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Dom Juan De Molière

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auvre, que Don Juan tente en vain de faire blasphémer pour un louis.

Scène 3 : Don Juan vole au secours d'un inconnu attaqué par trois voleurs. Or c'est Don Carlos, un des frères d'Elvire, qui poursuivent (sans le connaître) le mari infidèle de leur sœur. Il raconte son histoire à Don Juan, qui se porte garant de... Don Juan.

Scène 4 : Arrive Don Alonse, qui veut tuer Don Juan, mais Don Carlos s'entremet : il lui doit la vie, et veut lui laisser le temps de réfléchir.

Scène 5 : Don Juan, seul avec son valet, confirme cyniquement sa lassitude de Done Elvire. Comme il se trouve près du tombeau d'un Commandeur qu'il a tué jadis, il invite la statue du mort à souper avec lui. La statue incline la tête en signe d'assentiment, mais Don Juan refuse de croire au prodige.

Acte IV : “L'inhumain”

Scène 1 : Don Juan, rentré chez lui, fait préparer un souper.

Scène 2 : On lui annonce la visite d'un créancier, M. Dimanche.

Scène 3 : Il se débarrasse de celui-ci avec une désinvolte et impertinente politesse.

Scène 4 : Survient Don Louis, père de Don Juan, qui vient lui reprocher son inconduite. Don Juan l'écoute en silence, et ne lui répond que d'un mot insolent.

Scène 5 : Son père parti, Don Juan souhaite sa mort.

Scène 6 : Elvire, à son tour, rend visite à Don Juan. Elle s'est détachée de lui et retourne à Dieu. Don Juan veut la retenir.

Scène 7 : Don Juan se met à table, avec Sganarelle.

Scène 8 : Mais ils sont interrompus par une apparition de la statue qui invite à son tour Don Juan. Il accepte par bravade.

Acte V : “L'hypocrite”

Scène 1 : Don Juan joue à son père la comédie de la conversion.

Scène 2 : Après le départ du vieillard, il explique à Sganarelle son dessein délibéré de jouer l'hypocrite.

Scène 3 : Don Juan refuse à Don Carlos toute satisfaction par les armes : le Ciel le lui défend.

Scène 4 : Don Juan affirme à Sganarelle effrayé son dédain de ce Ciel qu'il invoque.

Scène 5 : Apparaît un spectre de femme qui l'avertit de sa perte prochaine, puis prend la figure du Temps, et s'envole quand Don Juan veut le frapper de son épée.

Scène 6 : Don Juan refuse pourtant de se repentir. Entre la statue, qui vient le chercher. Elle lui tend la main. Il la prend, et est précipité dans les flammes au milieu des éclairs. Sganarelle réclame à grands cris ses gages.

Analyse

Intérêt de l’action

Originalité : On a toujours connu ce type d’homme qu’est Don Juan, surmâle par excellence, plus jouisseur qu'amoureux, inspirant du goût aux femmes autant qu'il en éprouve pour elles, et révolté contre toutes les contraintes qui peuvent faire obstacle à son désir. Mais c’est la morale chrétienne, surtout après la Renaissance, explosion de désir et de joie, qui a suscité l'indignation contre ce personnage qui ne connaît ni dieu ni diable.

Ce n'est pas un hasard si l’«inventeur» de Don Juan, Tirso de Molina, fut, au Siècle d'or, un moine de la très catholique Espagne, le frère Gabriel Tellez. En 1625, il mit sur scène une tradition née probablement de faits réels et rapportée par la “Chronique de Séville” : une nuit, Don Juan Tenorio tua le commandeur de Calatrava, Don Gonzalo d'Ulloa, dont il avait séduit et déshonoré la fille. C’est dans le couvent de franciscains où le vieillard avait été enseveli que les religieux, attirant Don Juan, le massacrèrent. Ils déclarèrent ensuite que, venu insulter Ulloa sur son tombeau, le séducteur avait été entraîné en enfer par la statue, soudain douée de vie, par sa victime. Il intitula son œuvre “El burlador de Sevilla y convidado de piedra”, “Le trompeur de Séville et le convive de pierre”. Le sous-titre français, "Le festin de pierre", résulte sans doute d'une mauvaise traduction de l'espagnol «convidado» qui signifie «convive», et non «banquet». Les jeunes débauchés ne manquaient pas dans l'Espagne des derniers Habsbourg. Tirso de Molina put observer, en particulier, deux libertins fameux : Don Juan de Villamédiana et Don Pedro Manuel Girôn, fils du duc d'Osuna, l'un des plus grands seigneurs espagnols. Juan Tenorio était un jeune seigneur qui se divertissait à abuser des filles en leur faisant croire qu'il voulait les épouser, et plus encore à berner des maris ou des fiancés qui étaient parfois ses propres amis. Le cœur n'avait pas la moindre part à ses entreprises, qu'il menait avec un bonheur inégal, secondé par Catalinon, son valet pleutre et souvent récalcitrant. Il n'était pas un incroyant mais un débauché, dans un pays où la religion était intimement mêlée à tous les incidents de la vie : à son dernier instant, il réclamait un prêtre. La pièce, satire des mœurs de la jeunesse madrilène, après avoir commencé par de banales aventures d'amour, s'achevait en un drame religieux d'une grandiose ampleur, dominé par l'idée du châtiment divin. Elle fut d'abord présentée comme la transposition scénique d'un exemplaire sermon de carême ; mais l'auteur se proposait de servir Dieu par des voies obliques, et non du haut de la chaire, d'où sa discrétion : le pieux Tirso de Molina a été éclipsé par le diabolique Don Juan, qu'il avait inventé en 1625.

