Les vrilles de la vigne et Sido ne sont-elles qu'une célébration du monde ?
Cours : Les vrilles de la vigne et Sido ne sont-elles qu'une célébration du monde ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Soraya Saib • 9 Janvier 2023 • Cours • 1 630 Mots (7 Pages) • 10 641 Vues
Les Vrilles de la Vigne est un recueil de nouvelles d’inspirations autobiographiques écrites entre 1907 et 1908 par Colette. L’écriture de Colette se nourrit de son expérience vécue et tourmentée avec sa séparation avec Willy et sa liaison amoureuse avec son amie Missy à partir de 1907. Dans Sido, récit paru en 1930, Colette évoque son enfance dans son village natal de Bourgogne et ses tendres souvenirs de sa famille dont sa mère Sidonie surnommée Sido.
Ces deux œuvres distincts écrites à des périodes différentes de la vie de Colette sont un vibrant hommage à la nature, glorifiée par sa mère Sido et témoignent ainsi une célébration du monde qui l’entoure. La Célébration du monde se résume a faire l’éloge de l’univers qui nous entoure via un lexique mélioratif des figures de l’amplification et un registre lyrique.
Les œuvres de Sido et les vrilles de la vigne ne sont-elles qu’une célébration du monde ? Ou l’écriture n’est-elle pas un moyen pour Colette à mieux se connaitre et à affirmer ainsi sa véritable identité ?
Dans une première partie, nous analyserons comment Colette célèbre la nature, le paradis de son enfance et les êtres aimés par l’évocation des cinq sens. Puis nous montrerons comment l’écriture autobiographique permet à Colette de progresser vers la quête de soi.
Les deux œuvres Sido et les Vrilles de la vigne évoquent le rapport privilégié que Colette a avec la Nature. Colette, tout en décrivant élogieusement le jardin de son enfance dans sa Bourgogne natale, montre que Sido, sa mère, ne s’épanouit que lorsqu’elle est au contact de la nature. Sido se confond totalement avec la nature. Elle entretient une grande variété de fleurs et s’occupe en permanence de son jardin. Colette décrit d’ailleurs le jardin de Sido comme un espace préservé et idyllique au sein duquel Colette prend conscience de la beauté d’une nature vivante. Elle dépeint Sido comme la « reine du jardin » qui est capable de commander aux éléments, de parler avec les animaux et de lui transmettre les secrets de la Nature. On peut parler d’une forme de panthéisme que Sido transmet à Colette. Dans les Vrilles de la vigne, la Nature tient également une grande place. Colette porte une dévotion considérable à tout ce qui vit : le rossignol, la forêt, les animaux. La nature est une source perpétuelle d’émerveillement. Dans « jour gris », Colette est nostalgique du pays de son enfance, fantasmé comme un paradis perdu. « J’appartiens à un pays que j’ai quitté » écrit Colette dans les Vrilles de la Vigne. Ainsi, la célébration du monde est un éloge des paysages de son enfance et de la Nature surdimensionnée par l’emploi d’une tonalité lyrique et poétique.
La célébration du monde de son enfance est également étroitement liée à l’évocation des êtres aimés. La figure maternelle est omniprésente dans le récit Sido. Colette peint le portrait idéalisé de sa mère qui s’émerveille de tout et qui l’a initié à observer et à respecter la Nature qui l’entoure. Colette évoque pareillement son père qu’elle aurait aimé mieux connaître « mal connu, méconnu » et « les sauvages », c’est-à-dire sa fratrie. Elle exalte d’ailleurs le caractère non-conformisme de son frère Léo. Si Colette célèbre l’amour des êtres qui constituent son monde, elle n’oublie pas de rendre hommage aux animaux au point de les personnifier. Colette métamorphose la réalité et célèbre le monde de l’enfance et le monde du vivant en intensifiant les moments vécus. Colette célèbre ainsi son univers familier en lui donnant une dimension sacrée.
Cette contemplation du monde n’est possible que par l’exercice des cinq sens : la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût. Colette célèbre un monde au sein duquel touts les sens sont exacerbés permettant au lecteur de découvrir ce monde par les sens. Les descriptions visuelles sont privilégiées par l’écriture de l’auteure, notamment avec l’évocation des fleurs colorées. Colette est sensible au bruit du monde « le chant des frelons » (jour gris) et aux parfums des fleurs, des fruits (les vrilles de la vigne). Tous les sens de Colette influent sur la manière dont Colette rend compte de l’authenticité de son monde et agit comme une véritable exploration sensorielle, comme lors de la promenade dans la forêt de Crécy. Colette est sensibilisée très tôt à observer la nature qui l’entoure en utilisant tous ses sens.
Au fil des deux œuvres, Colette progresse dans sa quête de sa liberté. Le projet autobiographique de Colette n’est-il pas également la quête de soi, c’est-à-dire apprendre à mieux se connaître et à affirmer son identité par l’écriture ? Colette est une femme libre qui tient sa notoriété autant à ses œuvres qu’à sa personnalité controversée. Colette était donc avant tout une femme libre qui acceptait d’aimer une femme Missy, ce qui était mal vu à l’époque. Collette n’a pas toujours été une femme qui revendiquait fièrement sa liberté. Dans les Vrilles de la vigne, le premier texte met en scène un rossignol qui, une nuit alors qu’il s’éveille, se rend compte qu’il est prisonnier d’une vigne qui a poussé durant la nuit. Après avoir puisé toutes ses forces pour s’en libérer, il se promet qu’il ne s’endormira plus jamais sur une vigne. Le rossignol représente Colette et son désir de liberté. Les Vrilles de la vigne représentent les coutumes et les conventions sociales qui étaient un obstacle à son désir de devenir écrivaine. Elle puise toutes ses forces pour s’en libérer et ses écrits sont signés pour la première fois en 1904 par son propre nom. Elle utilisait le nom de son mari Willy auparavant. De plus, dans Les sauvages, Colette est proche de son frère Léo car ils sont tous les deux détachés des coutumes et des conventions du monde extérieur. Ils apprécient la ville mais préfèrent la solitude de la campagne à la « socialisation de la ville ». Ensuite, dans « Belle du jour » et « de quoi est-ce qu’on a l’air ? », Valentine, amie de Colette, représente les conventions qui engendrent une certaine Blemmophobie chez les femmes. Colette pense que les femmes sont prisonnières des normes sociales et des conventions féminines instaurées par les hommes, contrairement à elle libre d’être elle-même.
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