Un coupable idéal - Jean-Xavier de Lestrade (2001)

Un coupable idéal - Jean-Xavier de Lestrade (2001)

QUI ?

Jean-Xavier de Lestrade est un documentariste et réalisateur français né en 1963. Après des études de droit et de journalisme, il cofonde, avec son frère jumeau et deux autres collaborateurs, l’agence de presse Tribulations en 1987. Il devient finalement réalisateur indépendant en 1990. Son travail se concentre sur les sujets qui le passionnent tels que la mort, la violence sexuelle, la folie ou encore les dérapages de la mécanique judiciaire. À travers plus d’une vingtaine d'œuvres, il a su se faire remarquer notamment pour Un couple idéal, récompensé pour le meilleur documentaire à la cérémonie des Oscars en 2002, ou encore 3 x Manon, remarqué par la presse nationale et internationale.

QUAND ET OÙ ?

Pour la réalisation du documentaire Un coupable idéal ou Murder on a Sunday morning, Jean-Xavier de Lestrade mène son enquête entre octobre et novembre 2000 à Jacksonville, plus grande ville de l’État de Floride. Depuis 1999, les gouverneurs de Floride ont toujours été des républicains, mais cela n’a pas empêché, et n’empêche toujours pas, les tensions raciales.

QUOI ET POURQUOI ?

En septembre 2000, Jean-Xavier de Lestrade se rend à Jacksonville, en Floride, pour réaliser un documentaire sur l’inflation judiciaire produit par France 2. Alors que cela fait trois semaines qu’il s’y trouve, un homme du cabinet privé d’assurance, où il tente de trouver du contenu, lui propose de lui présenter un avocat commis d’office. Il lui garantit que ce dernier aura des histoires qui intéressent le réalisateur. Le lendemain, à 9h, Jean-Xavier de Lestrade est présent au tribunal pour assister à l’audience du fameux avocat commis d’office, Patrick McGuinness. Ce dernier défend Brenton Butler, 15 ans, accusé de meurtre d’une touriste après avoir tenté de lui voler son sac à main. Au cours de la plaidoirie, le prévenu va chercher du regard ses parents et, pendant un instant, va croiser celui de Jean-Xavier de Lestrade qui dira : “Ce film est né d’un regard croisé entre ce jeune garçon et moi, après ce regard ça me semblait impossible de ne pas faire un film sur cette histoire”. Persuadé de son innocence après cette demi-seconde et une discussion avec Patrick McGuinness durant laquelle il prend connaissance de tous les détails troublants de l’affaire, Jean-Xavier de Lestrade décide donc de changer de sujet pour son documentaire et débute le tournage d’Un coupable idéal.

COMMENT ?

Par chance pour Jean-Xavier de Lestrade, le juge a peur de ce procès : d’une part, parce que c’est son premier procès criminel, d’autre part, car il pense le prévenu coupable mais quelques détails restent flous. De ce fait, il accepte l’installation de deux caméras dans la salle, rassuré que le débat soit filmé, dont une avec un positionnement sensible, c’est-à-dire entre les jurés et le box des témoins.

Par ailleurs, on suit Patrick McGuinness et Ann Finnell, avocats du Public Defender Office (PDO) et, dans cette affaire, du prévenu, Brenton Butler. Connus pour s’investir entièrement dans leurs affaires, ils vont au-delà de leurs fonctions et mènent leur propre enquête. Ils retournent par exemple sur le lieu du crime, pour tenter de faire une reconstitution du meurtre, ou encore vont à la rencontre des parents de Brenton Butler pour retracer l’emploi du temps de l’adolescent du 7 mai 2000.

Un coupable idéal est, pour Jean-Xavier de Lestrade, l’aboutissement d’une réflexion sur la manière de filmer la justice. “J’ai voulu montrer de quelle manière cette machine institutionnelle qu’est la justice américaine peut broyer les gens à une vitesse phénoménale, parce que Brenton Butler a eu beaucoup de chances contrairement à beaucoup d’autres. Dans 95% des cas, les gens dans la même situation que lui, c’est-à-dire dans une affaire avec un témoin oculaire formelle