Le Don Juan de Tirso devint, sur les champs de foire, un personnage célèbre à l'égal de Polichinelle. Des pièces italiennes ou françaises ont été bâties sur le même sujet. Deux comédies italiennes ont le même titre : “Il convitato di pietra”, l'une d'Onofrio Giliberto, de Solofra (1653), l'autre de Jacinto Andrea Cicognini, de Florence. Celui-ci, dans sa pièce (de date incertaine, mais probablement antérieure à 1650), changea le caractère et le sens du thème original ; il piquait la curiosité par le mystérieux, mais laissait perdre toute la signification religieuse : le surnaturel se transformait en féerie. Il développait le comique (souvent de qualité douteuse) en se servant de «lazzi», en utilisant les personnages de la «commedia dell'arte» : le Docteur, Pantalon, Brunetta. Le valet de Don Juan, Passarino, n'était qu'un pitre. Quant à Don Juan lui-même, il apparaissait uniquement comme un mâle grossier que le désir poussait. On ne connaît pas la pièce de Giliberto. Dès 1658, “Le festin de pierre” était joué à Paris par les comédiens italiens de Locatelli (Trivelin). On a une idée de ce que pouvait être cette «commedia dell'arte», inspirée sans doute de Giliberto et de Cicognini, car Dominique Biancolelli, qui jouait le rôle du valet sous le nom d'Arlequin, qui doubla Locatelli à partir de 1662, et finalement le remplaça dans le rôle, laissa un scénario dont le Français Gueullette fit, au XVIIIe siècle, la traduction qui nous est parvenue. D'après ces notes, on peut constater qu'il s'agit d'une farce vulgaire qui gardait le thème général de la fable, mais développait les traits comiques. Don Juan était réduit au rôle d'un joyeux et banal débauché.

Les Français Dorimond et Villiers sont les auteurs chacun d'une pièce qui porte le même titre : “Le festin de pierre ou Le fils criminel” (1650 et 1651), deux tragi-comédies (où les moments comiques sont rares) qui offraient une étroite ressemblance pour les noms, les caractères, la conduite de l'action, traduisant sans doute un même original, la pièce de Giliberto. Les deux auteurs avaient surtout considéré le caractère de Don Juan. C'était un révolté : contre son père, contre sa patrie, contre les idées et les sentiments de la foule. Il refusait de s'incliner devant la tyrannie des destins et les multiples contraintes de la religion, de la famille, de la société. Il voulait vivre intensément par ses passions, par ses désirs. Toutefois, il n’était pas athée, il ne niait pas Dieu, mais l'insultait (le mot Dieu était d'ailleurs remplacé par celui de Jupiter). Les deux auteurs avaient allégé le drame en lui donnant davantage d'unité ; toute l'action était localisée à Séville, et il ne s'agissait plus d'un jeune homme ardent qui dépensait sa jeunesse sans mesure, mais de l'apôtre des droits individuels contre les obligations de la morale universelle.

Ce qui avait poussé les gens de l'époque vers le thème de Don Juan était sans doute le goût baroque du merveilleux, de la multiplicité et de l'imprécision des lieux ; le goût de la machinerie au théâtre ; le désir d'un divertissement assaisonné de «lazzi» et de bons mots.

Molière a-t-il lu le “Burlador”? Autrefois, on croyait que non ; on est moins affirmatif aujourd'hui. Il a pu être influencé par le scénario de «commedia dell’arte». Il l’a été, sans aucun doute, par les pièces de Dorimond et de Villiers. Il est fidèle à la trame initiale qui est riche en épisodes dramatiques. Mais il a approfondi le caractère du personnage dont il a fait un monstre d’orgueil et de cynisme cruel. Sa pièce, qui commence

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