Néron, Un Tyran ?

. Agrippine détestant sa belle-sœur et voulant reprendre du pouvoir, séduit Passienus consul parent par alliance de la famille impériale et mari de Lepida, et le persuade de divorcer pour l’épouser à son tour. Néron a alors 7ans, et voit le mari de sa tante devenir l’époux de sa propre mère. De tels retournements de situation, fréquents à l’époque, ont peut-être entrainé Lucius sur la voie de l’hypocrisie, de la méfiance, voire de l’immoralisme. Avec un père mort tôt, et une mère plus préoccupée par ses succès politiques que par son fils, on peut penser que le jeune Néron aura donc été un enfant privé d’affection et de tendresse, sauf auprès de ses fidèles nourrices. Beaucoup d’enfants des grandes familles étaient élevés de la sorte, mais lui était d’une nature hypersensible et portait une hérédité difficile qui peuvent expliquer son déséquilibre psychique. L’assassinat de son père le poussa plus tard à devenir méfiant de quiconque autour de lui voire paranoïaque et à frapper sans le moindre scrupule.

2) Formation

L'éducation de Néron ayant été assez négligée jusque-là, Il reçut dès le retour de sa mère, une éducation hellénistique grâce à des maitres de souche grecque ou orientale. Ils lui donnèrent le goût des arts libéraux : Littérature, langue grecque et latine, rhétorique, mathématique, en bref une formation riche et programmée. Cependant, ces précepteurs n’étaient pas des exemples de moralité pour autant. Un de ces précepteurs était égyptien et ce serait sans doute lui qui lui aurait inspiré le despotisme théocratique, ressemblant à la politique de Marc Antoine. En 49, Agrippine, en tant qu’épouse de l’empereur régnant, lui donne comme précepteurs de hauts personnages politiques : Sénèque, qui lui enseigna la philosophie, la rhétorique et la morale, et le général Burrus.

Mais le jeune garçon, ayant vécu également au contact de poètes et de comédiens, est définitivement marqué par la culture littéraire et artistique, et même par les arts du cirque.

3) Caractère

C’est un garçon qui apprend à mentir, à cacher ses sentiments, s’autocensure face à la rudesse de son entourage et pour obtenir un peu de tendresse. Il craint voire déteste sa mère, au caractère castrateur et tyrannique, qui le dirige, le prive et le persécute au lieu de lui donner de l’amour. Face à une famille mutilée et débauchée, l’avidité et la cruauté de ceux qui évoluent autour du jeune garçon favoriseront sa fragilité enfantine et l’explosion de sa personnalité et de ses caprices lors de son adolescence, où il sera exagérément adulé. Se dégage ensuite un homme lâche et jouisseur, angoissé et mégalomane (il fait baptiser des mois, des villes, des monuments en son nom), au tempérament lascif, d’une nature exubérante, dissipée et addict à toute sorte de plaisir mal vus.

II – L’ascension au pouvoir et son règne

1) Un destin forcé

Bien qu’issu d’une famille ancienne et importante, on sait qu’il n’était pas prédestiné au titre d’empereur. C’est surtout l’aspiration au pouvoir de sa mère Agrippine qui en a voulu ainsi. Lorsqu’elle est rappelée de l’exil par Claude, nouvel empereur et oncle de Caligula, le sénat autorise le mariage entre Agrippine et Claude, nièce et oncle. Celui-ci eût deux enfants avec sa première femme Messaline (fille de la belle-sœur d’Agrippine) Octavie et Britannicus. Elle sait que Britannicus serait le descendant favori de Claude. Et elle décide alors pour consolider sa position de faire entrer Néron dans la famille impériale. On le fiance à l’âge de 11ans avec Octavie, puis sa mère convint Claude de l’adopter en 50. Il quitte alors la gens Ahenobarbus pour entrer officiellement dans la gens impériale Claudia. Claude honora son fils adoptif de plusieurs manières. Néron fut émancipé en 51, à 14 ans. Il fut nommé proconsul, entra au Sénat, y fit son premier discours (même si il laissait ses conseillers les rédiger), apparut publiquement en compagnie de Claude, et fut représenté sur les pièces de monnaie.

Celui-ci, pourtant, n'est pas attiré par le pouvoir ; il pense surtout à la musique, à la poésie et à conduire des chars. Il ne fût d’ailleurs jamais un bon orateur.

2) Un règne

2.1 Premières années satisfaisantes

Claude mourut empoisonné le 13 octobre 54 (on soupçonne Agrippine coupable car elle s’inquiétait de la préférence de Claude pour Britannicus) et Néron fut rapidement nommé empereur à sa place. Il n'avait que 17 ans. Mais c’est surtout à sa mère, Sénèque et Burrus que revenaient les décisions importantes.

