La Vie Anterieure

sé de façon symétrique et harmonieuse. Par ailleurs, l’écrivain introduit le champ lexical de l’ampleur avec les termes « grandes » (v.3) et « vastes » (v.1). Certes l’ordre dominant dans ce poème induit que le poète est un homme de connaissance et la période antique le reflet de l’harmonie recherché par l’auteur mais il n’en est pas moins que celui-ci nous peint un paysage exotique onirique caractéristique de l’Idéal. En effet, il utilise de nombreuses couleurs vives et resplendissantes pour décrire le lieu telles que « l’azur » (v.10) symbole de la fraîcheur et de l’eau, « couleurs du couchant » (v.8) orangées dynamiques et chaleureuses. Enfin, « esclaves nus » (v.11) renvoie au tropique et également à l’antiquité.

Ainsi, le lieu que nous présente Baudelaire incarne la perfection mais pour lui, la félicité et l’excellence ne peuvent exister sans le malheur.

En second plan, ce poème qui évoque un monde aux apparences idylliques cache une face obscure et empreinte de disfonctionnements. D’abord, la focalisation sur les rimes des deux tercets montre que l'équilibre est brisé. En effet, l'alternance des rimes est incorrecte car en temps normal, la règle exige que la rime des deux tercets soit composée de deux plates et de quatre croisées. Dans « La vie antérieure » Baudelaire fait le contraire concluant par un « secret douloureux » qui le fait « languir » (vers 14). Malgré l’univers qui l’entoure, l’auteur est épris d’un malaise et de tristesse caractéristiques du Spleen lorsqu’il retourne à la réalité. Ainsi l’équilibre est brisé par la construction des tercets mais l’auteur prend également conscience que ce songe fuit. C’est cette prise de conscience douloureuse qui est reprise par la rime stridente en « ir ». Le son aigu s’apparente à un cri de désespoir qui traduit la douleur que ressent l’écrivain. L’auteur retourne donc peu à peu à la réalité et d’autre part le titre permet d’exprimer les croyances de celui-ci quand à l’âme. En effet, Baudelaire croit en la réincarnation de l’âme en plusieurs corps. D’après lui celles-ci aurait donc différentes vies d’où le titre « la Vie antérieure ». D’où l’usage du passé composé « j’ai longtemps habité » (v.1), « c’est là que j’ai vécu » (v.9) et autres imparfaits qui évoquent une action passée.

L’Idéal baudelairien passe donc par la Beauté des paysages, l’ordre et l’organisation harmonieuse. Cependant ce tableau aboutit à un retour au Spleen, à la souffrance qui semble être une fatalité lié à la félicité. Ainsi, ce poème révèle la complexité de l’esprit de Baudelaire qui est en perpétuelle dualité. On pourrait établir un lien entre ce poème et « le mythe de la caverne » écrit au Ve siècle avant JC par Platon et duquel Baudelaire s’est inspiré.