Doc33
Compte Rendu : Doc33. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires.............................. 26 g. Septième passage................................................................................................ 30 h. Huitième passage ............................................................................................... 33 i. Neuvième passage ............................................................................................... 35 j. Dixième passage .................................................................................................. 42 k. Onzième passage ................................................................................................ 45 l. Douzième passage/Treizième passage ............................................................... 47 m. Quatorzième passage........................................................................................ 51 n. Quinzième passage............................................................................................. 53 o. Seizième passage ................................................................................................ 56 Conclusion ............................................................................................................... 59 Bibliographie ........................................................................................................... 63 Vita ........................................................................................................................... 65
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Abstract
The purpose of this thesis is to analyze the relationship between language and themes in Marie Darrieussecq’s novel Truismes. Having as its core the theme of metamorphosis, Truismes tells the story of a young woman who after passing through a multitude of experiences transforms into a pig. The character’s journey through the metamorphosis is marked by excesses. The excess manifests itself at all levels: in the physical and mental transformation of the female character, in the description of the secondary characters, in the composition of the environment that sustains the narration, and ultimately in the language. By using Julia Kristeva’s theory of the abject, while conducting a careful analysis of the language and narrative style of the author, this thesis illuminates the relationship between the main character’s use of language and the development of themes in the novel. Thus, Marie Darrieussecq’s Truismes is shown to be a work concerned with the notion of “speaking the unspeakable”. The thesis analyses not only the position of women in a predominantly masculine society, but also the political and economical relations that govern the activities described. Ultimately, this interpretation of Truismes discusses the notion of what it means to be living outside the social norm and, therefore in close relation to nature.
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Introduction
Jeune écrivaine française, Marie Darrieussecq publie son premier roman, Truismes, en 1996, à l’âge tendre de vingt-neuf ans. Ayant comme thème l’histoire picaresque de la métamorphose d’une jeune femme enfantine en truie, ce roman traite d’un sujet qui peut paraître à la fois choquant, dégoûtant, voire pervers. Néanmoins, dès sa publication, ce premier roman a joui non seulement d’un grand succès de librairie, il s’est vendu à plus de 300.000 copies et fut traduit en 34 langues dès sa première année de parution. Il a aussi suscité de vives réactions, aussi bien que de véritables débats littéraires. Utilisant un langage qui peut paraître à première vue très simple et sans profondeur, Truismes se révèle comme un roman qui emprunte volontairement à la Métamorphose de Kafka. Pourtant, ce langage coup-de-poing cache une originalité stylistique profonde, ainsi qu’un thème qui déclenche des discussions pertinentes sur la « condition humaine » et, en particulier, sur la position d’une femme vivant au milieu d’une société à prédominance masculine. C’est aussi un langage qui avance des questions sur la politique, ainsi que sur les relations économiques qui gouvernent notre vie quotidienne. L’objet de ce travail est d’explorer et d’interroger ces notions à travers une analyse détaillée du langage employé par l’auteur, du style narratif qu’elle utilise dans la création de cette aventure dans la métamorphose, et des thèmes qu’elle explore. L’organisation de cette thèse suivra la composition du roman lui-même qui est partagé en seize passages.
