Nul N'Est Censé Ignorer La Loi
Commentaires Composés : Nul N'Est Censé Ignorer La Loi. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresient être le moyen de favoriser l’intérêt général, quand chacun ne pense qu’à son intérêt particulier : chacun étant tout naturellement égoïste, les lois devaient forcer les hommes à se soucier du bien public, dans leur intérêt même.
Socrate est le premier philosophe reconnu comme tel. Il pense et vit ce qu’il dit. C‘est pourquoi il ne se sent pas en droit de désobéir aux lois après avoir affirmé qu’elles sont le ciment de la Cité : ou bien tout citoyen doit y obéir, ou bien nous ne pouvons plus parler de politique, et chacun ne pense qu’à son intérêt. C’est pourquoi Socrate accepte sa condamnation à mort, alors même qu’elle est injuste. Et le voici qui boit la ciguë pour la Cité qui l’a condamné.
L’ABBÉ PIERRE, fidèle insoumis, aide des gens qui n’ont plus de toit à accaparer ceux qui sont vacants. Avec Emmaüs, puis Droit au Logement, cet homme s’est maintes fois mis hors la loi. À ceux qui lui disent “vous n’avez pas le droit d’entrer ici, c’est une propriété privée !”, il répond “je fais respecter un droit que vous ne pouvez contester : le droit de vivre.” Quel toupet et quel paradoxe ! Comment trouve-t-il la force d’affirmer que la loi est illégale ? Il n’est pas le seul, ce qui oblige à constater que deux mille ans après Socrate, les hommes n’ont pas encore “compris” qu’il n’est pas permis d’ignorer les lois, même quand elles ne sont pas justes.
L’histoire fourmille de héros ayant fait passer leur conscience avant les règlements. Les “mauvais citoyens” pullulent -et pas des moindres : le Gandhi qui s’opposa à la loi anglaise, ou le De Gaule qui refusa celle de Pétain, étaient des insoumis dont les comportements immoraux entachèrent drôlement l’histoire. Tout cela ne vaut pas un bon Socrate, se sacrifiant pour sa Cité... injuste, qui d’ailleurs meurt elle aussi de toute façon.
De “mauvais citoyens” clament sur la place publique : “je vais faire quelque chose qui est interdit par la loi, et je vais le faire exprès, pertinemment, pour contester la valeur de la loi à laquelle je m’oppose : j’affirme avoir raison envers et contre tout”. Quel toupet ! Ignorant superbement la loi, ces effrontés sont condamnables. Et pourtant l’histoire peut leur donner raison. Ainsi se modernise le droit ! Souvenons nous des ostensibles provocations, de ces “salopes” osant annoncer publiquement qu’elles avaient avorté, quand l’avortement était pourtant interdit par la loi. Souvenons nous de ces “traîtres” affirmant opter pour la “désobéissance civique” en refusant de prévenir la préfecture quand ils invitaient un étranger sous leur toit. C’est parfois la loi qui doit se plier, s’ajuster devant une réalité qu’elle a trop superbement ignorée.
Nul n’ignore l’absurde
Les lois peuvent dire n’importe quoi : suffit de les torturer un brin. Et torturées, elles le sont quotidiennement. Même avec la meilleure volonté du monde, les législateurs ne peuvent ériger un système parfaitement cohérent. Résultat : les règles contradictoires fourmillent. Un bon avocat saura “faire parler” les textes, et leur inventera le sens qui convient. Alors la loi n’est plus le cadre.
Phillippe Gelück
Ce qui est respectable doit avoir un sens. Par exemple, que nous soyons tous égaux devant la loi suppose la suppression du droit (du prétendu droit) du plus fort. Mais on est face à l’absurde : soit on obéit
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