Le Lombric De Roubaud

aré=langagières » ; comparant=denrée ; point de comparaison=récolte)

4) Le rôle du poète

Le poète est explicitement comparé au ver de terre v.9. Dans les deux premiers quatrains, la comparaison est annoncée par la personnification du ver de terre : « se réveille » ; « bâille » ; « avec conscience » (humour de la personnification.).

Le poète est donc celui qui travaille sur les mots d’où l’importance du champ lexical du langage dans les deux tercets : « mots » ; « paroles ». Il travaille sur les mots comme le ver de terre ; série de verbe d’action v.4-5 « il mâche, digère, fore » ; « il travaille, il laboure ».

Le premier travail du poète est de retourner le sens des mots, de lui trouver d’autres sens. Le ver de terre aère, le langage est aéré. V.8-13 « l’air qu’il lui apporte » ; v.14 « le monde étoufferait ». On leurs donne d’avantages de sens, d’impact, d’éclat. Le poète ingère et digère : transformation des mots. Il s’approprie les mots et les transforment. Il va faire vivre la terre, le monde, en ingérant et digérant les mots.

Le poète a donc un rôle à jouer auprès des hommes et du monde. Les hommes épuisent le langage, le font mourir : « paroles mortes »v.14 au risque de mener le monde à sa perte : « le monde étoufferait ». Le poète ainsi travaille à renouveler le langage et à lui donner vie.

II. Le poète au travail dans son poème

1) Le travail sur le sonnet

La fonction du poète est de renouveler le langage et, de façon plus générale, la poésie. Ce renouvellement se fait à trois niveaux :

- Renouvellement du sonnet

- Renouvellement du topo

- Renouvellement de l’image du poète

Il est étonnant que le poète ait choisi un sonnet à forme fixe pour travailler sur le renouvellement poétique : 2 quatrains ; 2 tercets ; rimes embrassées (mais rimes féminines/masculines v.2-3). V.11-13 : 13 syllabes ; majuscules toujours présentes.

Le renouvellement d’un thème

Topos = thème habituel, repris par plusieurs écrivains : ici le thème de la fonction du poète.

Le lombric

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Comme Baudelaire avec son poème « L’Albatros », Roubaud compare le poète à un animal (v.13 et 9 calqués sur le poème de Baudelaire). Mais l’image du lombric est opposée à celle de l’albatros. Grandeur de l’albatros ≠ petitesse du lombric (dévalorisation, image ridicule mais amusante) => Roubaud donne une image inverse volontairement.

Renouvelle l’image du ver de terre en effaçant les préjugés. Jeu de mots qui renouvelle le langage entre vers et ver. Allitérations redondantes en R dans tout le texte.

2) Une nouvelle image du poète

Pour Roubaud, le poète n’est pas un être maudit comme le disait Baudelaire, ni voyant (Rimbaud) ou visionnaire (Hugo). Pour Roubaud, c’est un artisan qui travaille de père en fils. Il ne s’agit pas de dévaloriser le poète mais de montrer qu’il peut s’apprendre (but pédagogique) et qu’être poète n’est pas réserver à un petit monde.

Conclusion

« Le lombric » développe de façon très simple et pédagogique un topo de la poésie : la fonction du poète. Son rôle est de travailler les mots pour renouveler un langage dramatiquement affadi par les hommes. Le poème nous donne en même temps à voir le travail le travail de l’écrivain sur son texte. Roubaud renouvelle en effet la forme fixe du sonnet et un topo classique avec un certain humour. Poète de l’Oulipo, il s’amuse avec les mots et le ver de terre est aussi le vers qui court sur