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Exposer Sur Erasme

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ant plus que Luther présente Érasme comme son maître spirituel et qu'il approuve la plupart des reproches qu'il adresse à l'Église. La querelle, tant philosophique que théologique, veut l'obliger à choisir entre un catholicisme traditionnel et la Reforme, mais Érasme plaide le pacifisme, l'unité et la réconciliation. En 1521, alors qu'il s'est installé à Bâle, Luther utilise ses essais philosophiques comme moyen de pression sur Érasme qui est contraint de s'installer à Fribourg en raison de la tension qu'il juge trop forte. En Suisse, alors qu'il a gardé l'envie de voir une réunification au sein de la religion, il conserve sa place de loyal serviteur de l'Église en écrivant des ouvrages en lien avec l'Évangile.

En 1535, alors que la situation s'est apaisée à Bâle, avant qu'en 1536 il n'y meurt de douleur articulaires et de maladie.

Bien qu'Érasme fut un excellent philologue (rétablir le contenu original d'un texte à partir de plusieurs sources ; avec les textes religieux par exemple), un écrivain abondant (homme de lettres qui a écrit des textes sur des auteurs latins, grecs et qui a eu de nombreuses correspondances épistolaires qui ont par la suite été publiées grâce à l'imprimerie) et un chrétien engagé (pacifisme, combat contre l'intolérance religieuse, volonté de transmettre l'Évangile aux croyants afin que chacun puisse exercer sa foi en ayant connaissance des textes), il doit certainement plus son extraordinaire audience à son humanité : en temps de guerres et d'oppositions idéologiques, il a su garder espoir, rester tolérant, optimiste et attaché au message fondamental de Dieu.

II) Extrait de l'Eloge de la Folie, chapitre XLIX (49), Érasme

• Il s’agit d’une fiction burlesque et allégorique. Érasme y fait parler la déesse de la Folie et lui prête une critique virulente des diverses professions et catégories sociales, notamment les théologiens, les maîtres, les moines et le haut clergé mais aussi les courtisans dont nous avons une satire mordante (l'essai se termine cependant sur une bonne note, en décrivant de façon sincère et émouvante les véritables idéaux chrétiens).

• Erasme se cache derrière un masque, comme les bouffons de cours, seules personnes autorisées à l'insolence, parce que bossues ou infirmes. Le masque qu'Erasme utilisa est celui de la folie qu'il fit parler à la première personne.

• Chapitre 49 qui s'inscrit dans une énumération des folies et insanités populaires.

A) Texte

« Au premier rang sont les Grammairiens, race d’hommes qui serait la plus calamiteuse, la plus affligée, et la plus accablée par les Dieux, si je ne venais atténuer les disgrâces de leur malheureuse profession par une sorte de douce folie.[...] On les voit toujours faméliques et sordides dans leur école; je dis leur école, je devrais dire leur séjour de tristesse, ou mieux encore leur galère ou leur chambre de tortures. Parmi leur troupeau d’écoliers, ils vieillissent dans le surmenage, assour­dis de cris, empoisonnés de puanteur et de malpro­preté, et cependant je leur procure l’illusion de se croire les premiers des hommes. Ah ! Qu’ils sont contents d’eux lorsqu’ils terrifient du regard et de la voix une classe tremblante, lorsqu’ils meurtrissent les malheu­reux enfants avec la férule, les verges et le fouet, lorsque, pareils à cet âne de Cumes, ils s’abandonnent à toutes les formes de la colère! [...]

Mais leur plus grande félicité vient du continuel orgueil de leur savoir. Eux qui bourrent le cerveau des enfants de pures extravagances, comme ils se croient supérieurs, Bons Dieux ! À Palémon et à Donat ! Et je ne sais par quel sortilège ils se font accepter comme ils se jugent par les folles mamans et les pères idiots. Ils prennent aussi d’extrêmes plaisirs à découvrir sur des parchemins pourris, soit le nom de la mère d’Anchise, soit quelque expression inusitée comme busequa, bovi­nator, manticulator, ou encore à déterrer un frag­ment d’inscription sur un morceau de vieille pierre. O Jupiter ! Quelle exaltation ! quel triomphe ! Quels éloges ! Auraient-ils vaincu l’Afrique ou pris Babylone ? Leurs versiculets les plus froids et les plus sots, ils les colportent, leur trouvent des admirateurs et se per­suadent que l’âme de Virgile a passé en eux. Rien ne les enchante davantage que de distribuer entre eux les admirations et les louanges, et d’échanger des congra­tulations.Mais, que l’un d’eux laisse échapper un lapsus et que, par hasard, un plus avisé s’en aperçoive, par Hercule ! quelle tragédie ! Quelle levée de boucliers ! Quelles injures et quelles invectives ! Que j’aie contre moi tous les grammairiens, si j’exagère!

