Jean Marie Lepen
Recherche de Documents : Jean Marie Lepen. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresmique, social, démographique, anthropologique. Pour Lucien Febvre ou Marc Bloch par exemple, initiateurs de l’école des annales, les faits ne nous donnent ni raison ni tort, ils sont les éléments indispensables d’une histoire qui n’est pas globale comme le pensaient les philosophes de l’histoire au XIX siècle. Si l’histoire des faits relève de la raison, ce n’est pas au sens d’une reproduction possible de leur multiplicité en les ordonnant selon des lois et des déterminations logiques.
L’interprétation des faits
Les lois de la science sont des rapports constants entre des phénomènes, ce qui signifierait que l’on puisse ordonner les faits selon ces « longues chaînes de raison » dont parle Descartes à propos de la connaissance. Or il existe une subjectivité irréductible de l’homme qui étudie les faits : journalistes, historiens, hommes du commun, aucun n’échappe à l’interprétation du réel et sa part d’arbitraire. Il suffit de lire n’importe quel rapport d’événement pour le constater : les points de vue divergent. Avoir raison contre les faits apparaît alors comme une sorte de justification idéologique du présent et cela diffère selon les idéologies. Du rapport des faits à l’histoire, l’écart est le même que du rapport des faits à notre raison.
Le relativisme des opinions
Jusque ici on a essayé de prendre le mot raison au sens propre pour montrer la difficulté de rendre raison des faits, c’est-à-dire de les juger de manière objective, de les connaître. Or, avoir raison signifie donner tort aux faits ce qui est improbable car les faits arrivent, indépendamment de notre volonté et de notre jugement. Avoir raison, en ce sens, signifie faire triompher son opinion, la vérifier par des faits ou invalider nos prédictions en montrant que ce qui arrive nous donne tort… On ne peut pas réduire l’histoire à un tel relativisme qui la rangerait parmi les simples opinions. Il faut distinguer les faits des passions individuelles, des jugements préconçus, non démontrés, et hâtifs qui prétendent juger par des opinions une réalité complexe.
Conclusion
Les faits au sens des phénomènes naturels sont indépendants de notre raison : ils arrivent, ils ne demandent aucune justification de la part de l’homme. Cependant, tout se passe comme si ce dernier ne pouvait pas s’empêcher de juger, de peser, de mesurer, de donner du sens aux faits. Lorsqu’ils concernent ses propres actions, l’homme mesure la justesse de ses propres interprétations et confond la connaissance rationnelle, objective et le fait d’avoir raison c’est-à-dire d’avoir une opinion. Il est alors conforté dans le relativisme et l’arbitraire de sa propre opinion en croyant à tort rendre raison des faits.
Et vous, qu’avez-vous fait ?
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.Mots-clés: Bac S – Philo 2011 – sujet 2 : Peut-on avoir raison
17 réponses à “Bac S – Corrigé Philo 2011 – Sujet 2 : Peut-on avoir raison contre les faits ?”
Loup Vaillant dit :
à
Je tombe de haut. Je croyais que le but était de répondre honnêtement à une question dont on suppose qu’elle a été posée honnêtement. Si je procède de cette manière pour ce sujet précis, cela donne:
« Strictement, la question n’a pas de sens. On a raison (ou tort) contre une personne concernant une divergence particulière d’opinion, pas contre un fait. La seule interprétation plausible de cette question est donc « Peut-on tenir une opinion à la fois vraie et contraire aux faits (c’est à dire fausse) ? ». La réponse est évidement non. Nous ne pouvons avoir raison contre les faits. »
Je vous laisse imaginer la note que l’on m’aurait donné…
(La question morale a également été soulevée, mais je la considère hors-sujet: ce sujet ne soulève aucune considération morale que ce soit. D’abord, un fait ne suggère pas par lui-même une morale. Avoir raison contre une absence de suggestion n’a pas de sens. Ensuite on peut avoir raison de se *révolter* contre les faits (esclavage, guerre, famine…), mais la question parlait d’avoir raison contre les faits, point.)
