Qu'est-ce que la conscience ?
Recherche de Documents : Qu'est-ce que la conscience ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresemander en quoi la conscience est liée à la morale et si la conscience dite morale est bien la conscience.
Rq : cette introduction "se contente" de poser des questions au lieu, comme elle le devrait, de soulever des problèmes. C'est que la notion de conscience ne le permet guère d'emblée. Les problèmes apparaîtront avec les réponses à ces questions.
I ) QU'EST-CE QU'UN ETRE CONSCIENT ?
On dit que nous sommes conscients, mais que les pierres, les objets inanimés ne le sont pas, ou encore que nous ne le sommes pas nous-mêmes lorsque nous dormons, ou que nous sommes sans connaissance (évanouissement, coma, anesthésie).
Dans ce cas, on parle d'une perte, d'une disparition. Mais de quoi ? Que perd-on lorsqu'on perd conscience ou connaissance ? Et que reprend-on en reprenant conscience ?
A ) Etre conscient, c'est être présent à soi et au monde.
Ce qu'on perd et reprend avec la conscience, c'est le sentiment d'une présence immédiate à soi et au monde, le sentiment confus mais fort que nous sommes, que nous existons et que nous sommes au monde, entouré de choses indépendantes de nous et ordonnées. Telle est la conscience sous sa forme la plus humble, la plus élémentaire : le sentiment d’une présence à soi et au monde.
Toutefois, reconnaissons le : avoir le sentiment d'exister au monde n'est pas exactement la même chose qu'avoir la conscience d'exister au monde : la conscience n'est pas un sentiment, elle est à la fois plus et autre chose qu'un sentiment. Dans le sentiment d'exister au monde, cette double présence, celle de soi et celle du monde, s’éprouve, se ressent, se vit, mais elle n’est pas encore consciente au sens strict.
Un être doué de conscience, c'est plutôt un être qui se sait exister au monde. Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'un être doué de conscience est conscient de sa propre existence et de l'existence du monde au sens où il sait qu'il existe au monde. Ou, inversement, que savoir qu'on existe ainsi que savoir qu'il existe un monde, c'est avoir conscience de soi et conscience d'objets en dehors de soi.
Mais, qu’elle est la différence entre se sentir exister au monde et se savoir exister au monde ? Peut-on distinguer le sentiment du savoir ? Ne peut-on pas soutenir au contraire que "se savoir" et "se sentir" au monde ne présentent aucune différence ?
A première vue, rien ne les distingue. Du reste, on emploie souvent l'expression "avoir le sentiment ou l'impression" là où on pourrait aussi dire "avoir conscience ou penser".
Il n'empêche qu'il existe entre ces deux états des différences :
- Le sentiment d'être au monde ne porte que sur mon existence et celle du monde : je sens que j’existe et que je suis au monde, mais comme tel ce sentiment ne me dit rien de ce que je suis et de ce qu’est le monde. Sentir qu’on existe au monde n’a rien à voir avec savoir ce que l’on est et ce qu’est le monde, c’est-à-dire avec la connaissance de soi et du monde, de leurs déterminations. Or, avoir conscience d'exister au monde, c'est immédiatement savoir qui on est et dans quel monde on est, même si c'est confus.
- Dans le sentiment, je coïncide totalement avec mon sentiment, alors que la conscience introduit une distance entre moi qui ai conscience et ce dont j'ai conscience. Quelle distance ? Celle de la représentation précisément : la conscience me permet de me représenter que j'existe au monde au lieu de seulement le sentir ou le ressentir. La conscience introduit en nous la différence qu'il y a, par exemple entre se sentir bien et se représenter qu'on est bien, se le dire à soi-même, s'en faire une idée, pouvoir l'exprimer sous une forme verbale. Un sentiment est tout ce qu’il peut être lorsqu’il s’éprouve, se ressent, alors qu’un savoir quelconque n’est possible et effectif que s’il est dit, verbalisé. Un sentiment, cela s’éprouve alors qu’un savoir, cela s’exprime. Or, pour éprouver un sentiment, il n’est pas nécessaire de parler ni même d’en être capable. A l’inverse, l’expression d’un savoir le suppose : on ne peut pas posséder un savoir en dehors des mots qui le disent. Et, lorsqu’il s’agit du savoir selon lequel on existe, par l’emploi du mot “ Je ”. Ce qui signifie qu'il existe un lien essentiel entre la conscience et l'usage de la parole.
