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Mondilisation

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e sans frontières ni restriction aucune. Hélas, le fait est que la conception de la mondialisation fut dominée par la dimension financière qui supplante même son versant économique. Quant aux composantes politique, culturelle et intellectuelle, elles ne constituent qu’une partie annexe qui ne tardera pas à fondre dans les composantes financière et économique.

Devant ces faits, on se demande avec inquiétude si toutes ces transformations ne changeront pas le visage du monde et si elles ne couperont pas les ponts entre son présent et son passé. Mais les États modernes dont les racines ne sont pas profondément ancrées dans l’Histoire n’auraient pas à s’inquiéter ni pour leur identité ni pour leur civilisation. Dépourvus de patrimoine, le passé de ces pays ne se recoupe pas avec le passé florissant dont les autres États tirent la fierté et la gloire qui leur permet d’affronter l’avenir.

Ces inquiétudes n’habitent pas uniquement les pays du Sud, elles interpellent aussi une partie du Nord qui s’attache encore à des concepts comme la nation, les frontières, le nationalisme, le drapeau, l’hymne national, l’histoire, la souveraineté de l’État nation et a peur qu’ils ne disparaissent dans l’océan de la mondialisation qui n’en finit pas de s’étendre et où les grands poissons dévorent les petits.

La mondialisation a vu prématurément le jour dans plusieurs régions du monde, au nord comme au sud. Dans ces pays, l’Etat a encore un rôle à jouer dans l’encadrement de la société car celle-ci ne satisfait pas encore aux normes fixées par la mondialisation.

Les États qui craignent les effets néfastes de la mondialisation et ils ont raison de s’inquiéter sont ceux dont le capital national (faible, voire nul) n’est pas compétitif à l’échelle mondiale. Ajoutons à cette catégorie, les sociétés qui ne peuvent pas se passer des services de l’Etat nation, les pays dont la société civile et le secteur privé ne peuvent s’acquitter des responsabilités gouvernementales, notamment sociales et les États où le processus de privatisation est de toutes façons voué à l’échec car le secteur privé n’est pas apte à remplacer le secteur public, c’est-à-dire les États où la privatisation équivaut à la cession des ressources du pays au profit des capitaux étrangers, seuls bénéficiaires de l’opération.

L’appréhension nourrie à l’égard de la mondialisation va jusqu’à la considérer comme l’agent destructeur de toutes les conventions qui ont jusqu’ici fait l’unanimité du monde civilisé, à savoir l’intervention de l’Etat nation dans l’équilibre social en protégeant les catégories les plus démunies de l’exclusion, du chômage et de la pauvreté et en leur prodiguant une sécurité sociale.

Il y a des anti-mondialistes qui définissent la mondialisation comme la précellence du financier sur le social, ajoutant qu’il s’agit d’une nouvelle forme de colonialisme qui n’est ni politique, ni militaire mais financier. Imposant un mode de pensée unique, cette mondialisation expurge la mémoire de tout ce qui la lie à son patrimoine national et historique.

Les anti-mondialistes sont allés très loin dans leurs revendications. Ne se contentant plus d’exprimer leur indignation en manifestant comme ils l’ont fait à Seattle, ils ont mis à contribution leur intelligentsia pour élaborer un contre- projet socio-économique où ils proposent une mondialisation à visage humain, autrement plus juste et plus équitable, basée sur une économie mondiale équilibrée qui prend en ligne de compte les intérêts des pays en développement et qui aspire à un monde certes uni, mais qui reconnaît la diversité des concepts, des valeurs, des cultures et des spécificités. Ne voulant retenir que les bienfaits de la mondialisation, les théoriciens de cette tendance sont en train de rendre publics les principes de leur projet qui, à l’instar de la Charte des Nations Unies, sera présenté à l’opinion publique internationale. Or, nous remarquerons que c’est là une démarche que n’ont pas adoptée ceux qui présentent la mondialisation comme un destin inévitable.

Mais malgré tout, la mondialisation est un phénomène complexe qui présente encore des zones d’ombre que même les analystes les plus avisés n’ont pu tirer au clair de manière définitive.

Ses concepteurs soutiennent que la mondialisation est synonyme de richesse et de prospérité puisque son objectif est de développer les échanges économiques, augmenter le volume des investissements étrangers, développer davantage la technologie moderne et par là même les médias d’information et de communication.

Du point de vue de ses opposants, la mondialisation est en revanche, une manière répréhensible de globaliser abusivement l’économie et d’établir le diktat des grands capitaux. La mondialisation, selon eux, ne fait que conforter les riches dans leur richesse et d’enfoncer davantage dans leur indigence les pays sous-développés dits "en développement" ou "en voie de développement", alors qu’une bonne partie d’entre eux sont, en fait, en voie de sous développement. Autant dire que la plus grande partie de la planète est vouée à l’exclusion et à la marginalisation.

La mondialisation apparaît alors comme une arme à double tranchant, un phénomène à deux volets où deux forces antagonistes se livrent à un duel acharné. Aussi, l’analyse d’un volet à l’exclusion de l’autre nous présenterait la mondialisation, selon l’angle de vue qu’on adopte, d’une part comme la promesse d’un paradis sur terre et d’autre part, comme un enfer horrible : l’ange et la bête réunis dans une même entité.

L’examen de la mondialisation sous un seul rapport débouchera immanquablement sur un tableau inachevé. De plus, l’application d’une lecture exclusivement dépréciative ou exclusivement valorisante est une approche non objective. Ne serait-il pas plus juste de se dire que si elle est entachée de défauts, elle renferme aussi des qualités.

Ainsi, dans l’allocution qu’il a prononcée devant la Conférence générale de l’UNESCO tenue le 5 octobre 2001, le président français Jacques Chirac parlait ainsi de la mondialisation : "On ne peut, disait-il, la considérer ni bonne ni mauvaise

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