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Romeo Et Juliette

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soi sans réserve que Juliette, même pour sauver la face, même pour se sauver elle-même et Roméo, refuse d'épouser Paris ( Contrairement à Tristan qui épouse Iseut aux blanches mains mais reste fidèle à Iseut la blonde : son mariage ne sera jamais consommé) dés lors on peut considérer que le mariage d'amour qui unit Roméo et Juliette est la cause même de leur perte et de leur mort.

- L'impatience du désir

Le mariage pour Juliette n'est pas éthéré, il est la satisfaction de ses désirs charnels. La nourrice lui fait remarquer que dés qu'elle parle de Roméo " ce polisson de sang monte à [ses] joues" (page 141) et quand elle attend impatiemment Roméo pour vivre sa première nuit d'amour, elle évoque ce " sang non dressé (= non habitué à l'homme : métaphore de la fauconnerie) qui bat dans [ses] joues". Elle confie à la nuit son désir d'être femme : " J'ai acheté la demeure d'un amour / Mais je ne l'ai pas possédée, et bien que je sois vendue / je ne suis pas prise encore." (page 161) et elle l'implore avec insistance : " Donne-moi mon Roméo"

Nous sommes loin de la jeune fille naïve qui ne sentait pas concernée par les hommes : l'amour la révèle à elle-même en tant que femme.

- Un enjeu dramatique

La structure dramatique de la pièce repose moins sur la haine des parents que sur le(s) mariage(s). En effet, le mariage est le motif des différents rebondissements de la pièce : les deux mariages étant inconciliables

1) Envisagé dans un futur lointain (pas avant deux ans) le dimanche ; Roméo, amoureux d'une femme qui a fait voeu de chasteté et qui le refuse ne se sent pas concerné par le mariage, pas plus que Juliette qui à peine âgée de 14 ans, se trouve trop jeune pour devenir femme. Le mariage passe d'abord presque inaperçu ou du moins ne semble pas être l'enjeu de la pièce.

2) Tout se précipite lorsque Juliette et Roméo se rencontrent : coup de foudre, mariage immédiatement prévu, (dans la nuit de dimanche à lundi; I, 5 ), célébré ( lundi après-midi ; II, 6), consommé (dans la nuit de lundi à mardi ; III, 5)

La situation d'époux secrets aurait pu se maintenir sans problème jusqu'à ce qu'une opportunité ait permis de faire admettre ce mariage et de le révéler au grand jour, comme l'avait envisagé Frère Laurent : " Là tu vivras jusqu'à ce que nous ayons trouvé le temps favorable / De proclamer votre mariage." (page 181)

3) Les choses se compliquent dés lors que le père de Juliette décide d'avancer la date du mariage avec Paris de deux ans puisqu'il doit avoir lieu jeudi. Or

Juliette n'est plus libre, la promesse faite à Paris est caduque, c'est ce qu'elle essaie de lui faire comprendre lorsqu'ils se croisent chez Frère Laurent : au salut de Paris : " Ô vous ma dame et mon épouse ! " Juliette répond: " Cela pourra être, Monsieur, quand je pourrai être épouse" (page 207), de même qu'elle avait essayé de le faire comprendre à sa mère : " je ne veux pas encore me marier ; / Et si je le fais, j'assure que ce serait plutôt avec Roméo [...] / qu'avec Paris..." (page 195). Aussi se voit-elle contrainte pour ne pas être parjure d'avoir recours à la stratégie de Frère Laurent.

4) Le père de Juliette avance de 24 heures le mariage : il doit être célébré le mercredi, or le narcotique qu'elle doit boire pour faire croire à sa fausse mort doit être absorbé la veille. Donc Juliette le boit le mardi soir et elle doit se réveiller le jeudi dans la soirée ( 42 heures plus tard)

MAIS : d'une part Roméo n'a pas reçu la lettre qui lui expliquait la stratégie mise en place et d'autre part, l'effet du narcotique est moins long que prévu puisque Juliette se réveille le jeudi matin.... On connaît la suite.

Ainsi, indubitablement, c'est le mariage secret qui contraint Juliette à refuser le mariage proposé par son père, mariage proposé qui devient un mariage imposé par un père qui n'accepte pas que sa fille refuse d'obéir, sans raisons apparentes. Le mariage, thème anecdotique au début de la pièce devient bien l'enjeu central de la pièce et fait évoluer la pièce vers la tragédie.

