Cahier d'un retour au pays natal, Aimé Césaire
Commentaire de texte : Cahier d'un retour au pays natal, Aimé Césaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar xyla • 19 Mai 2024 • Commentaire de texte • 984 Mots (4 Pages) • 142 Vues
Cahier d’un retour au pays natal
Dans les premières lignes de l'extrait étudié, une parole éclate comme un cri vital, impossible à retenir. Dès le premier vers, la conjonction de coordination "et" est utilisée, signifiant une addition, une accumulation d'arguments ou d'actions. Cette conjonction est répétée de manière récurrente dans le texte, notamment en début de paragraphe, créant ainsi un déferlement d'idées, un martèlement musical qui rythme l'extrait, soulignant une accumulation d'idées et une opulence dans l'expression. La première strophe, qui constitue en réalité une seule phrase, est introduite par les présentatifs "voici" et "voilà", proposant une image avec une certaine brutalité, comme quelque chose d'indomptable, sensation renforcée par l'adverbe "soudain" et les verbes d'action tels que "m'assaillent" et "circonvient", soulignant ainsi le caractère incontrôlable de ce qui va être exprimé.
Le pronom "me" utilisé dans le premier vers, conjugué à la première personne, montre que l'auteur parle en son nom, exprimant ainsi un violent élan lyrique pour exprimer sa révolte. L'aspect vital de cette expression est renforcé par l'utilisation abondante du vocabulaire du corps humain dans cette première strophe, ainsi que par de nombreuses métaphores associant le pays et sa géographie à l'homme et au poète. Des termes tels que "vie", "onde de vie", "paupière du morne", "veines et veinules", "sang neuf", "l'énorme poumon des cyclones", "respire", "gigantesque pouls sismique qui bat", "corps vivant" illustrent cette fusion entre le poète et son pays, où les éléments naturels antillais représentent une force et une vigueur puissantes.
Les éléments naturels tels que les "cyclones", les tremblements de terre ("sismique"), l'"embrasement" et les "volcans" illustrent la puissance des éléments présents dans les îles antillaises, renforcée par des adjectifs épithètes tels que "énorme", "gigantesque" et "ferme". Cette vigueur est également accentuée par la comparaison avec un "taureau", animal puissant. La puissance et la force représentent une richesse, symbolisée par l'adjectif “thésaurisé". Le cri, exprimé en une seule phrase, est soutenu par un rythme et des sonorités travaillés, reflétant ainsi le travail poétique sonore et musical propre à l'œuvre étudiée. La présence de paranomases, avec des sonorités similaires comme "veines et veinules", ainsi qu'un lexique riche et étonnant, reflétant le créole mêlant vocabulaire français classique et langue créole, enrichissent encore davantage l'expression poétique.
Dans les lignes 6 à 14 de l'extrait, une voix résonne au nom de tous
opérant un glissement du singulier "je" ou "me" au pluriel "nous", renforçant ainsi l'idée que l'homme, le poète et son pays ne font qu'un, symbolisant une fusion entre l'auteur et son pays, mais également le peuple antillais, africain, voire l'humanité entière. L'incise "mon pays et moi" illustre cette alliance entre deux entités agissant de concert.
Le terme "debout", utilisé comme adverbe invariable, revient de manière récurrente dans l'ensemble du Cahier d'un retour, évoquant un soulèvement, une révolte, un passage à l'action. La verticalité symbolise la liberté, cette sensation étant renforcée par l'apposition "les cheveux dans le vent", s'opposant ainsi à l'esclavage. Le pays devient alors un personnage à part entière, personnifié.
L'utilisation de phrases telles que "ma petite main" et "son poing énorme" crée une antithèse et une personnification, soulignant l'individu appartenant à un ensemble plus fort, protecteur, prêt à agir collectivement. La notion de force, déjà évoquée dans le premier vers, dépasse le "nous", laissant présager une voix brutale, directe, sans concession.
Les vers 8 et 9 introduisent une proposition subordonnée relative qui complète l'antécédent "voix", décrivant une voix perçante, dérangeante, bouleversant le silence et l'ordre établi. L'utilisation d'allitérations et de sonorités explosives renforce l'aspect brutal et destructeur de cette voix.
La métaphore "vrille la nuit et l'audience" souligne le trajet de cette voix, partant d'Amérique centrale pour atteindre l'Europe, rappelant le parcours inverse des bateaux d'esclaves traversant l'océan. La personnification de la voix, déclarant "la voix prononce", lui confère une autonomie et une force propre.
Césaire dénonce la responsabilité de l'Europe, affirmant la durée du mensonge pendant des siècles. L'utilisation de termes péjoratifs et de sonorités similaires amplifie l'effet d'abondance, suggérant une implosion causée par des idées néfastes. Une série d'arguments est présentée, soulignant le message d'espoir que le monde peut changer.
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