Cézanne et Wagner, dont il est un des premiers à percevoir la nouveauté et le
génie. Dans "Le Peintre de la vie moderne", Baudelaire formule ainsi son ambition : "dégager
de la mode ce qu'elle peut contenir de poétique dans l"historique, [...] tirer l'éternel du transitoire."
Les Fleurs du Mal sont à l'image de ces tensions et de la dynamique qui animent la modernité.
On y retrouve les influences qui parcourent le XIX ème siècle et cette volonté d'explorer d'autres espaces de création et d'expression. Les tensions, voire les contradictions, qui habitent le recueil expliquent en grande partie l'obsession de la composition qui préside à la démarche de Baudelaire. Dans une lettre à Vigny, Baudelaire y fait ainsi référence : "Le seul éloge que je
sollicite pour ce livre est qu'on reconnaisse qu'il n'est pas un pur album et qu'il a un commencement et une fin." Le recueil n'adopte donc pas, comme ceux de Hugo ou Musset,
un principe chronologique mais élabore une architecture subtile faite d'échos, de progressions, de ruptures et d'oppositions savamment orchestrés. L'épreuve de la censure sera terrible pour Baudelaire, moins pour des raisons de scandale que parce que les censeurs détruiront avec leurs "ciseaux" la construction sinon "parfaite", du moins signifiante que Baudelaire avait élaborée à
travers ses 100 poèmes.
L’art pour l’art
Pour les parnassiens, l’art est utile parce qu’il est art ; rien n’importe si ce n’est l’art. C’est pourquoi les poètes parnassiens se sont toujours trouvés du côté de l’absolue gratuité de l’œuvre. C’est donc ainsi qu’ils refusent de s’engager dans des causes sociales ou dans des causes politiques qu’ils pourraient laisser transparaître dans leurs écrits. De plus, le parnassien voue un véritable culte à l’art fondé sur l’érudition et la maîtrise des différentes techniques qui ne pourrait être accessible qu’à une élite culturelle et universitaire capable de la recevoir. La recherche de la perfection va les amener à une forme de plus en plus travaillée mais plus encore à revenir sur la liberté qu’avaient prise certains poètes. En effet, la métrique se fait plus rigoureuse
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