Néron cherche dès le début de son règne à obtenir les faveurs de l'armée et de la plèbe par diverses primes. Les cinq premières années du règne de Néron furent connues comme des exemples de bonne administration. Les affaires de l'empire étaient traitées avec efficacité et le Sénat jouissait d’une certaine influence.

Mais l’ambition d’Agrippine commencèrent à agacer l’empereur. Néron résista à l'intervention de sa mère dans ses affaires personnelles. il lui enleva, petit à petit, toutes les prérogatives qu'elle s'était arrogée. On sait que Néron était déçu de son mariage et trompait Octavie. [Il prit pour maîtresse Claudia Acte, une ancienne esclave, en 55, qu'il pensa même l'épouser après avoir répudié Octavie. Agrippine tenta d'intervenir en faveur d'Octavie et exigea de son fils le renvoi d'Acte. Se rendant à la "raison d'état", invoquée par Sénèque, il y renonça mais il exila Pallas, amant d'Agrippine, malgré la terrible scène que lui fît sa mère qui le menaça de faire proclamer Britannicus empereur à sa place.] Voyant qu’elle avait de moins en moins d’influence sur son fils, elle se tourna vers Britannicus.

Mais le jeune homme fût empoisonné juste avant le jour où il devait devenir majeur. Néron se révoltait de plus en plus contre l'emprise d'Agrippine, et après avoir éliminé son demi-frère, il commençait à envisager le meurtre de sa propre mère en clamant qu’elle complotait contre lui.

2.2 Les scandales qui entachèrent définitivement l’empereur.

C’est avec sa favorite Popée que Néron aurait organisé le meurtre d'Agrippine en 59. Sénèque eut beau tenter de convaincre le Sénat qu'elle mettait sur pied une conspiration contre son fils, la réputation de l'empereur fut irrémédiablement entachée par ce matricide. Mais avec la mort de sa mère, Néron s’abandonne à souhait dans des plaisirs vulgaires. Son impopularité est grandissante.

Le tournant suivant fut l'année 62, pour plusieurs raisons.

* La première fut un changement parmi ses conseillers. Burrus mourut et Sénèque demanda à Néron la permission de se retirer des affaires publiques. Leur remplaçant fut Tigellin. Il aurait eu une plus grande influence que Sénèque sur l'empereur. Un des effets rapides de la nomination de Tigellin fut la promulgation d'une série de lois contre les trahisons ; de nombreuses peines capitales furent exécutées. Au cours de cette année, Néron fit exécuter deux des membres restants de sa famille.

* Le deuxième événement important de l'année fut le divorce de l'empereur. Néron, âgé alors de vingt-cinq ans, avait régné huit ans et n'avait pas encore d'héritier. Quand Poppée tomba enceinte, Néron réussit à obtenir le divorce avec Octavie pour cause d’infertilité (simple prétexte), ce qui lui permettait d'épouser Poppée et d'attendre qu'elle donne naissance à un descendant. La mort soudaine d’Octavie le 9juin 62 provoqua des émeutes publiques. Début 63, Poppée donna naissance à une fille : Claudia Augusta. Néron célébra l'évènement, mais l'enfant mourut quatre mois plus tard. Sa mort rendra l'empereur fou de douleur et il se lancera, à nouveau, dans les plaisirs vulgaires.

Le 19 juillet 64 éclata le grand incendie de Rome. Néron était alors en vacances dans sa ville natale, Antium, mais il dut revenir en toute hâte. L'incendie fit rage durant six jours. La rumeur circula que Néron aurait joué de la lyre et chanté, au sommet du Quirinal, pendant que la ville brûlait. Les mêmes récits nous décrivent un empereur ouvrant ses palais pour offrir un toit aux sans-abris et organisant des distributions de nourriture pour éviter la famine parmi les survivants. Mais Néron perdit toute chance de redorer sa réputation en rendant trop vite publics ses projets de reconstruction de Rome dans un style monumental.

La population désorientée prit Néron comme bouc émissaire. On lui prêtait pour motivation l'intention d'immortaliser son nom en renommant Rome Néropolis. Néron décida pour se délester de l’accusation de prendre la minorité chrétienne comme coupable. Il ordonna qu’ils soient jetés aux lions dans les arènes, alors que d'autres étaient crucifiés en grand nombre, et brûlés vifs.

Aujourd'hui encore, on ignore la cause de cet incendie. Bien que les anciennes sources (et les lettrés) attribuent la responsabilité de l'incendie à Néron, les études récentes tendent à l’innocenter.

2.3 La chute de Néron