Rq : On peut dire à la rigueur que le sentiment d’exister au monde est comme une sorte d’état intermédiaire entre l’existence brute, en soi et l’existence pour soi, celle d’un être doué de conscience. Parce que sentir n’est ni ignorer, ni savoir.
Etre doué de conscience, c’est se savoir exister au monde, et se savoir exister au monde, c’est être capable de (se) dire : “ je suis, j’existe, j’existe au monde, dans un monde et parmi d’autres personnes qui comme moi peuvent dire qu’elles existent. ”. Un être doué de conscience est donc un être qui parle puisqu’aucun savoir n’existe en dehors d’un discours, donc d’une parole. En retour, on peut soutenir que tous les êtres qui parlent, et plus précisément qui disent “ je ”, sont doués de conscience, sont des êtres conscients.
Etre conscient a donc deux aspects ou deux dimensions : être conscient de soi et être conscient du monde. Sa présence instaure donc deux rapports : un rapport à soi et un rapport au monde, aux objets.
Ce sont ces deux rapports ou deux dimensions qui permettent de dire qu'un être doué de conscience est un sujet.
B ) Etre conscient, c’est être sujet.
Parce qu'être doué de conscience, c'est se savoir exister au monde, être doué de conscience, c'est être sujet. Plus exactement : l'être qui d'une part se sait exister et qui d'autre part sait qu'il existe autour de lui un monde indépendant de lui, est un sujet. Il est sujet autant par le rapport à lui-même que par le rapport au monde.
1 ) Etre sujet, c'est exister pour soi.
L’être doué de conscience existe doublement : en lui-même comme une chose et pour lui-même en cela qu’il se sait exister, qu’il existe à ses propres yeux pour ainsi dire. Au lieu d’exister et de l‘ignorer, l’être doué de conscience existe et le sait. C’est ce qui le distingue des êtres qui ne sont pas doués de conscience, comme les choses, ainsi de ceux qui ne sont capables que de se sentir exister, comme les animaux. Mais, cette double existence, nous pouvons la perdre : nous la perdons chaque fois que nous perdons conscience. Nous ne sommes plus alors que des choses parmi les choses, des objets qui existent, mais seulement en eux-mêmes et plus pour eux-mêmes.
Mais, être doué de conscience, c'est non seulement faire l'expérience de son existence, c'est aussi se savoir doué de conscience, c'est faire l'expérience de sa propre conscience : se savoir exister et savoir qu'on le sait. C'est ce retour sur elle-même de la conscience, impossible avec le simple sentiment de soi, qui fait de l'être doué de conscience un sujet. Un sujet, c'est donc de ce point de vue, un être qui se sait exister et qui sait qu'il le sait.
Mais ce n'est pas tout.
2 ) Etre sujet, c'est savoir qu'il existe des objets.
Un être doué de conscience sait qu'il existe au monde, est capable de prendre conscience des choses qui l’entourent, de se les représenter. A ce titre aussi, il est un sujet. Pourquoi ?
- L’être doué de conscience sait qu’il existe au monde.
- Avoir conscience qu’il y a des choses autour de lui qui existent et qui se distinguent de lui-même, c’est les poser ou les affirmer comme des objets. Qu’est-ce qu’un objet ? C’est un quelque chose qui n'est pas nous mais dont on a conscience. Comme un corps physique ou une idée. Toute chose dont je prends conscience et parce que j’en prends conscience est un objet.
Ce qui signifie qu'une table est un objet pour moi, mais elle n'est pas un objet pour une chaise, parce qu'une chaise ne sait pas que la table existe indépendamment d'elle.
Notons que l’étymologie du mot objet est à cet égard éclairante : un objet, c’est ce que l’on jette devant soi, ce que par une prise de conscience on pose devant soi.
- En prenant conscience de ces objets, il a conscience que ces objets se distinguent de lui-même, qu’il n’est pas les choses dont il a conscience, ni comme elles. Il sait qu’il n’est pas un objet de tout : il est l’être pour lequel il y a des objets. Un objet, c’est ce qui est saisi, représenté par une conscience, par conséquent cet être doué de conscience, en tant qu’il est doué de conscience, ne peut pas être qu’un objet. Il est ce par quoi il y a des objets, donc il n'est pas un objet lui-même. Mais alors qu’est-ce qu’il est, s’il n’est pas un objet ? Un
...