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Histoire Du Cinema

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se développer, s’appuyant, entre autres au Danemark, en France et en Italie, sur la tradition nationale et la culture propre à chaque pays, afin d’imposer son univers.

Tout commence en 1895, quand, au milieu de nombreuses autres inventions, deux ingénieux bricoleurs, nommés Auguste et Louis Lumière, mettent au point leur cinématographe : un étrange appareil permettant d'enchaîner des images à une vitesse suffisante pour leur donner vie. Se doutent-ils, le 28 décembre, au grand café du boulevard des Capucines à Paris, lors de la toute première projection, qu'ils faisaient naître ce que l'on désignera plus tard comme la septième forme de la création artistique? Toujours est-il qu'en ce début d'hiver, les curieux qui s'aventurent à payer 1 franc, pour voir 10 films d'une minute environ chacun, sont rares et l'on ne compte pas plus de deux spectateurs par séance. Pourtant, dès le lendemain, sans qu'aucune publicité ne soit faite, à croire que le bouche à oreille a bien fonctionné, de plus en plus de monde, intrigué par cette petite révolution, se presse aux portes de la salle obscure improvisée. Ainsi, au fur et à mesure que se déroulent les bobines de l’Arroseur arrosé, l'Arrivée d'un train en gare de la Ciotat ou la Sortie des usines Lumière, films qui ne durent guère plus de deux minutes, les yeux émerveillés assistent aux véritables prémices du grand écran.

Parmi le public, sans cesse plus nombreux chaque jour, le directeur du théâtre "Robert Houdin", Georges Méliès, souhaite acheter cette trouvaille Le Voyage dans la Lune, de Georges Méliès (1902)qui l'a enthousiasmé; malheureusement pour lui, les deux frères pionniers refusent. Il décide alors d'organiser, dans sa propre villa, le tout premier studio de cinéma, dans lequel, guidé par son imagination, il passe de longues heures à concevoir les différents truquages qu'il est possible de réaliser avec une caméra. Et tandis qu'il met en scène des univers insolites, comme Vingt Mille lieues sous les mers ou le Voyage dans la lune, le tandem Lumière, lui, s’attache à relater, par de brefs documentaires et reportages, l’atmosphère de cette fin de siècle. Méliès invente le ralenti, l'accéléré, le fondu, la surimpression, et fait vivre ses décors devant un oeil de métal immobile ; les deux frères, quant à eux, utilisent le travelling pour déplacer leurs objectifs au rythme de la réalité. Les deux familles principales de ce nouvel art viennent de prendre forme, dans les mains d'artisans inspirés. Mais en 1900, les frères Lumière, ayant renoncé à l'exploitation de leur invention, se retirent de l'affiche pour retourner à leur premier amour, la photographie.

Deux ans plus tard, alors que Georges Méliès, le précurseur de la science-fiction, continue à présenter ses Programme du cinéma Omnia-Pathé, à Paris voyages féeriques, voici que l'on inaugure, à Vincennes, les studios d'un certain Charles Pathé, qui a pour ambition de faire découvrir le cinéma au grand public. Pour cela, il va, épaulé par Ferdinand Zecca, réaliser et produire des films dont il tirera le plus grand nombre de copies possibles, afin de les projeter dans les fêtes foraines. Ces courts métrages, au budget minimum, tel que les Méfaits de l’alcoolisme, sont bouclés en un temps record, et ressemblent quelquefois, de manière un peu trop explicite, à des créations de Méliès. Mais le nouveau cinéaste et son compère tournent aussi, avec un zest de provocation, Passion puis Vie de Jésus, que le pape Pie X condamnera, et, dans un autre registre, Soubrettes indiscrètes ou bien encore Flirts en chemin de fer, dont les sœurs jumelles des bobines originales voyageront dans le monde entier.

Aux États-Unis, les balbutiements du septième art sont plus mouvementés qu'en France. En effet, dès 1897, George Eastman (industriel américain ; 1854-1932) et Thomas Edison (inventeur américain ; 1847-1931) Edison intente plusieurs procès à tous ses concurrents dans le but d'être le seul à posséder le brevet d'un appareil dérivé du cinématographe, le kinétoscope, dont il se prétend le père. Face à ces différentes attaques, le représentant de Lumière en Amérique se voit contraint de quitter clandestinement le pays à bord d'un transatlantique, et peu de temps après, l'invention des deux frères français est confisquée. Durant ces événements, quelques aventuriers, dont William Fox, un teinturier reconverti dans le cirque, Adolphe Zukor, un marchand de fourrures, et Warner, quatre frères réparateurs de bicyclettes, se lancent dans la production de films. En s’appuyant sur une démarche identique à celle d'un businessman accompli, ils créent les Nickel Odéons, et en moins d'un an, parsèment le paysage américain de salles de projection au confort sommaire mais au tarif imbattable.