En comparaison, cette bouillie qui sert de corrigé ne répond même pas à la question ! L’introduction est inintelligible, et une bonne partie du reste est à peu près hors sujet. (Je vous passe l’analyse détaillée, qui risque fort d’être illégale tant elle serait virulente.) La conclusion fait mieux, en suggérant à demi-mots que la question n’a pas de sens. Mais si tel est le cas, autant le dire clairement.
(Mme Hansen-Löve fait beaucoup mieux dans son commentaire vidéo. Elle se montre un peu confuse, notamment lorsqu’elle parle de morale, mais au moins elle est intelligible, et tente réellement de répondre à la question.)
Du coup j’en reviens à ma supposition de départ: ce corrigé montre clairement que le but n’est pas, mais alors pas du tout, de répondre honnêtement à une question posée honnêtement (ou alors il mérite la bulle). Vu le résultat, je dirais que le but est d’écrire des phrases impressionnantes qui reprennent les mots présents dans la question, en démontrant au passage une connaissance des écrits de philosophes morts depuis des siècles. Si c’est bien le cas, il est urgent de réformer la philosophie au lycée aussi profondément qu’une abolition pure et simple.
Voilà. Je sais qu’il est mal vu de contredire l’autorité, surtout de manière aussi brutale. Simplement ce corrigé m’a mis en colère, il fallait que je le crie sur les toits.
Adrien dit :
à
Problème: tout ce corrigé parle de l’histoire … qui n’est pas au programme de TS.
le titillant dit :
à
Je trouve les corrections du professeur d’Avignon floues, presque obscures, cad sans problématique claire qui peinent à trouver l’idée qui emmène le paradoxe (inclus dans le sujet) vers un dénouement dialectique. Heureusement qu’il y a le commentaire oral, clair, lumineux, de Mme Hanson-Love, commentaire argumenté, riche, souple, subtil avec auteurs à l’appui, qui réconcilie avec la problématique philosophique.!!! et avec la philosophie tout court.
Gérald dit :
à
Et bè…
« Avoir raison c’est soutenir une opinion ».
Là, il n’y a plus qu’à tirer l’échelle.
mamadou dit :
à
anthony j’ai fait comme toi mais je pense que c pas si mal lol (j’espère)
df dit :
à
Ecarter d’emblée la question morale, pour en faire un simple problématique liée à la connaissance, n’est pas la seule lecture possible de ce sujet. L’opposition entre faits et valeurs pouvait, de mon point de vue être traitée dans une copie. Mais je conçois que c’est alors plus complexe.
Un ex-prof de philo
Vincent dit :
à
J’ai fait un plan sensiblement identique à celui de teyss 31, le voici:
1) Les faits constituent le pilier de l’Histoire, des sciences et de la juridiction par exemple, sans eux, la plupart de nos connaissances s’effondreraient.
2) Il peut y avoir eu une mauvaise enonciation des faits: Troubles de la perception, désir de ne pas relater les faits réels pour servir ses propres intérêts (Dictatures, cf 1984 d’orwell)
3) On peut trouver des domaines tels que l’art et la religion, où la vérité et les faits ne sont pas forcément corrélés aussi intimement que dans les autres disciplines évoquées.
Anthony dit :
à
Bonjour. Alors voilà, j’ai peur d’avoir fais un hors sujet total. Pour moi « avoir raison » relevait d’une question de vérité et non de raison à l’état pur. Ce qui fait que j’ai problèmatiser mon sujet de façon à répondre à la question « La vérité est-elle absolue? » Pour moi avoir raison c’est dire la vérité c’est à dire le discour en adéquation avec les faits. Et donc avoir raison contre les faits aurait signifié que les faits soient changeant non? Donc mon plan a été le suivant:
I: Vérité relative
A: Point de vue des sophistes, la vérité est ce qu’on veut qu’elle soit
B: Multiplicité des philosophie, Epicure, Aristote, Socrate, etc.
C: Vérité relative revient à accepter tout et n’importe quoi -> Impossible.
II: Point de vue sceptique, on ne peut pas savoir.
III: Vérité absolue mais
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