Synthèse Babel Et Pentecôte

nce avec une indistinction : « Sur toute la terre on parlait la même langue, on se servait des même mots. » Ces mots sont ceux d’un projet commun : se bâtir un unique point de ralliement ( une tour ) car les hommes n’ont qu’une seule peur celle d’être dispersés. Ils veulent donc éviter la diversité, résister à la différenciation, construire leur unité par l’uniformité afin d’éviter les surprises et les risques. Cependant c’est contraire à la création puisque Dieu crée l’humanité en séparant. C’est pourquoi, il va venir entraver ce projet de « dé-création » dans lequel l’humanité s’engage. De plus, la pratique d’une langue unique induirait une culture unique et donc une réduction de l’identité de chaque individu.

La volonté d’uniformiser est la marque d’une dictature à laquelle rien n’est impossible. Mais ce projet sacrifie la différence. C’est confronté à cela que Dieu adopte une mesure préventive : celle de brouiller les langues afin que la différence soit bien marquée. Il offre ainsi à l’humanité une nouvelle chance de vie puisqu’il y ré-insert la différence. Il n’est donc pas un Dieu jaloux mais un Dieu passionné de la vie et de la liberté des hommes.

Malgré tout, Dieu désire quand même l’unité des hommes seulement il ne la désire pas n’importe comment. Dieu est un Dieu d’alliance et cette alliance ne peut vraiment se vivre qu’à condition que les partenaires soient différents et à distance.

Dans les Actes des Apôtres, un récit peut être mis en parallèle à celui de la tour de Babel : celui de la Pentecôte. Dans ce récit, les Apôtres apportent la bonne nouvelle dans des langues différentes mais comprises de tous. La Pentecôte devient donc ainsi l’anti-Babel : La diversité des langues n’est pas abolie mais elle n’est plus un obstacle à la communication, à la communion. Au contraire, elle nourrit et enrichit chaque homme. La Pentecôte est le signe de l’universalisme de l’Evangile, c’est-à-dire que tout le monde peut en recevoir le message et le comprendre. Dieu ne veut donc pas l’unité des hommes par l’uniformité qui empêche toute différence mais par la communion que les différences de chacun viennent nourrir et enrichir. La bonne communication se prépare dans la confrontation des cultures.

Actuellement, les tentatives d’uniformité sont nombreuses mais cette uniformité écrase, exclut, réduit au silence. Bref, elle est porteuse de mort. Le chemin de la vie et de la croissance spirituelle est celui du respect des différences légitimes, de la valorisation des diversités, de la recherche d’une unité qui fait place à l’altérité.

Dieu veut donc une alliance qui permette à l’homme de vivre avec lui dans la réciprocité de l’amour. Il cherche à combattre l’envie et l’esprit de concurrence. Il respecte et favorise les différences parce qu’elle sont une chance d’alliance, il veut donc une unité riche qui se nourrit de cette diversité entre les hommes. Dieu n’est donc pas un Dieu jaloux.

En conclusion, Dieu ne veut pas une humanité unie par l’uniformité mais une humanité unie par l’alliance et par le respect et la valorisation des différences