La séduction / Dom Juan
Fiche : La séduction / Dom Juan. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar toshiro • 21 Novembre 2021 • Fiche • 3 028 Mots (13 Pages) • 455 Vues
La séduction
1 - Introduction : définition.
La différence entre la passion et la séduction, c’est que dans la passion, les deux
individus sont égaux. Dans la séduction, il y a un chasseur et la proie. Séduire est synonyme
de tromper, manipuler. C’est le processus par lequel un individu attire une personne en vue d’en
obtenir quelque chose. Le séducteur existe à tous les niveaux de la société, pas seulement
amoureusement. Le charme, la flatterie, le raisonnement.. Le séducteur manie la rhétorique. Ce
n’est pas un dragueur, c’est un artiste : à la fois un comédien et un metteur en scène. La
séduction est exactement l’inverse du coup de foudre, c’est une stratégie dans laquelle le
séducteur emprisonne sa proie.
La séduction est un jeu qui nécessite beaucoup de subtilité pour arriver à rentrer dans le monde
de quelqu’un pour le convaincre. Le séducteur est étranger à tout sentiment : il fait semblant. Il
est dangereux, car il avance masqué et n’avoue jamais qu’il est dans un jeu. D’un point de vue
religieux, la séduction renvoie à la tentation, à savoir que le tentateur c’est le diable ou le
serpent.
La séduction n’est pas toujours négative. C’est ce qui pousse les relations sociales.
2 - Don Juan.
A - Contextualisation.
(Peinture de « Don Juan of Austria » d’un peintre de court du 16ème siècle. - www.nobility.org)
Le mythe de Don Juan est né de Tirso de Molina en 1630 et
s’appelle «El Burlador de Sevilla ». Burlador signifie abuseur en
espagnol.
Contexte historique : l’année 1630 correspond à la fin du Siècle
d’or (siècle durant lequel l’Espagne était à la tête du monde) en
Espagne. L’amorce de déclin à la suite de la prise de pouvoir par
Philipe 4 met le pays en difficulté.
Contexte religieux : c’est une guerre de religion entre les
protestants et les catholiques. Dans ces querelles, on observe
2 concepts : la Grace suffisante (catholiques) et la Grace
efficace (protestants). Rien de mal n’arrive que Dieu n’ait permis,
et rien de bien n’arrive que dieu n’ait voulu. Les catholiques
croient au repentir tardif tandis que les protestants croient à
la prédestination.
B - L’origine de Don Juan.
Don Juan vient d’un fait divers. C’est l’histoire d’un homme appelé Don Juan de Tenorio
qui est un noble sans moralité et sans respect envers les dieux, l’autorité, et les valeurs de son
époque. Il a une conduite scandaleuse et va commettre une faute de trop en enlevant une fille
d’un couvent, lui promettre le mariage, coucher avec elle puis enfin l’abandonner. Les moines,
outrés par cet acte, vont vouloir punir exemplairement et publiquement Don Juan pour
l’humilier. Ils le tuent et racontent qu’ils ont vu une armée de diable entrainant Don Juan
dans les flammes de l’enfer.
C - La version de Tirso De Molina (1630).
(Tirso de Molina - www.wikipédia.org)
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Dans l’histoire de Tirso De Molina, on retrouve du tragique et
du comique. Don Juan est un fléau pour les femmes qui a
quelque chose de violent. Il y existe une dimension sadique et
une dimension hypocrite. Ici, le valet s’appelle Catilinon et
permet de mettre en valeur le discours du personnage principal.
Don Juan est condamné à fuir face à tout ses ennemis. Il tue le
père d’une femme (Donia) qui est commandeur. Les frères de
Donia le poursuivent le forçant à se cacher dans une forêt avec
Catilinon. Il y rencontre le tombeau du commandeur dont il se
moque de la statue. Catilinon lui prie de ne pas insulter les morts.
Don Juan propose à la statue de dîner ensemble, ce à quoi elle
prend vie et accepte. Il se rend au diner, puis sert la main de la
statue qui lui la brule. Don Juan s’excuse et crie qu’il se repent. Il
demande son confesseur, mais rien ne se passe. Il ne sera pas
sauvé mais emmené dans les profondeurs de la Terre. Tirso De Molina nous montre que le
repentir tardif est impossible et ne renvoie pas à une religion solide.
C’est un révélateur de la crise morale de la société espagnole de cette époque. La
réforme a scindé la société en deux. Le commandeur apparaît comme le bras armé de Dieu, de
l’église. La constance amoureuse de Don Juan est un élément parmi d’autres tandis que ses
fautes contre Dieu sont impardonnables. Tirso De Molina critique l’incitation des catholiques
au repentir tardif, mais s’attaque aussi à la prédestination des protestants. Il montre que Don
Juan spécule sur l’indulgence du ciel, et qui, d’un autre côté, utilise son libre-arbitre. Don Juan
choisit le mal, et Tirso De Molina nous montre qu’il doit assumer ce choix jusqu’au bout.
D - La version de Molière (1665).
(Molière - www.education.francetv.fr)
35 ans après, Molière reprend le mythe et la
France est leader du monde. Il dépeint Don
Juan non plus comme un blasphémateur, mais
comme un courtisan français avec toute la
charge critique que cela implique. Il nous dépeint
l’hypocrisie de cette cour, du courtisan qui lèche
les pieds du roi. Le changement s’est opéré entre
le Don Juan violent et blasphémateur à quelqu’un
de libre-penseur, philosophe. Le scandale de sa
conduite se situe sur sa réflexion sur la société
et celle de la manipulation machiavélique des
courtisans. Sganarelle, le valet, permet à Don Juan de développer un argumentaire
philosophique et de mettre en valeur ses réflexions.
On y retrouve 3 aspects : l’inconstance amoureuse, un homme non croyant guidé par la
raison et l’éloge de l’hypocrisie. Ce Don Juan est complet. Son hypocrisie lui permet de
cacher son immoralité. Le paradoxe, c’est qu’il joue l’hypocrite pour être libre, faire ce qu’il veut.
La fin de la version de Molière est grandiose : il ne veut pas se repentir. Il est assez audacieux
et courageux d’assumer ses opinions et les conséquences de ses actes. Il donne sa main à
l’enfer.
E - La version de Mozart, 120 ans plus tard (1787).
(Mozart - www.wikipédia.org)
Le contexte : naissance de l‘écriture libertine et de la musique. Dans ce nouveau mythe,
Don Juan va renoncer à la religion et à la philosophie. Il y existe une dynamique qui se
concentre sur la musique, et le thème de l’amour. Il y a une préférence pour l’action et le
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divertissement plutôt que pour le discours et le jugement moral. Les
femmes obtiennent une épaisseur : elles sont parfois consentantes
et
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