Dom Juan (acte III, scène 2), la scène du pauvre (plan détaillé)
Commentaires Composés : Dom Juan (acte III, scène 2), la scène du pauvre (plan détaillé). Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresme un tyran auquel il n’obéissait que sous la contrainte trahi le fait qu’il est bel et bien tenté par l’impiété et le libertinage mais qu’il est trop pleutre pour aller jusqu’à de tels excès, c’est ce que nous laisse entendre le « jure un peu », comme s’il était possible de trouver un moyen de pécher mais pas au point de risquer un châtiment divin. De même, on peut s’interroger sur sa moralité qui n’est décidément qu’une façade, quand il dit « il n’y a pas de mal », le mal ne serait pas le péché ou l’impiété mais son caractère visible et ostentatoire. Il fait contrepoint avec son maître et le valorise, car il n’a pas le courage de Dom Juan et sa piété est une forme de lâcheté, il s’accommoderait sans problème avec des compromissions pas trop voyantes pour son plaisir mais ne peut se décider à une forme de rébellion ostentatoire de crainte du « Ciel », de l’ « Enfer » ou du « loup-garou ».
II. Une double épreuve
1) Une épreuve pour Dom Juan ?
Rencontre faussement fortuite où un fort symbolisme nous laisse entendre qu’après s’être perdu, Dom Juan demande au Pauvre de lui indiquer le chemin, celui qui mène à sa destination, ou celui qui mène à la rédemption ? Personnage du Pauvre symbolique, presque l’allégorie de la pauvreté qui met en question la notion de charité chrétienne. C’est ce qu’indique la majuscule de son nom.
L’épreuve du Pauvre n’en serait qu’une parmi bien d’autres qui jalonnent le parcours de Dom Juan, il s’agirait de voir s’il est accessible à la pitié face au faible et s’il remplit son devoir de charité. Cette épreuve serait aussi une étape de plus dans son impiété, en marquerait un aspect supplémentaire, car s’il semble vainqueur dans l’échange du fait aussi de son statut social et de sa position, la victoire finale n’est pas de son côté.
2) Une épreuve pour le Pauvre
Finalement, c’est plutôt le Pauvre qui subit une épreuve. Il est d’abord mis face à ses propres contradictions. Tout d’abord, Dom Juan montre que l’aide du pauvre est intéressée (« ton avis est intéressé »). Ensuite il souligne l’illogisme qu’il y a à prier pour la prospérité des autres alors que lui- même est dans la misère, et à s’occuper davantage des autres que de lui-même. Enfin lorsque le Pauvre dit qu’il prie pour les « gens de bien qui lui donnent quelque chose », il présente la prière comme un mode de paiement, une activité intéressée et une forme de flatterie pour motiver le don. Dom Juan ne relèvera pas ce point et préfèrera l’attaquer sur son oisiveté. Sa question est déjà une moquerie, par l’opposition entre « occupation» et « arbres ». Le contraste entre le ton railleur de Dom Juan et l’humilité du pauvre est également à remarquer. Ainsi, Dom Juan met en relief l’inutilité de prières qui ne récompensent pas celui qui les fait et le ridicule et l’hypocrisie de la situation du Pauvre qui ferait mieux de s’occuper de lui-même plutôt que du sort de ses donateurs. Il laisse entendre qu’il y a là une preuve supplémentaire de l’inexistence d’un Dieu qui laisse ses fidèles dans le dénuement.
3) La recherche sincère d’une foi réelle ?
Par son geste final, on peut se demander si Dom Juan reconnaît et respecte la foi véritable du Pauvre qui ne capitule pas et donc montre la supériorité de sa croyance sur la tentation, la supériorité aussi des valeurs célestes aux valeurs terrestres. Dom Juan est constamment en quête de Dieu, cette quête se fait sous une forme provocante, mais cette provocation même est un appel, une volonté de connaître et d’éprouver Dieu. Ce qui n’est pas une démarche athée mais impie, si Dom Juan était véritablement convaincu de l’inexistence de Dieu pourquoi perdre tant de temps à l’offenser
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