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D’abord, cette analyse souhaite montrer qu’à travers le langage et le style de ce roman, l’auteur requiert d’une manière directe la participation de ses lecteurs pour la propagation et l’accomplissement de son message. Ensuite, cette analyse présentera les stratégies narratologiques de ce roman comme situant Truismes dans le contre-courant du roman typique des XIXe et XXe siècle et qui exposent le trauma ou la crise identitaire du personnage principal d’une manière analytique. Finalement, cette analyse emploiera l’œuvre critique de Julia Kristeva pour inscrire le livre de Marie Darrieussecq dans le domaine des œuvres qui travaillent la notion de « dire l’indicible ». En ce qui concerne Marie Darrieussecq, « dire l’indicible » se manifeste par la présence abondante des excès. Ce sont des excès qui mènent à l’incarnation de l’abject. Selon Kristeva dans son œuvre Pouvoirs de l’horreur, « l’abject … n’abandonne ni n’assume un interdit, une règle ou une loi ; mais les détourne, fourvoie, corrompt ; s’en sert [et] en use, pour mieux les dénier. Il tue au nom de la vie »1. Une littérature qui y accède est une littérature traversée par « des catégories dichotomiques du Pur et de l’Impur, de l’Interdit et du Péché, de la Morale et de l’Immoral »2. Chez Darrieussecq, en premier lieu, ce sont les excès langagiers qui génèrent une telle littérature, caractérisant le langage de l’œuvre, formant et transformant le personnage principal physiquement et psychologiquement. De ce point de vue, le roman de Marie Darrieussecq, déchiffré avec l’aide de Kristeva, s’inscrit à la fois dans le domaine de la psychanalyse, aussi bien dans celui de l’analyse féministe. Pourtant, comme cette analyse proposera vers la fin, ce roman n’est pas nécessairement une œuvre féministe.
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Kristeva 23, 1980. Idem.
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Avant de commencer il faut préciser que, pour tenir compte de l’organisation structurelle et thématique de cette œuvre, les approches invoquées ci-dessus seront appliquées à chaque passage, selon leur pertinence dans le cadre de cette étude. a. Le titre Avant même de commencer l’analyse proprement dite du texte, le titre Truismes avertit déjà le lecteur sur les thèmes qu’on va rencontrer dans le texte lui-même. Racontant les histoires de la truie protagoniste, ce titre s’appuie sur le sens rétrospectif de la narration puisque le mot « truisme » contient le mot « truie ». Selon le dictionnaire Larousse, le mot « truisme » vient de l’anglais « truism, » de « true, » et en même temps il signifie d’une manière péjorative la notion « d’une vérité d’évidence, banale »3. En conséquence, le titre Truismes expose-t-il l’histoire du roman comme une plaisanterie ; c’est la confession d’une jeune femme qui se métamorphose en cochon. C’est l’histoire d’une confession antipathique puisque le lecteur ne ressent aucun sentiment d’identification avec la protagoniste. Pourtant, les truismes de Marie Darrieussecq sont des préceptes qui servent à cacher une discussion approfondie sur les thèmes déjà mentionnés au-dessus. L’ironie, l’humour et la naïveté qu’on ressent en lisant ce roman soutiennent ces thèmes en même temps qu’ils mènent à la formation d’un langage simple qui rappelle l’écriture « Degré Zéro » de Roland Barthes. De plus, tenant compte que le personnage principal est un cochon qui passe par une multitude des aventures, Truismes se dévoile aussi comme un conte. Pris dans l’intertextualité, ce roman nous rappelle le cochon d’Homer, par exemple. L’ironie des événements racontés, la naïveté du personnage ainsi que son langage simple soutient Truismes en tant que conte, en ce qui concerne la structure. Finalement, on peut
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Larousse 2002, 1949.
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interpréter les truismes de Marie Darrieussecq comme préceptes, leçons, ou texte prétexte pour une discussion approfondie des thèmes déjà mentionnés au-dessus. b. L’organisation du livre En lisant Truismes on est dès la première page introduit à une forme organisationnelle qui, non seulement semble être en relation directe avec les thèmes du roman, mais est aussi une forme à force dirigeante des motifs exposés. Complice de cette stratégie organisationnelle, Darrieussecq apporte avant le commencement de l’histoire proprement dite une petite citation de l’écrivain norvégien Knut Hamsun. C’est un extrait qui semble choquer le lecteur qui ne sait pas quoi en faire : « Puis le couteau s’enfonce. Le valet lui donne deux petits poussées pour lui faire traverser la couenne, après quoi, c’est comme si la longue lame fondait en s’enfonçant jusqu’au manche à travers la graisse du cou. D’abord le verrat ne se rend compte de rien, il reste allongé quelques secondes à réfléchir un peu.
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