‘’ beams ‘’ paul – verlaine ( 1844-1896 )
Rapports de Stage : ‘’ beams ‘’ paul – verlaine ( 1844-1896 ). Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoirescomposent ce paysage procurent ensuite un sentiment d'immensité heureuse, perceptible aussi bien dans le choix du lexique que dans la cadence du vers. Cette impression est due, en effet, au champ lexical de la lumière ("blanche, luisait, rayons d'or, oiseaux blancs") auquel nous prépare le titre ("Beams" signifie "traits de lumière"). Mais beaucoup de mots mettent en valeur eux aussi cette harmonie : rendent sensible : les assonances en "i" ("luisait dans le ciel calme et lisse"), les allitérations en "l" ou en "s" ("des voiles au loin s'inclinaient") donnent au poème une cadence musicale et solennelle. Le rythme des alexandrins n'est pas étranger non plus à cette ambiance : la phrase contient tout entière dans la strophe et ne se risque qu'à de timides enjambements. La césure, toujours à l'hémistiche et parfois peu marquée, allonge encore ce vers lent et cérémonieux.
Ces sensations quasi oniriques de glissement, de bercement, de mouvement doux et ralenti comme celui des vagues, accroissent notre incertitude au sujet des personnages de ce récit. De quoi s'agit-il ? Quel lien secret unit la jeune femme du poème et la «Comtesse-de-Flandre» dont elle semble être la figure de proue ? Quelle relation, d'autre part, l'unit à ce "nous" : cohorte de soupirants fidèles ou cercle de poètes guidés par leur Muse ? Le récit se garde de fournir les réponses, nous prévenant de sa dimension symbolique.
Il est difficile, en effet, de ne pas être sensible à une possible signification allégorique du récit. Le thème du voyage maritime est déjà riche de connotations culturelles. L'univers de rêve qui empreint le poème auréole aussi la Femme d'un pouvoir quasi magique.
On songe tout d'abord à l'aventure amoureuse, dont la puissance tient à l'attraction que la beauté de cette femme exerce sur le cortège de ses admirateurs ("nous suivions son pas", "joyeux d'être ses préférés"). On peut évoquer la figure de Vénus, déesse de la beauté et de l'amour, née de l'écume des flots, et quelque embarquement pour Cythère. Mais c'est l'aventure poétique que le poème semble plutôt symboliser : le thème du navire (le mot "beam" appartient aussi au registre nautique) en est un motif rituel (que l'on pense à la quête de le Toison d'or - dont Orphée faisait partie - ou à l'inspiration baudelairienne). La jeune femme serait alors une image de la Muse, entraînant ceux qu'elle a élus (les poètes, "ses préférés") sur le chemin douloureux, "amer", de l'invention et de l'expérience poétique (la "belle folie").
Nous nous garderons de conclure trop hâtivement à la justesse de cette interprétation, et le poème nous en prévient. Il évoque simplement un univers paradisiaque où toutes les contraintes et tous les obstacles du monde sont abolis : délivrés de la pesanteur, les personnages peuvent s'abandonner librement à des sensations oniriques. Les cadences de l'alexandrin suggèrent le mouvement ralenti d'un rêve ("nos pieds glissaient d'un pur et large mouvement"), les sonorités liquides pour la plupart et le lexique suggérant une lenteur un peu molle ("bénin, calme, mollement") accroissent eux aussi cette impression. Ils viennent d'ailleurs adoucir ou nier le danger de cette aventure et en préservent l'harmonie : "belle" atténue le mot "folie" dans un oxymore; la place de l'invocation "ô délice !", en fin de vers, dénonce l'adjectif "amer". De même, l'adjectif "inquiète" est associé à l'adverbe "doucement". S'il s'agit bien d'une aventure poétique, le poète - pourtant submergé par des orages personnels à cette époque - prend soin d'en préserver la lumineuse et confiante avancée.
La Femme est enfin parée d'un pouvoir magique qui en fait une figure allégorique. L'attraction qu'elle exerce semble due à son caractère autoritaire et altier ("elle voulut", "et portait haut la tête") comme à l'auréole éclatante qui la nimbe ("et ses cheveux blonds étaient des rayons d'or"). On ne manque pas de noter aussi ce caractère maternel qui est si souvent associé aux figures féminines rêvées par Verlaine : la Femme est ici celle qui, soucieuse de ses protégés, les guide, "rassurés"
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