LA HAINE

- Une haine ancestrale est entretenue par les deux familles rivales. En effet dés le prologue, le choeur insiste sur la rivalité entre les deux familles,( "antique hargne", la haine des parents", "l'obstination des rages familiales"), fatalité dans laquelle s'inscrit la relation amoureuse de Roméo et Juliette : " dans le sein fatal de ces deux ennemis / deux amants prennent vie sous la mauvaise étoile." Cette haine a eu ("Le sang civil salit les mains des citoyens" ; le prince fait référence à " trois discordes civiles") et aura inévitablement des conséquences tragiques : " la mort des deux enfants". La scène 1 de l'acte I s'ouvre sur cette rivalité que les valets et les amis des familles respectives, ont fait leur : Samson, valet des Capulet déclare : " Un chien de la Maison des Montaigue, ça m'excite". Aussi la ville de Vérone semble-t-elle être divisée en deux camps adverses : les partisans des Capulets et les partisans des Montaigue. Seul le prince est neutre et déplore aussi bien les agissements de l'une ou l'autre des familles : " Par ta faute vieux Capulet, par ta faute Montaigue..." (page 43).

Pour autant, on ignore tout des causes de cette haine. On sait seulement que les querelles se déclenchent pour des raisons futiles puisque selon le prince elles sont engendrées "par des paroles de vent" (page 43). Par ailleurs, Capulet avoue que " ce n'est pas bien difficile de maintenir la paix pour des hommes de [leur] âge" (page 55), et on se demande si les raisons de la haine ne sont pas tout simplement "caduques" voire injustifiées, d'autant que Capulet père non seulement prend la défense de Roméo lorsque Tybalt le reconnaît le soir du bal, mais encore il fait son éloge : " Laissez-le tranquille , / Il se conduit comme un gentilhomme parfait / Et à dire vrai, Vérone est fier de lui / Comme d'un vertueux jeune homme" (page 85) et il rend hommage à son père ( son pire ennemi) pour l'avoir " bien élevé". Juliette quant à elle résume cette haine à un nom, presque à un concept, " C'est seulement ton nom qui est mon ennemi", et considère qu'elle n'atteint pas les personnes : " Qu'est-ce qu'un Montaigue ? Ce n'est ni pied, ni main / Ni bras ni visage, ni aucune partie / Du corps d'un homme." (page 101)

Pourtant en dépit de la bonne volonté toute théorique du père de Juliette la haine entre les deux familles est bien plus qu'un motif récurrent, c'est un motif structurant : du début à la fin de la pièce, la haine rythme les différentes actions et entretient avec elles une relation de cause à effet

- l'affrontement inaugural

- la colère, puis le défi de Tybalt à Roméo => les duels entre les Mercutio et Tybalt, puis entre Tybalt et Roméo => l'exil de Roméo => la séparation du couple

- le mariage secret => l'impossibilité pour Juliette de justifier son refus d'épouser Paris, => la colère du père =>le mariage imposé => la solitude de Juliette => la stratégie de Frère Laurent pour l'aider à rester fidèle à Roméo

Les conséquences de la haine sont donc l'objet de la pièce : la relation amoureuse de Juliette et Roméo est tragique parce qu'elle est interdite. Et même si les deux amants, conscients de la situation dépassent très vite le stade de la plainte ( " Monstrueuse est pour moi la naissance d'amour" ( Juliette page 93) ; " Douloureuse créance, / Ma vie devient mon dû envers mon ennemi" (Roméo, page 91), même s'ils dépassent la haine parentale et même s'ils trouvent la seule véritable solution à savoir nier, ou renier, leur patronyme : " Mon nom ô chère sainte est en haine à moi-même / Puisqu"il est ton ennemi" Roméo page 101;"Renie ton père, refuse ton nom" ; " je ne serai plus une Capulet" ; " Ne m'appelle plus qu'amour et je serai rebaptisé"), il n'en demeure pas moins qu'ils ne réussissent pas ( ils ne tentent même pas ) à imposer leur amour comme remède à la haine familiale ( comme l'avait imaginé Frère Laurent). Seule leur mort aura raison de la haine. Si la fin de la pièce consacre la paix enfin retrouvée, la réconciliation entre les deux familles devant le tombeau de leurs enfants met en évidence le non-sens de la haine.

LA FATALITÉ

Roméo et Juliette sont des personnages tragiques car ils sont victimes de la fatalité, de forces qui les dépassent et qu'ils ne peuvent combattre. A la fatalité de leur naissance dans des familles ennemies, s'ajoute ce que les latins appelaient le "Fatum" c'est à dire

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