Dans quelle mesure le spectateur est-il partie prenante de la représentation théâtrale ?

ent. Ce qui leur est demandé ici est une sorte d’ouverture d’esprit. On peut ainsi considérer que le théâtre peut avoir des attentes concernant le spectateur. Dans cet extrait, la formulation pourrait faire penser à des consignes par l’emploi de l’impératif, comme si le public devait respecter certaines règles pour, en quelque sorte, « comprendre » ou « vivre » la pièce. Il arrive également que l’auteur, avant de mettre en scène sa pièce, la présente en quelque sorte, l’expose au public. Par exemple, dans Le barbier de Séville, l’auteur, Beaumarchais, rédige une lettre adressée au spectateur au début de son œuvre intitulée, Lettre modérée sur la chute et la critique du barbier de Séville, dans laquelle il présente sa pièce qui sera jouée par la suite au public. Il s’adresse à eux en ces termes : « J’ai l’honneur de vous offrir un nouvel opuscule de ma façon. Je souhaite vous rencontrer dans un, de ces moments heureux ou, dégagé de soins, content de votre santé, de vos affaires, de votre maîtresse, de votre dîner, de votre estomac, vous puissiez vous plaire un moment à la lecture de mon Barbier de Séville, car il faut tout cela pour être homme amusable et lecteur indulgent. ». L’utilisation de la deuxième personne du pluriel marque la présence du public. Ici l’auteur s’intéresse à son lecteur, il le met, en quelque sorte, en conditions .On peut ressentir une certaine proximité de l’auteur avec son public, comme s’il le connaissait vraiment. Il le conseille, il lui donne, à sa manière, des instructions pour être un « bon » spectateur, à la fois capable d’indulgence et d’ouverture d’esprit. Dans cette pièce la place du spectateur est primordiale. Au sein du corpus de textes, nous avons également pu remarquer dans le prologue d’Antigone que Jean Anouilh s’adressait directement au spectateur : « Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone ». Ici on expose la situation au public, on retrouve l’idée de la mise en conditions favorables et l’emploi de la deuxième personne du pluriel désignant les spectateurs. Dans ces trois extraits de représentations théâtrales, le spectateur est conseillé, dirigé, et le rôle qui lui est confié conditionne le succès de l’œuvre. On lui attribue un rôle, il prend la place que le spectacle lui donne. Ainsi le spectateur fait partie prenante de la représentation théâtrale dans la mesure où, il est, en quelque sorte, rendu « acteur » lui aussi du spectacle par l’auteur.

Il existe également des œuvres théâtrales ou l’on ne s’adresse pas du tout au public. On pourrait alors penser que l’auteur ne le prend pas en considération. Mais, cela peut cependant permettre au spectateur de choisir par lui-même la place qu’il doit prendre dans la représentation. Cette liberté peut permettre à chacun d’apprécier l’œuvre différemment.

Dans un second temps nous nous sommes donc intéressés à la place que le spectateur prend lors d’une pièce, à travers ses réactions, ses émotions, son comportement… Que ce soit par des rires, des pleurs, des cris, et bien d’autres, le spectateur est un membre actif du spectacle. Si l’on prend l’exemple du texte du corpus issu de Cyrano de Bergerac, on note qu’Edmond Rostand s’est ici intéressé au comportement des spectateurs lors d’une représentation. On peut voir différents sentiments tels que l’impatience, exprimée par « commencez ! », ou encore l’étonnement, induit par « il est chauve !... ». L’auteur nous expose ainsi les attitudes ou réactions typiques du spectateur lorsque celui-ci va au théâtre. Les applaudissements, les acclamations « Bravo », le « Chut ! » illustrant l’agacement des spectateurs les uns envers les autres au moment de réclamer le silence : toutes ces attitudes font partie prenante du spectacle. Les acteurs de cette pièce doivent jouer le rôle de spectateurs. Cet aspect de la pièce est intéressant car cela pourrait faire penser à une inversion des rôles : le public sur scène et les acteurs dans la salle, malgré le fait que les personnes dans la salle sont toujours des spectateurs. Cette pièce nous montre l’importance du public dans un spectacle. Molière lui, dans sa pièce La critique de l’Ecole des femmes, s’est plutôt intéressé au point de vue du spectateur. Ici deux personnages expriment chacun leur jugement concernant la pièce à laquelle ils viennent d’assister, à savoir L’Ecole des femmes de Molière. Les deux personnages s’affrontent à travers leur jugement, l’un n’ayant point apprécié la pièce « je la trouve détestable », l’autre la défendant « Oui, je prétend la soutenir ». Bien sûr, l’auteur utilise l’avis du défenseur, Dorante, comme porte-parole de sa propre opinion. On peut noter dans cet exemple que les réactions du spectateur peuvent être très variables. Citons, à titre d’illustration,