C'est grâce à ce projet d'envergure que le public découvre, dès 1902, de nombreuses copies des bandesThe Great Train Robbery, de Edwin S. Porter (1903) Pathé importées de France, ainsi que plusieurs courts métrages réunissant des acteurs d'Europe de l'Est, ne connaissant pas la langue anglaise, et pour qui le cinéma, encore muet à cette époque, était une aubaine. Puis, en 1903, le premier western de l'histoire, The Great Train Robbery, du réalisateur Edwin S. Porter, prend d’assaut les écrans. Mais le premier grand événement marquant du cinéma américain se déroule en 1914, lorsque David W. Griffith, inspiré par le roman de Dixon, The Clansman, termine Naissance d'une nation, dont le tournage, pour lequel il eut du mal à trouver des financements, dura plus de quatre mois. Évoquant la vie d'une famille sudiste après la guerre de Sécession, le scénario prend, avec un racisme certain, partie pour le Sud, ce qui crée des émeutes, et amasse les foules dans les salles. Outre son incontestable réussite commerciale, ce film signe le début de l'hégémonie des mises en scène supérieures à 80 minutes, appelées aussi longs métrages.

Parallèlement à cette évolution prometteuse, la guerre des brevets continue, pour ne s'achever qu'à la fin de Naissance d'une nation, de David W.Griffith (1914) l'année 1908, lorsque Edison décide d'accorder, moyennant 150 mille dollars par an, une totale liberté d'action aux dix plus puissantes maisons de production. Les ambitieux fondateurs des Nickel Odéons choisissent alors de se tourner vers les producteurs indépendants, que l'on surnomme les hors-la-loi, pour alimenter en flots d'images vivantes leurs différentes salles. Or, cette démarche ne plaît pas à tout le monde, et les représailles ne se font pas attendre : plusieurs grandes entreprises cinématographiques lancent des commandos chargés de saccager les studios des indépendants. Face à ces actes de destruction, les hors-la-loi, qui n'ont plus d'autre choix que celui de fuir, s’installent dans un petit village de Californie, à une heure de la frontière mexicaine, Los Angeles. Là, les tournages sont encore rythmés par quelques péripéties, comme ce jour où, devant le studio d'un producteur indépendant, sont placés des cavaliers et un canon de la guerre de Sécession, afin de dissuader les vandales d'approcher.

Si aux États-Unis l'art a tendance à passer au second plan, l'Europe, elle, lui fait la part belle. Influencée par la richesse de l'art dramatique local, la production cinématographique danoise propose des films dont la plupart possèdent, et ce probablement pour la première fois dans l'histoire du septième art, une véritable ambition intellectuelle. Bien qu'ils n'aient pu s’appuyer que sur le langage des images, les cinéastes à l'origine de ces mises en scène se sont attachés à travailler la psychologie de leurs personnages, et peuvent, pour cela, être considérés comme les pionniers d'un genre à part entière, généralement appelé "film d'auteur", dont l'Europe est aujourd'hui, et depuis plusieurs décennies déjà, l'un des principaux foyers. Sur les écrans scandinaves, l'actrice la plus célèbre à cette époque est Asta Nielsen, qui joua entre autres dans l’Abîme, réalisé par Urban Gad en 1910, puis, deux ans plus tard, toujours sous la direction du même metteur en scène, elle apparaît dans la Danse de mort.

Au même moment, en France, le cinéma, autrefois destiné à la clientèle des foires et des fêtes foraines, s’installe peu à peu sur les boulevards, et, avec des films comme l’Assassinat du duc de Guise, réalisé par les comédiens et les auteurs de la Comédie-Française en 1908, il se montre sous un nouveau jour. C'est l'époque où, l'atmosphère étant propice à leur émergence, naissent des entreprises telles que Les Films d'art, créée par les frères Lafitte, et la Société Cinématographique des auteurs et gens de lettre, fondée par Charles Pathé. Au cours de ces années, les spectateurs découvrent, sur les écrans, Sarah Bernhardt interprétant, avec talent, la reine Elisabeth. Victorin Jasset, lui, continue à réaliser, en collaboration avec la maison de production Eclair, un film policier à épisodes intitulé les Exploits de Nick Carter. Quant à Léon Gaumont, il lance, à partir

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