Appelez cela, à votre choix, insanité ou folie, ce m’est indifférent, pourvu que vous m’accordiez que c’est par mes bienfaits que l’animal, de beaucoup le plus malheu­reux de tous, s’élève à une telle félicité qu’il refuserait de troquer son sort contre celui du roi de Perse.

B) Explication

1. Une critique virulente et sans détours de la pensée sophiste

L’éloge de la Folie critique les grammairiens, autrement dit les maîtres sophistes pour qui la grammaire et le langage sont à la base de la pensée. XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

Les sophistes, selon Erasme, se pensent supérieure au reste de la société. Ainsi Erasme dit qu’ils ont « l’illusion de se croire les premiers des hommes ». Cette vive critique fait référence au fait qu’ils sont persuadés que leur philosophie et leur pensée est la plus noble et que c’est elle qui doit être à la base de toute réflexion si celle-ci veut être pure.

2. Une critique virulente et sans détours du mode de vie des sophistes

Pour Erasme les Grammairiens, les sophistes, sont un groupe précis dans la société. Ainsi il utilise le mot « race » pour les désigner. Il introduit ainsi une certaine mise à distance entre sa nature, celle d’un humaniste, et leur nature, comme si ces deux groupes sociaux étaient fondamentalement différents en tout point, en commençant par leur origine. Erasme isole ainsi les sophistes par rapport au reste de la société. Erasme continue sa critique en affirmant que c’est justement cette « race » qui est « la plus calamiteuse, la plus affligée » autrement dit la plus morose et la plus néfaste, car elle s’inscrit dans un état d’esprit désastreux et qui ne peut que lui porter préjudice : « On les voit toujours faméliques et sordides ».

Les termes "Parmi leur troupeau d’écoliers" dialogue avec le fait que l'individu n'est absolument pas pris en compte. Les notions de masse et de groupe uniforme se substituent à celles d'identité, de personne. Cela est totalement contraire aux idées de la première moitié du XVIème siècle que défend Erasme et qui prônent une certaine individualisation axée sur l'homme lui-même. Les sophistes sont donc un groupe désindividualisé, assimilés à de manière péjorative des animaux avec le terme « troupeau », où semble régner la dépendance aveugle des uns envers les autres.

Erasme s’en prend ensuite à l’environnement dans lequel ils vivent : « On les voit toujours faméliques et sordides dans leur école; je dis leur école, je devrais dire leur séjour de tristesse, ou mieux encore leur galère ou leur chambre de tortures. » Le lieu où vivent les sophistes est décrit comme isolé et empreint de désespoir. L’école elle-même appelle à l’accablement. Erasmedécrit ainsi ce lieu comme une prison où les détenus méprisants sont habités par une profonde dépression.

A noter qu’en plus d’être, selon Erasme, constamment envahis par la tristesse, ils usent de leur autorité sur les étudiants: « Ah ! Qu’ils sont contents d’eux lorsqu’ils terrifient du regard et de la voix une classe tremblante, lorsqu’ils meurtrissent les malheu­reux enfants avec (…) le fouet». Cet abus de pouvoir leur fait les sentir important et leur donne l’impression de posséder un certain pouvoir, ce qu’il leur donne selon Erasme une pleine satisfaction. La phrase « ils s’abandonnent à toutes les formes de la colère! » montre également qu’ils n’ont aucune maîtrise sur leurs émotions, de leurs pulsions. Erasme critique d’ailleurs vivement cet aspect-là des sophistes en faisant notamment un parallèle avec la Renaissance qui prône le contrôle de esprit et de son corps à travers justement la connaissance de celui-ci que peut, en opposition à une éducation sophiste, apporter une éducation humaniste.

III) Le rapport entre « et « Gargantua » de Rabelais

A) L’éducation sophiste

1. Le mode d’éducation

Au Chapitre 14 Comment Gargantua fut instruit par un sophiste en lettres latines, à la page 143, on nous décrit comment le sophiste MaîtreThubal Holoferne a éduqué Gargantua, à la suite de la prise de conscience par Grandgousier de l’intelligence de son fils, suite aux propos torcheculatifs. Ce sophiste lui apprend l'abécédaire et à l'envers « un grand docteur sophiste, nommé Maître Thubal Holoferne, qui lui apprit si bien son abécédaire qu’il le récitait par cœur, à l’envers », lui fait étudier Grammaire de

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